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Extraits de la Correspondance et Notes diverses

[Ici sont insérées les communications faites par écrit ou présentées de vive voix, qui, en raison de leur étendue, ne peuvent trouver place dans le corps du procès-verbal.]

Itinéraire en Perse, de Recht à Bouchir

par M. Delaplanche, ingénieur civil (1).

Pour arriver de la mer Caspienne à Téhéran, trois vallées se présentent la première, au nord même de la capitale, n'est pas suivie, à cause de la difficulté énorme que présentent ses défilés, et surtout parce qu'il n'y a aucun port à l'entrée; quelques habitants du Mazandéran seuls s'y hasardent ce sont les charbonniers, qui portent leurs produits à la ville. Les deux points principaux en sont Chéristanek et Goulahek, sur les deux flancs de la haute montagne de Chimran, qui domine Téhéran de plus de 2000 mètres.

La seconde route part du port de Méchédisser, suit la vallée de la rivière de Demavend, et, contournant la haute montagne du même nom, prend la vallée du Lar. Franchissant le faîte qui la sépare de celle du Djadjé-Roud, elle rejoint la première à Goulahek.

Enfin la troisième route, la plus commode des trois, quand l'état de la mer permet de débarquer à Enzéli, suit le Sefid-Roud, qui coule dans une fracture des montagnes, et monte presque insensiblement jusqu'au grand plateau persan, en empruntant le cours des affluents: le Chah-Roud, le Yusbachi et la rivière de Beckendic. C'est à peu près la ligne que suit le télégraphe anglais, et c'est celle que j'ai moi-même suivie. Elle a été décrite bien souvent; je n'ai donc rien à ajouter à ce qu'on en a dit.

Entre Téhéran et Koum, la route actuelle traverse, sur une ving

(1) L'auteur, se rendant à Pinang, où l'attendait M. F. Deloncle pour l'exploration de la Péninsule malaise, avait pris comme itinéraire la Russie, puis la Perse, qu'il a traversée de Recht à Bouchir, c'est-à-dire de la mer Caspienne au golfe Persique et à l'Inde.

taine de kilomètres, entre Hauz-i-Soultan et Sadrabad, un bras du désert salé. On étudie en ce moment une nouvelle route qui l'évite complètement, et qui est un peu plus directe: elle passerait par Hassanabad, Mandali-Khan, Bérigueh, Kal-Tépé, Mandali-Khan, Manzériéh et Chachguird. De Koum, une seule route mène à Kachan, longeant le pied des montagnes et le désert salé.

Au lieu de prendre, à partir de Kachan, la route ordinaire qui passe par le Kouh-Roud, j'ai continué dans la plaine, en suivant la route postale qui va à Naïn et à Yezd, par les gros bourgs d'AbouZeid-Abad, Dehabad, Khalédabad; et de ce dernier point j'ai commencé à gravir la montagne, parallèlement à une large vallée, pour atteindre la ville de Natenz. Tout le district est très riche, grâce aux eaux qui y coulent en abondance. La ville est à 1800 mètres audessus du niveau de la mer, et renferme 3000 habitants. Presque à l'ouest, sur la montagne, se trouve Oureh, avec 100 habitants; au sud, Tameh, célèbre par ses poires, avec 250 habitants. Au pied de la colline sur laquelle s'élève Natenz, sur un assez large plateau à l'ouest de la ville, règne une suite de gros villages dont les principaux sont: Guézan (300 habitants), Bastguird (120 habitants), Khafr (300 habitants), Djarian (120 habitants), Richtèh, Kendès, Ricèh, Ouchtèh (500 habitants), Mezrèh-Khatir, Baghestan et Sérechk (300 habitants), alignés sur une distance de 10 kilomètres. A 10 kilomètres à l'ouest de Sérechk, au fond de la vallée, s'élève une autre ligne de gros bourgs : Nosran, Aspidan, Miladjerd, Abiazen (250 habitants), Kalê-Naïb, Kalê-i-Hamzeh, Pabot (100 habitants), Niyat (120 habitants), Heilabad, Hendjouéh, Khécheh et Targh (2000 habitants). Puis le pays devient aride et désert sur une trentaine de kilomètres, jusqu'au beau village de BaghMiran, à 18 kilomètres au nord de Mourtchèkhôr.

Reprenant la route ordinaire à Mourtchèkhôr, je la suis jusqu'à Dehbid; mais, au lieu de traverser le Poulvar à Khanė Kergoun, je suis le versant de la vallée, en me tenant toujours à peu près à la même hauteur, et après 30 kilomètres, j'arrive à l'important village d'Abbasabad, situé à 20 kilomètres au nord de Mourgab, et à 45 mètres environ en contre-bas de Dehbid; il a une population de 500 habitants. Continuant ensuite à descendre le versant de la vallée (rive gauche) du Poulvar, j'atteins, après 20 kilomètres, le village de Katirabad, à 3 kilomètres à l'ouest de Mech-Mourgab. La rivière, à cet endroit, coule du nord au sud à égale distance des deux localités.

De Mech-Mourgab à Chiraz, je prends la route bien connue par Ka

ramabad, Sivend, Seïdoun, Persépolis et Zergoun. A Chiraz, je quitte la route du télégraphe pour prendre celle de Firouzabad, bien moins fréquentée, mais à pentes plus douces. Jusqu'à Firouzabad, les villages sont nombreux et le pays est bien cultivé; mais à partir de là, les villages sont très éloignés, et d'un accès assez difficile; en effet, ils sont toujours situés au fond des vallées, et il faut franchir les collines qui les séparent. Ainsi, de Firouzabad à Forachband, il faut traverser le défilé de Siakhi, très pénible à cause des énormes blocs de rochers qui l'encombrent. De Forachband à Bouchgoun, le chemin est plus facile, à travers la grande plaine de Khourmiak; on coupe à angle droit une dizaine de petits ravins courant nord-sud. A 10 kilomètres de Bouchgoun, la route redevient très difficile à travers les pierres énormes des défilés; l'eau douce fait totalement défaut; il n'y a pas d'autre eau potable que l'eau de pluie qui se conserve assez bien, sur le sol argileux, mais qui est généralement très sale. A partir de Kalameh, à quelques kilomètres de Bouchgoun, le chemin est à peu près plat et redescend vers la mer en pente douce, par Sanam, Tchahkouta et Tcheghadek, où nous rejoignons la route des caravanes.

Avant d'arriver à Bouchir, nous avons à traverser, sur 10 kilomètres, des ajoncs poussant dans l'eau sale, et les pieds des chevaux enfoncent de 20 centimètres dans une boue argileuse.

Exploration à travers l'isthme de Malacca
Par M. François Deloncle.

Afin de compléter son enquête sur la possibilité du percement d'une voie maritime internationale à travers la Péninsule, M. F. Deloncle était reparti de Bangkok au mois de février dernier. Il était accompagné d'abord de M. Paul Macey, d'un ingénieur anglais, M. Davidson, et d'un commissaire siamois, le commandant Touan, puis de M. l'ingénieur Delaplanche, qui est venu le rejoindre à Pinang.

Après avoir relevé la péninsule depuis l'isthme de Kra jusqu'à 7°30′ latitude nord et visité les îles Samuie, qui forment l'archipel le moins connu, mais le plus intéressant du golfe de Siam, l'expédition a pénétré dans la péninsule malaise, à la hauteur de

Singora (7° 14' lat. N.), où elle a reconnu l'existence d'un État Sam-Sam, c'est-à-dire de métis de Malais et de Siamois, ancien repaire de pirates et semi-indépendant du Siam. Des canaux, larges et profonds, s'enfonçant dans les terres, ont conduit ensuite M. Deloncle et ses compagnons dans une mer intérieure où ils étaient les premiers Européens à pénétrer, nommé Talé-Sab, profonde d'environ 6 mètres, large sur un point de 12 milles et longue de 45, présentant la configuration la plus étrange et semée d'iles de calcaire compact, couvertes de nids d'hirondelles. Cette mer, douce pendant la mousson de nord-est, salée pendant la mousson de sud-ouest, sépare la péninsule proprement dite de l'île Tantalam (ou Ko-Yaï en siamois) par un ensemble d'arroyos dont les uns aboutissent à Singora, au sud, les autres à Lacon, au nord. Après l'avoir parcourue, l'expédition débarqua par 7°40′ latitude nord sur la côte ouest, à Taloung, où un Rajah Sam-Sam, maître des pays de Taloung et de Plian, lui fournit des éléphants pour traverser la Péninsule.

On releva d'abord une magnifique plaine de rizières de 12 milles de large, sur les bords du Klong Taloung, puis on atteignit la chaîne des Monts Louangs, qui forme l'arête de la péninsule, au col du Khau-Phra et on descendit ensuite dans le bassin du Trang, qui va au golfe du Bengale. Une plaine de rizières s'étend également de la montagne à la ville de Trang, où règne un rajah chinois sur une population plutôt malaise que Sam-Sam. De Trang l'expédition gagna Pinang en faisant l'hydrographie, jusqu'ici inconnue, de toute la côte. Au mois d'avril, MM. Delaplanche, Paul Macey et E. Hardouin partirent de Pinang pour aller compléter l'exploration du Talé-Sab et de l'isthme de Taloung. Ils parcoururent dans tous les sens les États de Trang, Taloung, Lacon, Singora et Stouil. Ce dernier, absolument Malais, au sud du pays de Trang.

De retour au mois de juin, les ingénieurs ont rapporté des coupes géologiques de toute cette région et des échantillons dont l'analyse, faite à l'École des Mines, a révélé la présence de nombreux gisements de quartz aurifères, d'étain et de fer, dans cette terra incognita. Des observations ethnographiques sur les SamSam, sur leur constitution politique, et leurs habitudes de piraterie, ont pu être achevées très heureusement et nous avons le droit d'espérer que le rapport de l'expédition Deloncle intéressera vivement la science géographique, dès que les circonstances permettront de le publier.

En quittant Pinang, M. F. Deloncle a visité l'archipel Mergui et gagné Rangoum, d'où il est monté, par l'Irraouaddy, dans la Haute-Birmanie.

Dans l'île de Ceylan, M. Ruinat, consul de France à Colombo, et M. F. Deloncle ont étudié avec succès le projet de percement d'un canal maritime entre Ceylan et la péninsule de l'Indoustan par l'île de Ramisverain. Une communication publique sera faite très prochainement sur ces intéressants travaux, qui ont fixé la géographie du canal de Pamben et de la série d'îlots rocheux qui forme le fameux Pont-de-Pama ou d'Adam, de l'Hindoustan à Sérendib.

Marche réelle d'un chameau de bât du Sahara
Par M. H. Duveyrier.

Les valeurs indiquées sont toutes (une seule exceptée) le résultat de mesures que j'ai faites sur le sol, pour la longueur du pas; le nombre des pas faits en une minute étant compté, le chronomètre en main.

Chameau du Djerid (Sahara tunisien), en plaine......

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Par seconde.

1,27

en vallée de monta-
gnes....
gravissant une côte (1).

1,00

0,50 (?)

des nomades du cercle de Biskra, sur le chemin de
Biskra à El-Guerara, en plaine, sur un terrain or-
dinaire (moyenne de huit mesures, qui ont donné:
0,96; 0,99; 1,04; 1,08; 1,13; 1,16; 1",19;
1,23)....

1,10

des nomades du cercle de Biskra, marchant sur une
plaine à surface ondulée..

1,03

des nomades du cercle de Biskra, marchant sur un
terrain difficile, en plaine......

0,83

des Harazliya, tribu du cercle de Laghouât, mar-
chant, à la légère, en terrain ordinaire.............
des Harazliya, tribu du cercle de Laghouat, suivant
le lit plat et facile d'une vallée (ouâd)................
des Harazliya, pesamment chargé et marchant à une
allure qui permet aux moutons, aux femmes et

1,25

1,275

(1) Cette seule indication est estimée au juger; elle représente le progrès de la marche rapporté à l'horizon pour es besoins du tracé de la carte.

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