pendant il paraît que celle des Chinois, qui place la naissance de Bouddha en 1027 avant notre ère, mérite le plus de confiance, parce qu'elle correspond avec la chronologie des successeurs de ce législateur, conservée dans les livres chinois (1). Les livres mongols divisent l'histoire de Bouddha en douze époques principales, savoir : 1. Son origine de l'empire des dieux. 2. Sa conception divine dans le sein d'une mère mortelle. 3. Sa naissance. 4. Sa croissance et ses progrès dans la sagesse. 6. Sa retraite du monde. 8. Son apparition sous le figuier, où, après avoir accompli ses pénitences, il est reconnu pour le saint par excellence. 9. Le commencement de sa prédication dans le temple de Warnachi (Benares), où avaient vécu les premiers instituteurs du genre humain. 10. La victoire remportée sur les six chefs des ters, ou adorateurs du feu. II. La fin de sa carrière terrestre. 12. La sépulture de son corps.' A l'époque de la naissance de Chakia-mouni, le puissant royaume de Magada existait dans le Bahar mé (1) Voyez à ce sujet un article très-intéressant inséré par M. Abel Rémusat dans le Journal des Savans, 1821, page 6. ridional; toutes les provinces situées sur le Gange lui étaient soumises. Comme aujourd'hui, les Brahmes (Birman en Mongol), formaient alors la première caste parmi les Hindous. Une de leurs principales races était celle de Chakia (ou Chaktcha). Elle se composait de cinq cents familles. Soudadani (Saodouaodani) (1), roi de Magada, était de cette race. Il fesait résidence dans la ville de Khober-chara. Il épousa Maha-mai (Maha-maya), qui, quoique vierge, conçut par l'influence divine, un fils, le 15 du dernier mois d'été, et le mit au monde le 15 du second mois du printems de l'année suivante, à Lum-ba, maison de plaisance royale. Elle l'avait donc porté pendant dix mois dans son chaste sein. Pendant qu'elle se divertissait avec ses compagnes dans le jardin, elle sentit sa prochaine délivrance, s'appuya contre un arbre, et donna sans douleur le jour à un fils, qui était une incarnation divine. A la naissance, elle prit l'enfant sous le bras droit, sans lui laisser toucher la terre, et le remit à un roi, né aussi d'une incarnation d'Esroun tèngri (en sanskrit Brahma), qui le soigna et qui l'enveloppa d'une étoffe précieuse. Un autre roi, né comme incarnation de Khourmousta tèngri ( en sanskrit Indra), baptisa l'enfant avec l'eau divine, et lui donna le nom d'Arda chidhi. Dans la race de Chakia on observait l'ancienne (1) Ce mot signifie celui qui mange proprement. Les Chinois l'ont traduit par Thsing-fan-wang. La mère de Bouddha est nommée chez eux Moye. coutume de porter les mâles nouveaux nés dans un lieu sacré, entouré de rochers, pour les présenter à une image divine. A cette occasion, le peuple y célébra des mystères religieux. Le petit Arda-chidhi arriva accompagné par les grands du royaume, et pendant qu'il adorait l'image divine, cette image s'inclina devant lui. Alors les spectateurs furent convaincus que l'enfant était un être miraculeux, et prédirent qu'il surpasserait en sainteté toutes les incarnations précédentes. Tout le monde l'adora en le saluant du titre de dieu des dieux (en sanskrit devati deva, et en mongol tèngrün-tèngri). Ses gouverneurs et instituteurs mêmes lui montraient toujours cette vénération qu'on doit à une incarnation de la divinité. Trente-cinq vierges étaient chargées de l'amuser par leur musique, sept le baignaient tous les jours sept l'habillaient, sept le berçaient, sept étaient chargées de le tenir propre, et sept l'amusaient. Lorsque Arda-chidhi eut atteint l'âge de dix ans, on lui donna le sage Ba bourenou bakchi pour précepteur. Celui-ci lui enseigna la poésie, le dessin, la musique, la médecine et les sciences mathématiques. Le prince montra une extrême facilité pour toutes ces sciences, et devint en peu de tems si habile, qu'il proposa à son maître des problèmes que celui-ci était incapable de résoudre; Arda-chidhi les lui expliqua. Il demanda à apprendre toutes les langues, comme instrument indispensable pour répandre la véritable religion parmi les peuples de l'univers. Ba bourenou bakchi ne connaissait que les idiomes et les alphabets de l'Inde, et son élève, qui avait déjà fait des progrès étonnans, lui apprit cinquante langues étrangères, avec leurs caractères particuliers. Son désir d'apprendre n'avait pas de bornes, et il ne pensait qu'à augmenter ses connaissances. Arda-chidhi surpassait en beauté tout le genre humain. Quand il se promenait seul à l'ombre des figuiers et des orangers, le peuple se réunissait en foule pour admirer ses trente-deux similitudes en beauté (lakchan), et ses quatre-vingts appas (naïrak). Chacun était ravi de pouvoir s'approcher de lui, de l'adorer et de lui présenter des fleurs magnifiques, des joyaux et des bijoux en or et en pierreries. Arrivé à l'âge de puberté ses parens voulurent le marier. On sonda ses inclinations; mais il refusa toujours de prendre une femme. Cette résolution consterna tout le monde, et ce ne fut qu'avec beaucoup de peine qu'on parvint à lui faire changer d'idée. Il céda sous la condition qu'on lui trouverait une vierge parfaite, possédant les trente-deux vertus et perfections principales. Par là il espérait d'éviter le mariage, parce qu'il ne croyait pas qu'on put trouver une femme aussi accomplie. Cependant on fit dans tout le royaume des recherches si actives, qu'on parvint à la fin à découvrir une princesse de la race de Chakia, qui possédait toutes les qualités requises. Dewa-dath, un oncle et ennemi d'Arda-chidhi, avait aussi recherché la même beauté. Le père fit en conséquence des difficultés, et déclara qu'il ne la donnerait pour épouse qu'à celui qui mériterait réellement la préférence. Dewa-dath Tome IV. 2 1 était si inférieur à son neveu sous tous les rapports que celui-ci remporta le prix. A l'époque de son mariage, Bouddha avait vingt ans. Il vécut avec son épouse dans la meilleure union, et engendra l'année suivante un fils qui reçut le nom de Rakholi. Plus tard il eut encore une fille. Quoique Arda-chidhi, pour se conformer à la volonté de son père et de la famille royale, eût consenti à cette alliance, son esprit était toujours occupé de la contemplation de la divinité. Il renonça à toute occupation mondaine, et dirigea plus particulièrement ses observations sur la dépravation du genre humain. Sa pitié compatissante était à chaque instant offensée par la misère de ses semblables, elle lui fit haïr la splendeur de la royauté. C'est avec des sentimens douloureux, qu'il déclara que les quatre degrés de la misère humaine, savoir : les peines de la naissance, de la vieillesse, de la maladie et de la mort, détruisaient pour lui tous les plaisirs de la vie, parce qu'elles étaient inévitables, et que nul homme ne pouvait y remédier. Voyant un jour une femme dans les douleurs de l'enfantement, des vieillards dans l'état de la plus grande faiblesse, des malades réduits à la dernière extrémité par la douleur, et des mourans entourés de leurs amis attristés, il demanda à son principal gouverneur Charice que cela signifiait, et si ces personnes étaient les seules qui fussent assujetties à ces calamités. Chari lui répondit, que non-seulement ceux-ci, mais tous les hommes étaient soumis à de pareilles misères, mais que jui-même encourait de semblables dangers. — Arda |