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de la Rochelle en fournissent la preuve au sujet de la Biographie universelle, une

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de la Rochelle en fournissent la preuve incontestable; mais souvent aussi elle a dù à cette faculté d'heureuses inspirations. Adèle et Theodore, les Veillées du Chá teau, les Annales de la vertu, offriront toujours à la jeunesse une lecture non moins agréable qu'instructive; le Théatre d'Education et celui de Société, écrits avec une simplicité pleine de grâce, sont très-propres à former l'adolescence au ton de la bonne compagnie; enfin, M. de Clermont, la Duchesse de la Vallière, les Mères rivales, les Vœux téméraires, attachent le lecteur par des événe mens touchans et naturels, par des pensées justes et délicates, et quelquefois aussi, mais plus rarement, par la peinture énergique et fidèle des grandes agitations du cœur. Son style assure à ses ouvrages, du moins à ceux que nous venons de désigner, une existence durable: et quoique ce ne soit pas sans raison que son biographe, dans le recueil de MM. Michaud, a censuré la profusion de pronoms et des particules, dont sa phrase est trop souvent surchargée, il est juste de reconnaître que la correction, l'élégance et le naturel en sont les qualités distinctives, et qu'elle s'est constamment défendue de la contagion du néologisme et du mauvais goût qui ont, pendant quelque temps, exercé dans la littérature un empire presqu'universel. Parmi les derniers écrits de Mme de Genlis, le plus considerable est un Abrégé des mémoires du mar. quis de Dangeau, dans lequel la critique lui a justement reproché d'avoir laissé subsister beaucoup de choses superflues et sans intérêt. Les journaux ont annoncé dernièrement la prochaine publication d'un nouvel ouvrage de cet inépuisable auteur sur l'Etiquette, sujet que sa position antérieure lui a permis d'approfondir, et sur lequel son genre d'esprit permet de croire qu'elle aura répandu de l'agrément, à moins que, suivant l'importance qu'elle a paru souv ent, dans ses dernières productions, attacher à tout ce qui regarde les usages des cours, elle n'y ait mis une gravité, qui serait peu en rapport avec la maniere de voir, généralement existante aujourd'hui sur ces solennelles futilités. Douée d'une humeur étrangement bilieuse, Mme de Genlis s'est livrée, avec plus de complaisance que de succès au genre polémique. Elle a entr'autres exemples,soutenu avecMM. Auger et Ginguené,

ausujet de la Biographie universelle, une lutte dans laquelle l'avantage n'a pas été de son cóté. Mais c'est surtout envers les écrivains de son sexe qu'elle amanifesté une malveillance d'autant plus violente, qu'el-le était animée par tout l'orgueil de la rivalité. Mme Cotlin (voy. ce nom), connue par un talent aussi pur, aussi aimable que son caractère, ne fut pas même protégée par le tombeau, contre la critique la plus amère et la plus passionnée ; et l'illustre auteur de Corinne et des Considérations sur la révolution de France, fut, dans un conte intiuléla Femmephilosophe, l'objet de sarcasmes aussi injustes que violens. Elle rendit justice à elle-même et à son accusatrice, en dédaignant d'y répondre, et en abandonnant cette odieuse attaque à l'opinion publique. Nous voudrions pouvoir nous dispenser d'ajouter, en finissant, que Mme de Genlis a pu oublier les convenances, jusqu'au point de ne pas respecter la mémoire de l'immortel auteur de Télémaque. Les détails que nous avons donnés en commençant, ajou tent encore à ce scandale, sur lequel nous croyons superflu de nous étendre davantage. Au moment où nous terminons cet article, nous lisons dans les feuilles de Paris l'annonce d'un nouveau roman de Mme de Genlis, intitulé les Parvenus.

GENSONNÉ (ARMAND ), né à Bor deaux le co août 1758, avait été destiné au barreau, dans sa jeunesse, et avait acquis, dès 1789, dans cette carrière, une célébrité qui le fit nommer membre du tribunal de cassation, lors de la fondation de ce tribunal. Les lumières et les principes amis de la liberté qu'il y montra, le firent charger par l'assemblée constituante, peu de temps après l'établissement de la constitution civile du clergé, de la

commission délicate de se rendre dans les départemens de l'ouest, pour y juger l'esprit des habitans, relativement à cette constitution. Devenu de plus en plus cher à ses compatriotes, dont il servait les intérêts à Paris comme s'il eût été le fondé de pouvoirs de chacun d'entre eux, tous lui donnèrent leurs suffrages, lorsqu'en septembre 1791, les départemens furent appelés à nommer leurs députés à l'assemblée qui succédait à l'assemblée constituante. Déjà uni de principes, de sentimens et de vues, avec les plus distingues d'entre les collègues qui venaient de lui être donnés (Guadet et Vergniaud), Gen

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autrichienne à Berlin, acte de soumission sur le pied des constitutions acceptées et jurées par Marie-Thérèse.M. Gendebien ayant proposé au congrès d'en délibérer de suite, le secrétaire d'état fit renvoyer la motion au lendemain, et on convint de l'heure mais le lendemain le secrétaire arriva fort tard avec plusieurs députés, et l'un d'eux excusa ce retard, « sur ce qu'ils avaient dû employer toute la nuit à calmer le peuple, qui voulait venir égorger le président de l'assemblée, à cause de sa motion anti-patriotique de la veille. » M. Gendebien essaya d'obtenir justice de l'assemblée contre les factieux, qui calomniaient et trompaient la nation; mais voyant la stupeur qui paralysait la plupart des députés, asservis par une olygarchie dont rien ne balançait plus le pouvoir, et désespérant à juste titre du salut de la patrie, îl donna sa démission et se retira. Toutefois presqu'aussitôt sa province lui donna une nouvelle preu ve de la plus honorable confiance, en le députant aux états-généraux, où il consentit enfin à reprendre ses fonctions. II fut envoyé ensuite à la Haye, à l'effet de négocier la réconciliation avec la maison d'Autriche; elle fut signée le 10 décembre 1790. M. Gendebien, de retour dans sa province, s'acquitta avec zèle des fonctions de pensionnaire des états, jusqu'au moment de leur émigration, en 1794. Rentré dans sa patrie à la fin de 1795, il fut nommé, en l'an 6, au conseil des cinq-cents, à l'unanimité des suffrages; mais il crut ne pas pouvoir accepter. En janvier 1802, il entra au corps législatif, dont il n'a pas cesse de faire partie jusqu'au 31 décembre 1813. Depuis la formation de la commission de l'intérieur, en 1807, il en a toujours été nommé membre par les suffrages de ses collègues, jusqu'au moment où il a cessé de faire partie de ce corps. En 1810, il reçut la décoration de la légion d'honneur pour ses nombreux travaux dans cette commission. Lorsque les événemens militaires et politiques de 1813 et 1814 eurent séparé la Hollande et la Belgique de l'empire français, il fut nommé membre de la commission chargée de réviser la constitution hollandaise qui devait régir les deux pays: il y professa les principes d'une sage li berté. Nommé par le roi à la seconde chambre des états-généraux, il a été continué dans ces fonctions par les états de

sa province, dont il n'a cessé de servir les intérêts, ainsi que de ceux de tous ses concitoyens, avec autant de zèle que de franchise et de désintéressement. Les veritables principes du gouvernement représentatif ont toujours eu en lui un défenseur aussi fidèle qu'éclairé : toujours il a fait entendre dans la tribune nationale, le langage d'un vrai citoyen, fort de l'autorité d'une longue expérience et d'une vie irréprochable. A la fin de 1815, M. Gendebien a été nommé chevalier de l'ordre du lion belgique.

GENLIS (STÉPHANIE - FÉLICITÉ DUCREST, comtesse de GENLIS, puis marquise de SILLERY, redevenue enfin comtesse de), naquit en 1746. Sans fortune, sa famille et elle-même sentirent de bonne heure la nécessité de chercher dans les arts une ressource contre le besoin. Elle apprit à pincer de la harpe et fit sur cet instrument des progrès tellement rapides, qu'on ne parlait dans le monde que du talent de M. Ducrest, avant même qu'elle y eut été entendue. Elle fut introduité fort jeune, par sa mėre, dans quelques maisons considérables de Paris; vingt-cinq louis étaient le prix ordinairement fixé pour ses soirées, lorsqu'elles ne passaient pas minuit; mais comme il n'était pas rare de trouver des amateurs qui, de l'enthousiasme du talent passaient à celui de la personne, il arrivait alors que l'enchantement de la soirée se prolongeait jusqu'au matin, et dans ce cas le prix était double. Les succès de son talent et ceux de sa jolie figure ne furent pas les seuls par lesquels Mile Ducrest réussissait dans le monde : elle y avait apporté de l'esprit et un grand talent d'observation; elle sut en profiter, et apprit de bonne heure à saisir les ridicules, à étudier les usages, et à discerner toutes les nuances qui forment le ton de la bonne compagnie. La figure et les succès de Mile Ducrest ne tardèrent pas à lui attirer d'éclatans hommages. Plusieurs avantures galantes, dans lesquelles on prétendait que l'amour n'avait joué qu'un rôle très secondaire, lui furent attribuées; le comte de Genlis, l'un des roués les plus décidés de ce temps-là, ne l'avait pas encore vue, lorsque, frappé du style d'une lettre tombée par aventure entre ses mains, sa tete s'enflamma pour elle; cette passion fut bientot connue, et Mile Ducrest qui, jusques-là, n'avait pas été

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