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étranger à la rédaction des Mémoires publiés par cette savante compagnie. Plus tard, il se borna à composer des Notices et des Extraits pour la collection qui porte ce titre, mais depuis plusieurs années il était presque entièrement revenu à son travail favori, qui consistait à publier des voyages en Asie, avec des additions tirées d'une manière plus ou moins directe des auteurs orientaux. La seule liste de ceux qu'il a donnés de cette manière occuperait plus de place que nous ne pouvons en consacrer à cette Note : il suffira de nommer Thunberg, Pallas, Norden, Forster et Chardin, pour rappeler d'utiles entreprises formées avec un zèle louable, et poursuivies avec une infatigable activité. Nous aimons mieux indiquer les vues qui l'ont dirigé dans ses recherches, que d'allonger cet article par une stérile nomenclature de ses ouvrages qui sont très-connus, et dont il a lui-même donné des catalogues détaillés et fort exacts. Nous ne pouvons, par la même raison, parcourir les innombrables opuscules qu'il a donnés sous le titre favori de notices, à divers recueils périodiques et notamment au Magasin encyclopédique. Presque tous ont été tirés à part, et la collection qu'on en pourrait faire ne serait pas sans intérêt pour l'histoire littéraire, car pendant trente ans il ne s'est pas passé un seul événement en Asie, il n'y a pas eu, en Europe, de circonstance propre à rappeler quelque chose de relatif à l'Orient, qui n'aient été, pour M. Langlès, le sujet ou l'occasion de quelque publication. Cette persévérance et le bon accueil qu'obtenaient de lui

presque

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Orientaliste, sous lequel quelques perent à confondre ceux qui étudient les Asie, et ceux qui cherchent à approfondir cette partie du monde, ce nom aurait pour M. Langlès, tant il exprimait bien les habitudes de son esprit. Cette dispofourni les moyens de publier de nombreux eux ouvrages; parmi les plus remarquables, de citer les deux premiers volumes des de l'Académie de Calcutta, pour lesquels gé une foule d'additions, et les Monumens ustan, ouvrage dont les planches reproduiune dimension qui en rend le prix plus gét accessible, ce qu'il y a de plus important de Daniels. Le texte qu'il y a joint, comme ses autres ouvrages, contient de nombreux 'ouvrages anglais publiés dans l'Inde, qu'il presque seul sur le Continent, et auxquels

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par fois trop de confiance. L'opinion d'un qui avait doublé le cap de Bonne-Espérance, t qu'il avait tiré avec peine d'un manuscrit , exerçait une sorte d'empire sur son imagifaisait quelquefois violence à sa critique;

de là sont nées des opinions hasardées et des contradictions qui ont pu inspirer de la défiance aux esprits difficiles. La connaissance des langues, même les plus éloignées et les plus difficiles, n'a rien en soi de bien précieux; elle ne vaut que par ce qu'on en tire: sous ce rapport on doit rendre justice à M. Langlès, s'il était trop souvent préoccupé de l'idée qu'on acquiert un haut mérite, en sachant même médiocrement un grand nombre d'idiomes, il a toujours dirigé l'étude de ceux qu'il avait réellement appris vers les objets d'utilité, Il s'est peu arrêté à ces minuties philologiques, ou à ces bagatelles poétiques, qui exigent à la vérité des connaissances profondes, mais qui sont peu propres à en faire sentir le prix, et qui décréditeraient peutêtre les études orientales, si de bons esprits ne se chargeaient du soin de rappeler au public qu'elles peuvent conduire à autre chose. C'était surtout l'histoire et la géographie qui sollicitaient la curiosité de M. Langlès, et ce sont ces sciences aussi qui lui ont eu le plus d'obligation; il a, si l'on veut, entrepris plus qu'il ne pouvait faire, il a formé des systèmes, émis même des erreurs, mais il a abordé des questions graves, provoqué des discussions utiles, et ceux qui le réfuteront lui seront quelquefois redevables des connaissances mêmes qu'ils employeront à cet usage. Il a réuni beaucoup d'idées, mis en circulation un grand nombre de renseignemens, publié, traduit, extrait une foule de livres, fait graver de nouveaux types, appelé par sa prédication, de nombreux partisans à Fétude des langues orientales. Bien des savans plus

profonds dans leurs études n'ont pas laissé d'aussi grands résultats de leurs veilles; c'en est assez pour lui conserver une partie de la renommée qu'il avait acquise; la critique provoquée par de vaines exagérations, et qui, de son vivant, s'était chargée de lui en contester une partie, doit, si elle est guidée par un esprit de justice, lui laisser l'autre, qui n'est point usurpée. M. Langlès n'était pas membre de la Société Asiatique, dont il semblait qu'il aurait dû voir la naissance avec plaisir, et encourager les premiers fondateurs. Il ne laissa pas de contribuer, autant que cela lui fut possible, à la perfection de l'un des travaux que le conseil avait entrepris. Cette double circonstance autorise le tribut que nous payons à sa mémoire, sans nous imposer d'autre règle que l'amour de la vérité. Un plus éclatant hommage lui sera rendu dans le sein de l'Académie, et peut-être aussi dans les Sociétés Asiatiques de Calcutta et de Londres, qui avaient inscrit son nom sur la liste de leurs membres honoraires; ce serait un autre hommage digne de lui, que de conserver à la France la précieuse bibliothèque qu'il avait réunie, et dont il laissait, dit-on, la pleine et entière disposition à ses amis. Cette collection formée avec des sacrifices pécuniaires continués pendant de longues années, et enrichie des ouvrages d'un grand nombre de savans français et étrangers, contient, non-seulement des livres rares, mais des réu→ nions plus rares encore de livres choisis dans l'intérêt d'un seul genre d'étude, et dont la dispersion diminuerait beaucoup le prix. A, R.

Supplément à la Notice de M. DE HAMMER, sur l'Introduction à la connaissance de l'Histoire, célèbre ouvrage arabe d'IBN-KHALEDOUN (1).

La bibliothèque du roi possède un très-bon manuscrit des prolégomènes historiques d'Ibn-Khaledoun ou de la première partie de son ouvrage. J'ai été dans le cas de le consulter et j'ai vu qu'outre les cinq livres que M. de Hammer a fait connaître, ce manuscrit en contient un sixième qui forme environ les deux cinquièmes du volume: car le manuscrit a en tout 250 feuillets, et la sixième partie commence au feuillet 160. Comme j'ai pensé que les lecteurs du Journal Asiatique seraient bien aises de connaître les titres des divisions de ce dernier livre, je vais en donner ici la traduction :

LIVRE SIXIÈME ( de la première partie ).

Des sciences et de leurs différentes espèces, de la manière de les apprendre et de ce qui s'oppose à ce qu'on les cultive.

Chapitre 1. De la faculté cogitative dans l'homme; la réflexion précède les actions volitives; 2°, sur l'expérience et sur ses effets; 3o, des sciences humaines, des spirituelles et des prophétiques; 4°, l'homme est

(1) Voy. ce Journal, T. I, p. 267 et suiv.

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