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NOTICE

BIBLIOGRAPHIQUE

DE QUELQUES LIVRES

DONT ON A TIRÉ DES EXEMPLAIRES

SUR PAPIER DE COULEUR,

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LA

La couleur la plus naturelle de la matière subjective de

l'écriture chez les anciens et les modernes, c'est-à-dire, du parchemin, du papyrus et du papier, a toujours été le blanc, et celle des caractères ou lettres a été le noir; parce que l'opposition de ces deux couleurs rendait et rend encore l'écriture plus saillante, et par conséquent plus facile à lire. Cependant il faut avouer que cette règle générale a souffert des exceptions, même dans les tems les plus reculés. Ces deux couleurs ont éprouvé des variations qui tenaient au luxe, à la coutume ou au goût du scribe. Hérodote et Diodore de Sicile font mention de peaux de mouton, de veau, de bouc qui étaient en pourpre, en jaune, et sur lesquelles on écrivait en lettres d'or et d'argent avec des roseaux. Les Romains avaient leurs tablettes en bois ou en ivoire, enduites de cire verte; leurs tessères étaient dans le même genre. Ils se servaient aussi de cinabre pour les capitales et les titres des livres, ainsi que les Grecs; Ovide (1), Martial et Juvénal en ont parlé. Cette Couleur a passé à d'autres peuples de l'Orient; on l'a

(1) Ovide se plaint dans une de ses élégies:

Nec titulus minio nec cedro charta notetur.

employée même en Égypte, comme l'attestent d'antiques monumens d'écriture égyptienne, où l'on voit des lettres de différentes couleurs. C'est dans la Grèce que l'écriture rouge brilla avec le plus d'éclat; et même sous les empereurs grecs, elle devint une prérogative de la famille royale. L'empereur Léon I, statua, par un rescrit donné en 470, que le décret impérial ne serait point estimé authentique, s'il n'était signé de la main de l'empereur avec l'encre pourpre, ( sacrum encaustrum ) (i). Cette coutume a duré jusqu'à la fin de l'empire; mais dès le XIIe siècle, cette prérogative fut accordée aux grands officiers de l'empire. On voit à la bibliothèque impériale de Paris, un manuscrit, intitulé : les Règles du couvent de la Vierge, écrit par ordre de l'impératrice Irene, et qu'elle a signé elle-même en caractères rouges. V. Catal. de la bibliot. du Roi, to. II, page 53, no 384.

Dans le siècle d'Auguste et même avant, les manuscrits 1. étaient ornés de différentes manières avec le cinabre. On marquait de traits rouges les premières lettres des périodes et des paragraphes; on fit même ces lettres entièrement rouges. Cela devint tellement nécessaire par la suite, qu'il se forma une classe particulière d'ouvriers attachés à la librairie, dans le moyen âge, et connus sous le nom de rubricatores, d'illuminatores, de miniatores et de miniculatores. Ils existaient encore dans le quinzième siècle, et au com

(1) La marque de la signature des empereurs grecs, était une croix, faite avec cette encre sacrée, composée du sang de la pourpre, coquillage dont parle amplement Pline le naturaliste. On faisait cuire au feu ce coquillage; et avec ses écailles réduites en poudre, on composait cette encre. Elle était considérée comme sacrée; puisqu'il était défendu sous peine de la vie d'en avoir chez soi, ou de tâcher d'en obtenir des officiers qui en avaient la garde. Agir autrement, c'était se rendre suspect d'aspirer à la tyrannie, s'exposer à la perte de tous ses biens, et même au dernier supplice.

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