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sais par hasard sur un chemin, je vis par terre une petite corde; la croyant bonne à quelque chose, je la pris et m'en allai : voilà la cause de mon malheur. >> Ses parens lui repartirent : « Jamais le vol d'une corde n'a conduit personne à un tel supplice. » Le voleur leur dit : « Il est vrai qu'au bout de la corde il y avait quelque chose. » On lui demanda ce que c'était; il leur répondit : « C'était seulement deux petits bœufs de labour. »

L'Amateur d'Antiquités.

Un homme riche était très-curieux d'objets antiques, sans savoir distinguer s'ils étaient vrais ou faux.

Un homme ayant imité une tasse vernissée du tems de l'empereur Cheun, le bâton foudroyant de Tcheou koung, et la natte sur laquelle Confucius s'asséyait dans le Hing-tang, il voulut les acheter, quoiqu'ils coûtassent chacun 1,000 taëls.

Quand son coffre fut vide, d'une main il prit la tasse vernissée du tems de l'empereur Cheun; de l'autre le bâton foudroyant de Tcheou -koung; mit sur ses épaules la natte de Confucius, et, réduit à demander l'aumône, il disait encore aux passans : « Messieurs, je vous en supplie, donnez-moi quelques pièces antiques de la monnaie frappée par Tai-koung. »

nençant cet article, j'éprouve un sentiment e je veux avant tout me hâter d'expliquer. i qu'une bonne traduction soit une conrable faite sur l'étranger, si même par la par la nouveauté de l'entreprise, elle peut e sorte de trophée élevée à la gloire litténation, nous devons éprouver quelques nous voir ainsi devancés dans cette carrière. s depuis long-tems en mesure de donner texte et une traduction du Bhagavadce travail eût manqué de quelques-unes és qui distinguent celui de M. Schlégel, aussi remarquable par son esprit que par ion, il eût au moins présenté l'avantage ble d'avoir été rédigé sous les yeux et avec s du savant maître dont M. Schlégel luins sa préface, s'honore d'avoir pris les le1. de Chézy, dont la modestie et la bonté lent les connaissances. Mais un grand obs

tacle a toujours en France arrêté nos efforts. Nous avons manqué et nous manquons encore de caractères sanscrits, et hors d'état de produire nous-mêmes, nous ne pouvons que juger les ouvrages des autres. C'est donc un rôle dont il faut nous contenter; et ce rôle est agréable à remplir quand on est appelé à prononcer sur le mérite d'un travail exécuté par M. Schlégel.

Quelques-uns de mes lecteurs étonnés de l'importance que l'on attache à ce nom de Bhagavad-Gita, qu'ils ont toujours entendu prononcer avec une révérence presque religieuse, peuvent désirer d'avoir quelques notions et sur l'auteur et sur l'ouvrage luimême. Parler de l'ouvrage est une chose bien difficile, parler de l'auteur est une chose presque impossible dans l'état actuel de nos connaissances. Je vais essayer de satisfaire, autant qu'il me sera permis, une curiosité bien légitime.

Le Bhagavad-Gita, ou chant divin, qu'on appelle quelquefois simplement le Gita, ou le chant par excellence, est un épisode extrait d'un poème épique indien, nommé Mahabharata. On célèbre les querelles et les exploits des descendans de Bharata, souverain de l'Inde. Telle est l'estime que l'on fait de cet ouvrage, que placé, dit-on, par les Richis dans une balance avec les quatre Vèdes, il fut trouvé plus pesant. Dans un passage de ce poème, il est rapporté que les Vèdes et les Sastra, ou livres sacrés, étaient devenus tellement rares qu'on les croyait perdus depuis long-tems. On dit même qu'ils n'existaient plus

que par tradition. Un poète, un savant Mouni ou solitaire, qui passait pour fils de Djeimini, rassembla ces ouvrages, restitua les Vèdes, compila les Pourana ou anciennes chroniques poétiques, et fut lui-même l'auteur ou du moins l'éditeur du Mahabharata, et par conséquent du Bhagavad-Gita, qui depuis a été compris parmi les Oupanichat, espèce de livres canoniques chez les Indiens, Il n'a pas voulu que la postérité ignorât son nom, et d'une manière bizarre que nous remarquerons dans l'analyse du 10° chapitre de ce dernier poème, il nous apprend qu'il s'appelait Vyása. M. Halhed attribue cet ouvrage à un auteur qu'il nomme Adhac-Doum. Ce nom me paraît un peu suspect, et je m'en tiens à la version la plus commune, qui nous a transmis les noms et prénoms de Crichna Dwipayana Vyása. On dit même que ce dernier nom ne lui aurait été donné que comme synonyme de compilateur.

Incertains déjà sur le nom de l'auteur, nous le sommes encore plus sur le siècle où il a vécu. Nous avons des monumens de son esprit, nous les savons fort anciens, mais ils sont muets, quand nous les interrogeons sur leur antiquité. Les enthousiastes ne donnent pas à cet ouvrage moins de quatre mille ans d'existence : ce serait un bel âge s'il était possible de le prouver. Cependant, par un raisonnement assez plausible, on parvient à le faire remonter à mille ans au moins avant notre ère : ce qui le rendrait encore assez vénérable. C'est au lecteur à apprécier toute la force de cet argument. On sait que le neuvième ava

tar, ou incarnation de Vichnou, est celui de Bouddha, et l'apparition de Bouddha se place en effet mille ans à peu près avant J.-C. Or, dans ces poèmes, où Crichna, le huitième avatar, est l'acteur principal, on ne trouve pas la plus petite allusion à Bouddha. La conséquence naturelle que l'on tire, est que ces livres sont antérieurs à la neuvième incarnation. Ce qui pourrait appuyer cette conjecture, c'est qu'en fait d'allusions les Indiens sont très-peu clairvoyans, et c'est M. Wilkins qui le premier leur a fait remarquer que dans leur quatrième Vède, qu'ils disaient aussi ancien que les trois premiers, il était question de Crichna, auquel par conséquent il doit être postérieur. Mais d'un autre côté il faudrait aussi accorder aux amateurs des tems anciens que la doctrine des Bouddhistes qui, selon quelques-uns, n'a été introduite dans l'Inde que vers le II° siècle de notre ère, y était connue bien antérieurement, soit par les anathêmes lancés par les Brahmanes contre des principes étrangers, soit par l'accession de quelques-uns d'entre ` eux à ces innovations. Ce qu'il y a de certain, c'est que la lecture même de cet ouvrage prouve une civilisation déjà fort avancée. On y voit clairement l'existence de plusieurs systèmes philosophiques, la lutte établie depuis long-tems entre le théisme et l'impiété, entre les unitaires et les idolâtres, entre le spiritualisme et le matérialisme grossier. Que d'années, que dis-je ? que de siècles il a fallu, et l'histoire des autres peuples en fait foi, pour que de pareilles idées pussent germer et se développer chez une nation! De

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