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la ville. Il passa de nouveau en Cala bre; mais détesté par les autres chefs de masse, il fut oblige d'en sortir, et se rendit à Palerme, où il eut bientót connaissance du plan de soulèvement organisé par le commodore Sydney Smith, sous les auspices de la reine. Il partit avec cet Anglais, rassembla quelques-uns de ses soldats vers le Cilento, passa dans l'ile de Capri, et de là dans toutes celles qui l'environnent, et y fomenta l'esprit d'insurrection qui y existait déja. Après avoir recruté sa troupe de tout ce qu'il trouva d'hommes propres à un coup de main, il débarqua à Sperlonga, et marqua sa route par des incendies, des vols et des assassinats; il ouvrit aussi les prisons aux criminels, et ce fut par de pareils moyens qu'il se composa une bande qui ne put résister long-temps aux attaques des troupes réglées. Blessé en combattant avec fureur, il se refugia, après la dispersion des siens, chez un paysan de Siant-Severin; mais cet homme, dont la blessure de son nouvel hôte et d'autres circonstances avaient éveillé les soupçons, le dénonça aux autorités. Fra-Diavolo fut arrété, et conduit à Naples le 6 novembre 1806. Mis en jugement le 10 du même mois devant la commission spéciale chargée de décider du sort des rebelles, il vomit des imprécations contre la reine et l'officier anglais, auxquels il imputait sa perte. Il fut condamné à mort malgré les efforts de l'habile avocat qu'il avait choisi, et exécuté, le même jour à deux heures, sur la place du marché, en présence d'un peuple immense. Malgré sa férocité naturelle, ce chef de bandits n'était pas incapable d'un bon procédé: et dans certaines circonstances, on l'a vu faire restituer à des voyageurs qui lui avaient inspiré un intéret particulier, tout ce que ses gens leur avaient enlevé. FRANÇAIS (Le comte ANTOINE), né à Valence, en Dauphiné, le 17 janvier 1756, était chef de la direction des douanes à Nantes, lors de la révolution, dont il adopta les principes et servit la cause avec autant de franchise que de lumières. Le choix presqu'unanime des citoyens de Nantes l'avait élevé aux fonctions municipales; le corps électoral du département de la Loire-Inférieure le porta, en septembre 1791, à l'assemblée législative. Il y prit place parmi les défenseurs les plus ardens de la cause po

pulaire, et ne s'occupa, dans les premiers tems de la session, que de matières de finance et d'administration d'un intérêt secondaire. Enfin le 26 avril 1792, il prononça un discours véhément sur les moyens de faire cesser les troubles suscites par le brigandage, et le fanatisme des prêtres dissidens et factieux. Dans l'impossibilité de rapporter tout entier ce discours, qu'accueillirent dans l'assemblée des applaudissemens unanimes et vingt fois renouvelés, nous nous bornerons à l'extrait suivant, en regrettant sincèrement de ne pouvoir en offrir le texte à nos le cteurs «Depuis l'origine des cultes, le culte respectable des chrétiens est un de ceux qui ont eu le plus à se plaindre de leurs ministres. Lorsque, voisins encore de son berceau, ils furent pénétrés de son esprit primitif, ils adoucirent, éclairèrent et affranchirent les hommes; mais bientôt on les vit, tenant le glaive, allumant des bûchers, usurpant les biens, asservissant la pensée, abrutissant les peuples, flattant ou assassinant les rois, former cette théocratie monstrueuse qui avait placé sous la sauve-garde de l'Évangile le premier anneau de la servitude de vingt peuples. » Du tableau général des maux enfantés par la superstition, qui est à la religion ce que l'anarchie est à la liberté, M. Français passa aux usurpations de la cour de Rome, et montra dans cette dernière partie de son discours, la même supériorité de discussion que dans la première. Toujours appuyé sur des faits, il ne pouvait manquer de rendre la conviction universelle, et son triomphe fut complet. Au reste, il ne parla point le langage des proscriptions, qui lui fut toujours étranger, et se borna à réclamer et à indiquer des mesures de répression; le 5 mai suivant, il ramena l'attention de l'assemblée sur la méme matière; le 10, il attaqua avec toute la force du véritable patriotisme, qui ne connut jamais ni amis ni auxiliaires parmi les assassins, les auteurs des crimes commis à Avignon. Le 18 juin 1792, M. Français, occupant le fauteuil, présenta à l'assemblée le jeune William Priestley, de Birmingham, fils du docteur Joseph Priestley; prononça un éloge de ce dernier, et obtint que des lettres de naturalisation fussent accordées au fils. Trop heureux d'échapper à l'œil de la tyrannie, M. Français se renferma dans une

■bscurité profonde, sous le règne des décemvirs, et ne reparut sur la scène politique qu'en 1798, époque à laquelle il fut nommé député de l'Isère au conseil des cinq-cents. Le 28 mai 1799, il dénonça les projets des royalistes du midi de la France, enhardis par les succès des coalisés, et proposa que les veuves et enfans des patriotes massacrés, fussent traités comme ceux des défenseurs de la patrie. Le 12 juin de la même année, il exposa les avantages dont la société était redevable à l'imprimerie, et défendit la liberté de la presse. « Quand les routes, dit-il, sont infestées de voleurs, et que les voleurs ne sont pas réprimés, il faut allumer les réverbères. Les réverbères de l'ordre social sont les journaux libres. Je sais que beaucoup jetteront de fausses, de trompeuses lumières; mais d'autres aussi éclaireront les prestiges des premiers. » Il était difficile de mieux choisir sa comparaison, et de l'exprimer avec plus d'esprit. Tout annonce enfin que ces grandes vérités, constamment proclamées depuis trente ans, touchent au moment de n'être plus méconnues, et les amis de la liberté n'oublieront pas que M. Français est au premier rang de ceux qui osèrent combattre pour ce droit sacre. Ce député fut l'un de ceux qui s'élevèrent avec plus de force dans la séance du 30 prairial an 7 (18 juin 1799), contre le directoire exécutif, renversé dans cette journée; dans cette même séance, il fit décréter la mise hors la loi de quiconque oserait attenter à la sûreté ou à la liberté du corps législatif. Il fut ensuite membre de la commission des onze; fit en son nom un rapport trèsétendu, sur l'état où la république avait été réduite sous le gouvernement des derniers directeurs, et ne reparut qu'après les événemens du 18 brumaire. Déçu jusques-là dans toutes les espérances qu'il avait conçues pour le bonheur et la liberté de la république, M. Français prit une part active au grand changement qui venait de s'opérer dans l'état. Nommé d'abord préfet de la Charente-Inférieure et membre du conseil-d'état, il fut, bientôt après, chargé de l'organisation et de la direction générale de l'administration des droits réunis. Cette institution odieuse, sans doute, comme tou tes celles du même genre, sous le rapport de la fiscalité, devint, entre les mains

de M. Français, à l'époque où elle fut établie,un moyen de secours pour l'infortune; en effet, plus de dix mille individus, de tout état et de tous les partis, ont été employés dans cette administration, dont le malheur, lorsqu'il n'était pas dépourvu de quelqu'intelligence, ne fut jamais repoussé. Les événemens du 31 mars 1814, déplacèrent le comte Français, et lui donnèrent pour successeur un ancien apothicaire de Grenoble, nommé Bérenger, l'un des plus vils instrumens du despotisme impérial, et qui n'a rien perdu de sa bassesse sous la restauration. Quoique cet homme, aussi avide qu'ignorant, n'ait conservé que peu de temps la direction générale des droits réunis, désignés alors sous le nom de contributions indirectes, le comte Français n'a cependant point été replacé à la tête de cette administration, qui peut étre considérée comme son ouvrage; il est resté membre du conseil-d'état, où il avait été appelé le 29 juin 1814. Maintenu dans ce conseil au retour de Bonaparte, le comte Francais a attaché son nom à l'immortelle déclaration du 25 mars 1815 (voy. DEFERMONT), qui renferme, parmi quelques erreurs et quelques adulations qu'arrachaient peut-être les circonstances, les seuls principes de droit public que puisse avouer un homme d'honneur, ami de la liberté. Bonaparte, toujours lui-même, aima mieux, à son retour, confier la direction des contributions indirectes à l'un de ses conseillers les plus honteusement connus sous le régime impérial, par l'extrême lâcheté de ses complaisances et son asservissement au pouvoir (voy. JAUBERT), que de le rendre à l'homme d'état habile, qui s'était efforcé constamment d'adoucir toutes les formes de la fiscalité, et qui s'occupait encore du soin de les rendre moins odieuses, à l'époque où sa place lui a été retirée. Au reste, une consolation chère au cœur de l'homme de bien, reste à M. Français dans sa retraite; il n'a fait beaucoup d'ingrats que parce qu'il avait fait beaucoup d'heureux.

n'y.

FRANCASTEL, député-suppléant de l'Eure à la convention nationale entra qu'après le procès de Louis XVI, et fut, le 4 juillet 1793, adjoint au comité de salut public. Chargé en octobre de la même année, avec son collègue Hentz, de remplir une mission près de l'armée de l'ouest, la correspondance de ce dé

puté avec la convention, et les mesures révolutionnaires ordonnées par lui, ont rendu son nom horriblement fameux. Devenu, après la session conventionnelle, chef de bureau au ministère de l'intérieur, il en sortit à la retraite de Quinette, et se retira dans une propriété qu'il avait acquise dans le département de Seine-et-Oise, et où il a eu la sagesse de se faire oublier.

FRANCES (SOPHIE ), a publié des poésies et des romans dans le genre de ceux de Mme Radcliffe, mais où la terreur, qui fait l'essence de ce genre, est loin d'étre maniée avec le même art, et où ses effets sont beaucoup trop prodigués. Nous citerons les trois suivans, qui ont ététraduits en français: La soeur de la miséricorde, ou la Veille de la Toussaint, 1807 et 1809, 4 vol. in-12; traduit par M. V.....ne. Constance de Lindendorf, 1807, 4 vol. in-12. L'Inconnu, ou la Galerie mystérieuse, traduit par Me de Viterne; ce dernier ouvrage a un vif intérét de curiosité, et le dénoûment en est amené avec assez d'art.

FRANCESCHETTI,general napolitain, aide-de-camp du roi Joachim, de Naples, né en Corse en 17.., fut l'un des plus braves et des plus fidèles compagnonsd'armes et de malheur de ce prince. Après la défaite de l'armée Napolitaine, à Tolentino, les 2 et 3 mai 1815, ilse rendit à Naples, d'où il trouva, peu de temps apres, le moyen de passer en Corse avec son épouse, fille de M. Colonna Cecaldi, de l'illustre maison de ce nom, riche propriétaire de l'ile, et maire du village de Viscovato, situé à 5 lieues au sud de Bastia. Il était chez son beau-père lorsque le roi Joachim, échappé aux fureurs du marquis de Rivière, qui lui devait la vie (voy. RIVIÈRE.) et qui venait de mettre la sienne à prix, arriva de Toulon à travers mille périls, et trouva l'hospitalité dans la maison du respectable Colonna,qui réunit pour le défendre, six cents hommes, ses parens et ses amis. complètement armes. Le roi Joachim s'étant retiré à Ajaccio, pour éviter les funestes éclats auxquels sa présence et le zèle de ceux qu'intéressaient également sa personne et son malheur, eussent infailliblement donné lieu, le général Franceschetti l'y suivit. Lorsque le roi se fut décidé, dans la nuit du 28 au 29 septembre 1815, à tenter la fatale entreprise qui lui a coûté la vie, le brave

Franceschetti abandonna sa femme et sa famille pour suivre la fortune de son souverain, et s'embarqua avec lui L'in. tention du roi était de se rendre à Salerne, à 10 lieues de Naples; mais la tempéte jeta la felouque qui portait ce prince et les trente-sept officiers de tout grade qui l'accompagnaient, et parmi lesquels était le général Franceschetti,à l'entrée du golfe de Ste-Euphémic, situé à un demi mille de la ville de Pizzo. De là ils marchèrent tous ensemble sur cette ville, où ils ne s'arrêtèrent qu'un moment, et poursuivirent leur route vers les hauteurs de Monte-Léone, capitale des Calabres. Attaqués avant d'arriver dans cette ville (voy. JOACHIM), Franceschetti combattit avec une valeur désesperée, fut blessé aux côtés du roi, parvint à échapper à ses ennemis qui ne songeaient qu'à poursuivre Joachim, et se retira dans les montagnes de Monte-Léone: las enfin de traîner une vie inquiète et vagabonde, et exposée à de continuels dangers, il se rendit aux autorités de Cosenza. Le 8 juillet 1816, le conseil de guerre du royaume de Naples, présidé par le marquis de St.-Clair ayant fait un rapport au roi sur la conduite de ce loyal et courageux officier Ferdinand voulut bien consentir à ne pas joindre le nom de Franceschetti à la liste, déjà si nombreuse, des victimes de son règne. En conséquence, l'enquête déjà commencée contre ce général ne fut pas continuée, et il obtint la permission de se retirer en Sicile, avec défense seulement de resider à Palerme.

FRANCIS (PHILIPPE), Anglais,*fils du célèbre traducteur d'Horace et de Démosthènes, naquit à Dublin en 1740. En 1756, il obtint une place dans les bureaux de la secrétairerie d'état. Deux ans après, il fut secrétaire du général Bligh, qui commandait l'expédition contre Cherbourg, et, en 1760, il suivit, en la méme qualité, le comte de Kiennoul, ambassadeur à la cour de Lisbonne 11 obtint, en 1763, dans les bureaux de la guerre, une place qu'il résigna en 1772, pour se rendre dans les Indes-Orientales, comme membre du conseil du gouvernement du Bengale. Il retourna en Angleterre par suite de quelques différends avec M. Hastings, alors gouverneur-général; différends qui se terminèrent par un duel il prit une part très-active à l'accusation de ce gouverneur. En 1781

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puté avec la convention, et les mesures Franceschetti abandonna sa femme et móralytiannide

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