Page images
PDF
EPUB

DE

VÉRIFIER LES DATES.

QUATRIÈME PARTIE.

CHRONOLOGIE HISTORIQUE

DE

L'AMÉRIQUE,

PAR M. D. B. WARDEN,

Ancien Consul-Général des États-Unis d'Amérique, à Paris,
Membre de l'Académie Royale des Sciences, etc., etc.

TOME DEUXIÈME.

PARIS,

AMBROISE DUPONT ET RORET,

37, QUAI DES AUGUSTINS.

Harvard College Library
Bequest of

FRANCIS FARKMAN
17 Jan. 1894

43-7

DE

L'ART

DE VÉRIFIER LES DATES.

wwwwww

AMÉRIQUE.

SUITE DE LA CHRONOLOGIE HISTORIQUE
DE L'AMÉRIQUE.

CONTINUATION DE LA CALIFORrnie et de la CÔTE DU NORD-OUEST.

1775. Expédition de Bruno Heceta, de don Juan de Ayala et don Juan de la Bodega y Quadra, en 1775. Le vice-roi de la Nouvelle-Espagne, désirant obtenir des renseignements plus exacts sur la côte nord-ouest de l'Amérique, donna ordre d'équiper à cet effet la corvette Santiago, commandée par don Bruno Heceta, et la goëlette Felicidad, qui était aux ordres de don Juan de la Bodega, lieutenant de vaisseau. L'expédition mit à la voile de San Blas, le 16 mars 1775, et reconnut l'île de Socorro, que le pilote don Francisco Maurelle prit pour celle de Santo-Tomé, qui avait été découverte par Grijalya. Les deux capitaines, s'approchant ensuite de la terre ferme, sous le parallèle de 40°, et longeant la côte, arrivèrent à une baie, ou port, qui avait environ trois milles de circuit, situé par latitude 41° 7, et par longitude O. 117° 58' de Cadix, et auquel ils donnèrent le nom de Trinidad. De là, ils remirent en mer, et-poussérent jusqu'au 48° de latitude, sans pouvoir toutefois examiner les côtes. Ils entrèrent dans un golfe qu'ils appelèrent

los Martyres, lat. 47° 24', et long. O. de Cadix 118° 10′, de ce que sept hommes qui étaient allés à terre pour chercher de l'eau, y avaient été massacrés par les Indiens. Le commandant descendit dans le pays, et en prit possession en présence de quelques naturels. La corvette, qui s'était séparée de la goëlette, côtoya vers Monterey; elle découvrit la terre, le 10 août, par le 49o 30', et, revenant sur ses pas, elle explora ensuite la côte jusqu'au 44° 4' de latitude nord. Heceta reconnut, à l'ouest de San Blas, une vaste baie, lat. 46° 9', long. O. de Cadix 120° 30', dont il ne put examiner le fond (1), et, près du cap Look-Out de Vancouver, par le 45° 30', trois petites îles, qu'il nomma Las Tres Marias. Le tems devenant nébuleux et obscur, il se trouva dans l'impossibilité de continuer ses découvertes, et rentra à Monterey le 29 août.

Bodega, qui avait remis à la mer peu de tems après, s'approcha de nouveau de la côte, le 15 août, dans la latitude 56° 8', et le lendemain il reconnut une baie ou bras de mer, et de hautes montagnes, dont le sommet était couvert de neige. Il distingua parmi celles-ci celle de San Jacinto la plus élevée, qui est située sur un cap remarquable, nommé Engaño ou Trompeur, par latitude N. 57° 2′, et longitude 0. de Cadix 129° 40'. Cette montagne, qui a la forme d'un pain de sucre, et d'où il s'échappe des torrents qui courent se précipiter dans la mer, offre une des plus belles perspectives qu'il soit possible de voir. Le 17, il découvrit le port que les Espagnols nomment Guadalupe, par lat. 57° 11′, et entra dans le golfe de Los Remedios, par 57° 20', d'où il ne put apercevoir ni plage ni plaine, attendu que les montagnes dominent la côte presque perpendiculairement. Le 19, il rencontra, à l'embouchure d'une rivière, plusieurs canots montés par des hommes et des femmes, qui se présentèrent d'abord sans armes et sous les dehors de l'amitié. Toutefois, ayant peu après donné des signes d'hostilité, on fit sur eux une décharge d'armes à feu qui les dispersa. Bodega sortit de cette rivière le 21 août, et se trouva, le jour suivant, par le 57° 58′ de latitude; mais un vent de N.-O., et les ravages que le scorbut fesait dans son équipage, l'obligèrent de retourner à Monterey. Il résolut d'examiner la côte voisine à la distance d'un mille, pour en fixer la situation, corriger

[ocr errors]
[ocr errors]

(1) L'Entrée de Heceta, ou Rio de la Columbia.

« les erreurs graves et nombreuses qui se trouvent sur la carte de Bellin», publiée en 1766, et d'explorer l'entrée qu'on a supposée avoir été découverte par l'amiral Fontes. Le 24, il se trouva par latitude N. 55° 17′. Il doubla un cap, le cabo de San Bartolomé, et entra dans un golfe, où il découvrit vers le nord un bras de mer, dont il ne put apercevoir l'extrémité. Il donna à cette baie le nom d'entrée de Bucareli, en l'honneur du vice-roi du Mexique. Le sol des côtes adja centes paraissait fertile. La nuit était claire et la température douce, à cause de sept volcans situés entre les montagnes de neige, qui, par leurs flammes, éclairaient et tempéraient l'atmosphère. Après avoir donné à ses malades le tems de se rétablir, et faire provision d'eau douce et de bois, don Juan partit pour reconnaître une grande île, qu'il nomma San Carlos, longea le cap San Agustin, découvrit, sous le parallèle du 56°, le golfe qu'il appela del Principe, et examina la côte qui s'étend vers le N.-O.; mais, comme il se trouvait arrêté par des vents contraires, sur une côte sauvage et sans fonds, et que le scorbut s'était de nouveau déclaré à son bord, Bodega ne pouvant plus continuer ses découvertes vers le nord, prit la direction du sud, et, le 11 septembre, se trouvant par latitude 53° 54', il aperçut la terre à la distance de 8 ou 9 lieues. Vers le 49°, il s'en approcha d'un mille, et côtoya ensuite vers le 46o 20′, où les vents du sud et du sud-est l'arrêtèrent quelque tems. Le 24, étant arrivé par latitude 45° 27', il releya la côte avec soin, surtout celle qui est comprise entre les 44° 50′ et 42° 50′, sans pouvoir trouver le Rio ou Entrada de Martin de Aguilar, que ce navigateur avait observé à la latitude de 43°, et qui fut depuis retrouvé par Vancouver. Le 3 octobre, il pénétra dans un golfe, à l'embouchure d'une grande rivière, qui forme un port spacieux et bien abrité, sous le 38° 18′ de latitude et le 116° 50′ de longitude O. de Cadix. Il le nomma Puerto de la Bodega. C'est le même où Drake avait autrefois jeté l'ancre, et non pas celui de San Francisco, comme on l'a prétendu. Il en sortit le 4, toucha, le 6, à Monterey, et, le 20, à San Blas (1).

(1) La relation de cette expédition fut écrite par Maurelle, pilote en second, et il en existe une traduction anglaise dans les Miscellanies de Daines Barrington, publiés à Londres en 1781. -Voyez aussi le Viage hecho por las goletas Sutil y Mexicana. Introd., p. 93-100.

« PreviousContinue »