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aussi bien causer les maux du corps que les guérir. Ils confirment une maxime, bien importante en médecine, c'est qu'il est essentiel au médecin d'inspirer à son malade, par tous les moyens qui sont en son pouvoir, la plus grande confiance dans les remèdes qu'il prescrit, et qu'il vaut mieux en employer de plus faibles, que d'insister sur les plus actifs, si quelque préjugé du malade, Ja prévention ou l'antipathie lui en font redouter l'usage. C'est d'après ce principe, qu'on peut, selon M. Haygarth, expliquer les guérisons surprenantes qu'on attribue si souvent à des remèdes empyriques : c'est encore d'après ce principe qu'il prétend qu'on peut juger de l'avantage d'une grande réputation médicale. Il se livre à ce sujet à des réflexions; il cite des anecdotes qui seraient ici déplacées. Il ajoute l'exposé historique d'une maladie convulsive épidémique, qui s'est manifestée en 1796 dans l'île d'Anglesey, et dont la connaissance lui sert à confirmer ce qu'il a dit précédemment, au sujet de l'influence des affections de l'ame sur celles du corps.

La conclusion, en dernière analyse, à tirer de tous les faits rapportés dans ce chapitre, de tous les raisonnemens, de toutes les hypothèses auxquelles ils ont pu avoir donné

lieu, c'est que le perkinisme est semblable au mesmérisme; c'est que, comme lui, il n'est fondé que sur les prestiges d'une imagination frappée; c'est qu'il n'a qu'un rapport trèsindirect avec le galvanisme, c'est qu'enfin son application, et ses effets, dans la cure des maladies, sont connus et peuvent être appréciées à leur juste valeur, tandis que ceux qu'opère le galvanisme, employé par des mains habiles et par des gens instruits et non prévenus, font encore actuellement espérer des succès, trop lents, sans doute, à se déclarer, mais qui dépe ndront toujours du savoir, des recherches et des travaux des plus habiles médecins et physiciens de l'Europe, si, comme ils ont fait jusqu'à présent, ils s'occupent avec un zèle désintéressé et avec la plus grande activité, de tout ce qui peut rendre le galvanisme utile, et le faire contribuer à la guérison des maladies.

N. B. En donnant, vers la fin de ce volume, p. 216, l'extrait de ce qu'a écrit sur le galvanisme M. Alibert, dans ses nouveaux élémens de thérapeutique et de matière médicale, j'ai dit qu'il avait aussi fait l'histoire du perkinisme. Je dois ajouter ici, d'après ce savant médecin, I., que le docteur Perkins a été

gratifié par son gouvernement d'un privilège, en vertu duquel il peut seul vendre, pendant 14 ans, les instrumens qu'il a inventés; 2.° qu'il continue quelquefois ses opérations, jusqu'à ce que le système dermoïque soit affecté d'une lé gère phlogose; 3., que pour retirer du perkinisme tous les avantages qu'il promet, il ne faut point opérer pendant la durée de la digestion alimentaire, ni dans le temps de la menstruation, etc.; 4.° que quant à l'action ou la manière dont le perkinisme agit, les uns l'expliquent par les correspondances sym→ pathiques de la peau, avec les autres systèmes de l'économie animale, et envisagent ce mécanisme comme entièrement analogue à celui des frictions, que les autres comparent les aiguilles à des conducteurs électriques, que d'autres enfin rapportent les effets qu'elles manifestent dans le traitement des maladies, au pouvoir de l'imagination exaltée, comme nous l'avons déja remarqué, et trouvent une analogie entre ce mode de curation et celui de l'enthousiaste Mesmer.

Concluons de nouveau avec M. Alibert, que peut-être le parti le plus sage à prendre, sur ce qui regarde le perkinisme, est de beaucoup attribuer à la fois à l'influence morale et à l'influence physique, que ce sujet est encore trop

nouveau et que tous les soupçons ne seront éclaircis qu'à l'aide d'un examen ultérieur, auquel, sans doute, procéderont, dit M. Alibert, des hommes sages et inaccessibles à des erreurs, qui ne s'accréditent que par le merveilleux dont elles éblouissent les esprits faibles et crédules.

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