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donnée en Angleterre. Elle est remplacée par la gravure en manière noire. Les Anglais, paraissant avoir un goût particulier pour cette technique, la portèrent à un point de perfection qu'elle n'a atteint dans aucun autre pays. La fin du XVIIIe siècle et le commencement du XIXe sont particulièrement la belle époque de la gravure anglaise. Parmi les graveurs de cette époque nous pouvons étudier RICHARD EARLOM dans Abisag choisie pour échauffer David (d'après ADR. VAN DER WERFF), la Sainte Vierge et l'Enfant Jésus (d'après CANTARINI) et 21 feuilles du Liber veritatis, ses reproductions célèbres des peintures de CLAUDE LORRAIN des collections du duc de Devonshire. la main de WILLIAM DICKINSON nous possédons les remarquables portraits de Charles Jean, Prince Royal de Suède (d'après GÉRARD) et de Louisa, Queen of Prussia. Les autres maîtres de la gravure en manière noire représentés dans la collection sont THOMAS BURKE, JOHN TOBER, RICHARD BROOKSHAW, RICHARD HOUSTON, ROBERT DUNKARTON et CH. HOWARD HODGES.

De

Pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle une autre technique se répand beaucoup en Angleterre: le pointillé (stipple engraving) qui reproduit l'art sentimental de cette époque et dont nous possédons une feuille typique: Werther et Charlotte de JOHN RAPHAEL SMITH. Nous avons plusieurs spécimens de cette technique dans les nombreuses gravures de l'Italien FRANCESCO BARTOLOZZI qui travaillait en Angleterre. Ses planches de l'ouvrage rare: Imitations of original Drawings by Hans Holbein in the collection of His Majesty for the portraits of illustrious Persons of the court of Henry VIII sont particulièrement intéressantes.

ÉCOLE ITALIENNE.

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ARMI les rares gravures italiennes du XVe siècle, on trouve une œuvre d'ANDREA MANTEGNA, le plus grand maître de cette époque : Bacchanale, gravure riche en figures et très caractéristique de sa technique originale. MARCANTONIO RAIMONDI, qui travaillait au commencement du siècle suivant, donne une autre direction au développement de la gravure

sur cuivre en en faisant l'art de reproduire les œuvres d'art. Il

est représenté par son chef-d'œuvre: le Massacre des Innocents

G. Ekholm.

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(sans chicot, avec l'adresse de SALAMANCA), Joseph et la Femme de Putiphar et le Jugement de Pâris. Parmi ses copies des œuvres d'ALBRECHT DÜRER, il y a 5 feuilles de la Vie de la Sainte Vierge.

Au nombre des élèves de MARCANTONIO, nous signalerons AGOSTINO VENEZIANO, MARTINO ROTA, MARCO DENTE DA RAVENNA et LE MAÎTRE AU DÉ (avec le monogramme B) dont on a le Sacrifice de Priape, Combat naval, Le Triomphe de Scipion et la Victoire de Scipion sur Syphax (cette feuille n'est pourtant pas celle qui figure chez Bartsch). Il y a également quelques feuilles de GIULIO BONASSONE (que Bartsch confond avec le graveur précédent).

Vers le milieu du XVIe siècle, époque où le commerce des gravures avait fait un grand progrès, l'exécution des gravures prit un caractère nettement industriel. Les estampes des grands maîtres furent achetées et retouchées par des artistes médiocres parmi lesquels plusieurs d'origine étrangère. Plusieurs feuilles avec les adresses de l'Espagnol ANTONIO SALAMANCA, du Français ANTONIO LAFRERI et du Lorrain NICOLA BEATRIZET représentent dans notre collection cette classe de graveurs.

Si MARCANTONIO et son école avaient principalement pour but de reproduire les ouvrages de Raphaël, il existe un groupe d'artistes qui se rattachent à GIULIO ROMANO. Le plus célèbre d'entre eux est GEORGIO GHISI qui s'établit à Anvers au milieu du XVIe siècle. Il est un de ceux qui contribuèrent le plus à établir la domination de l'art italien dans les Pays-Bas.

Les plus célèbres graveurs italiens de cette époque sont AGOSTINO CARACCI (le 84 Psaume de David), son frère ANNIBALE qui n'était pourtant qu'un amateur (la Sainte Famille, la Sainte Vierge, l'Enfant Jésus et Saint Jean) et ses élèves les plus remarquables: CHERUBINO ALBERTI et CARLO CESIO. On peut dire qu'AGOSTINO a introduit une nouvelle technique dans la gravure. Il cherche à obtenir une exécution large et sommaire en opposition avec celle des KLEINMEISTER allemands et hollandais. FRANCESCO VILLAMENA est un de ceux qui continuent dans cette voie et qui ont eu une grande influence sur certains graveurs contemporains, entre autres CLAUDE MELLAN.

Pendant le XVIIe siècle la gravure sur cuivre tombe dans l'oubli et l'interêt se porte sur la gravure à l'eau forte. Nous possédons des ouvrages de GUIDO RENI et de CARLO MARATTA appartenant à l'école de Bologne qui patronne particulièrement

cet art. Le fécond ANTONIO TEMPESTA et STEFANO DELLA BELLA, qui est influencé par CALLOT, sont de Florence. Parmi les graveurs de l'école de Naples nous pouvons étudier SALVATOR ROSA dans 14 feuilles de ses images de brigands d'une exécution fraîche et réaliste. GIOV. BENEDETTO CASTIGLIONE de Gênes sur lequel les graveurs hollandais ont eu une grande influence est représenté par une douzaine de feuilles.

Du XVIIIe siècle, époque à laquelle l'art italien commence à renaître, nous remarquons dans la collection quelques œuvres du graveur à l'eau forte GIOVANNI DOMENICO TIEPOLO, fils du grand décorateur, et une soixantaine de reproductions de statues et de monuments de GIOVANNI BATTISTA PIRANESI parmi lesquelles: Trofei d'Ottaviano Augusto, Carceri d'invenzione nuova et 23 feuilles de Veduti di Roma. Il existe aussi à la Bibliothèque un grand nombre d'œuvres de ce graveur qui appartiennent plutôt à l'archéologie (le Antichità Romana, Campus Martius, Antichità d'Albano et plusieurs autres). De son fils et collaborateur FRANCESCO, il y a 8 feuilles de la série: Choix des meilleures statues antiques et le volume: Différentes manières d'orner les cheminées.

L'objet principal de la gravure italienne pendant le XVIIIe siècle était la reproduction des compositions des grands maîtres de la Renaissance. Les représentants de cette tendance qui remonte à l'idéal de la Renaissance sont GIOVANNI VOLPATA (4 feuilles) et son élève estimé RAPHAEL MORGHEN, le dernier des grands graveurs italiens. Parmi les douze gravures de MORGHEN qui figurent dans la collection nous signalerons son chef-d'œuvre: la Cène d'après LIONARDO DA VINCI, le Char de l'Aurore d'après GUIDO RENI et de nombreuses reproductions de RAPHAËL: Madonna della Sedia, la Théologie, la Justice, la Poésie et Mater divinæ gratiæ etc. Les successeurs les plus connus de MORGHEN sont GIOVANNI FOLO et GIUSEPPE LONGHI. Parmi les artistes isolés, mentionnons le comte ANTONIO MARIA ZANETTI dont nous possédons 6 clairsobscurs et qui est un des derniers représentants d'une technique qui avait été très en vogue pendant les XVIe et XVIIIe siècles tant au nord qu'au sud des Alpes. Tommaso PIROLI, connu pour ses bonnes reproductions des œuvres des anciens maîtres (6 feuilles), appartient aux derniers graveurs importants en Italie.

ÉCOLE FRANÇAISE.

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ORT remarquables et fort estimées sont plusieurs feuilles des gravures françaises qui se trouvent dans notre collection. Le département des gravures françaises est aussi par le nombre des compositions qu'il renferme, le plus important de la Bibliothèque. Les relations politiques et artistiques entre la Suède et la France ont naturellement enrichi les collections suédoises d'un grand nombre de productions de la gravure française depuis la première partie du XVIIe siècle, époque à laquelle elle a commencé à se développer.

Notre collection ne nous permet guère d'étudier la gravure française du XVIe siècle qui subissait complètement l'influence de l'Allemagne, des Pays-Bas et de l'Italie. Les deux premiers artistes qui représentent à vrai dire l'art national dans la gravure à l'eau forte et la gravure sur cuivre: JACQUES CALLOT et CLAUDE MELLAN sont au contraire très bien représentés. En Suède on s'est de bonne heure intéressé à CALLOT. Le grand architecte NICODEMUS TESSIN possédait 1327 feuilles de l'habile Lorrain. Parmi les feuilles de ce graveur qui, dans notre collection, sont au nombre de plus de cent, nous remarquons un de ses chefs-d'œuvre: la Tentation de Saint Antoine (1635) et plusieurs séries parmi lesquelles: Les Misères et les Malheurs de la Guerre, la Grande Passion et la Petite Passion qu'on trouve rarement en bonnes épreuves, 9 feuilles des Exercices militaires et le même nombre du Martyre des Apôtres. Un grand nombre de paysages appartiennent aussi aux œuvres les plus précieuses de la collection de CALLOT.

Parmi les artistes qui, dans leurs gravures de paysages, ont subi l'influence de CALLOT nous pouvons étudier dans cette collection FRANÇOIS COLLIGNON, ADAM, GABRIEL et NICOLAS PÉRELLE, l'un de ceux-ci, ADAM, bien connu en Suède comme un des collaborateurs de Svecia antiqua et hodierna d'ERIC DAHLBERG. Un autre successeur de CALLOT, l'habile et fécond graveur SEBASTIEN LE CLERC est représenté par 380 feuilles; c'est là le plus grand nombre de gravures que notre collection possède d'un seul et même artiste.

Dans le domaine de la gravure sur cuivre, CLAUDE MELLAN est un digne pendant de CALLOT qui exécuta sortout des gravures à l'eau-forte. MELLAN n'égale assurément pas l'ingéniosité artistique et l'importance universelle de CALLOT; mais comme premier représentant original de la gravure française sur cuivre et comme maitre incomparable du burin, il mérite une attention particulière. Pour ce qui est de la technique, il est un représentant de l'exécution large et rigoureuse dont AGOSTINO CARACCI fut l'initiateur et qui dans les Pays-Bas a eu un prosélyte d'un talent supérieur: HENDRICK GOLTZIUS. Dans la riche collection de ses œuvres qui appartient à notre bibliothèque et dont ce catalogue renferme l'énumération, la série des portraits où le talent de MELLAN se manifeste avec le plus d'éclat est d'une très grande valeur.

De même que les graveurs italiens s'étaient groupés autour de RAPHAEL et de RUBENS, de même les graveurs français se rattachaient aux grands maîtres de leur art national. MICHEL DORIGNY est le plus célèbre d'entre ceux qui reproduisent les œuvres de SIMON VOUET qui a exercé une influence importante sur les graveurs contemporains. Nous signalerons aussi Gilles ROUSSELET qui reproduit des ouvrages de LE BRUN. Le meilleur interprète de LE BRUN est pourtant GÉRARD AUDRAN dont le chef-d'œuvre: les Batailles d'Alexandre fait partie de la collection. Parmi les autres feuilles nombreuses de cet artiste, citons aussi la série du Grand Escalier de Versailles (d'après LE BRUN), le Portement de Croix (d'après PIERRE MIGNARD) et le Martyre de Saint André (d'après LE GUIDE). On trouve de son élève FRANÇOIS CHEREAU les remarquables portraits de Louis Antoine de Pardaillon de Gondrin, et de ses parents JEAN et BENOÎT (1er) AUDRAN, qui travaillaient en collaboration, leur reproduction du Passage du Granique, de la Tente de Darius et de l'Entrée d'Alexandre dans Babylone. De BENOÎT, nous possédons le Baptême de J.-C. et quelques compositions des deux artistes figurent dans l'œuvre: La Galerie du Palais du Luxembourg, peinte par Rubens (1710) à laquelle collaboraient une dizaine de graveurs, parmi lesquels GÉRARD EDELINCK.

GÉRARD EDELINCK, originaire d'Anvers, est considéré comme un des plus grands graveurs français. Nous pouvons étudier son talent de portraitiste qui a surtout contribué à fonder sa réputation dans l'œuvre de CHARLES PERRAULT: Les Hommes illustres qui contient bien des productions de son burin. Un

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