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traits de sang, dans le rapport fait par Courtois, à la convention nationale, dans sa séance du 19 nivóse an 3(8 janver 1795), sur les papiers trouvés chez Robespierre. On y voit que Robespierre était le bon, le cher ami de Jullien; qu'après avoir fait périr sur l'échafaud les plus illustres proscrits du 31 mai (voy. GUADET), il proposait de «faire raser les maisons où ils s'étaient cachés, et de faire juger et périr sur les lieux les auteurs ou complices du recèlement de ces conspirateurs. » Si de tels forfaits peuvent (ce que nous sommes loin de penser) admettre une excuse, elle est tout entière dans l'âge du jeune fanatique qui s'en rendit coupable, et qui, depuis, en a exprimé de vifs remords. Nous ne discuterons ici ni les questions de savoir si les pouvoirs de Jullien étaient illimités ou non; s'il s'efforça de s'opposer, à Bordeaux, à la tyrannie d'hommes moins barbares que lui; s'il a été calomnié par eux: ses pouvoirs lui suffirent pour faire verser des flots de sang, et s'il s'opposa aux actes des représentans, ce fat bien moins dans l'intéret de l'humanité,que dans celui de son autorite personnelle. Quant aux calomnies dont il prétend avoir été l'objet, il est des hommes et des forfaits contre lesquels la calomnie elle-même est impuissante. Ce qui lrouve néanmoins que le cœur et l'esprit de ce Seïde étaient encore ouverts à quelques sentimens généreux et à quelques idées justes, c'est qu'à l'instant même où il provoquait toutes les fureurs de la tyrannie contre les illustres et derniers défenseurs de la liberté républicaine, c'était aux tyrans eux-mêmes qu'il dénonçait l'un de leurs plus exécrables agens En effet, nommé, en 1794, commissaireadjoint de l'instruction publique, avec Payan et Fourcade, il contribua, dans le même temps, à faire rappeler Carrier de la Vendée, et s'expliquait sur les barbaries de ce monstre, avec une franchise et ane indignation qui formaient le plus étrange et le plus inexplicable contraste avec sa propre conduite. Après le 9 thermidor, ce même Carrier et Tallien, le poursuivirent à leur tour; mais dans cette confusion d'intérêts et de crimes solidaires, les dénonciateurs et les dénoncés reconnurent bientôt combien il importait à tous, de renoncer à d'imprudentes pour suites, et Carrier se trouva seul dévoué par les partis, comme victime expiatoire. Jullien contribua beaucoup à sa condam

nation. Après l'installation du directoire, il rédigea un journalintitulé l'Orateur plebien, dont le gouvernement payait les frais. Il fit ensuite partie de l'expédition d'Egypte, en qualité de commissaire des guerres, et fut membre de l'institut da Caire. Revenu en Europe, il passa à l'armée d'Italie, suivit Championnet à l'expédition de Naples, et fut traduit avec lui à un conseil de guerre, comme complice de la desobeissance de ce général à l'autorité du directoire. Rendu à la liberté, le 30 prairial (18 juin 1799), par la chute des directeurs Treilhard, RevelliereLépaux et Merlin, Jullien revint à Paris, et fut remis en activité dans ses fonctions de commissaire. A l'époque du 18 brumaire (9 novembre), il publia, après l'installation du consulat, un écrit fait avec beaucoup d'adresse, et dans lequel, en donnant toujours une main à son ancien parti, il présentait, sous le plus bel aspect, les derniers événemens, et surtout celui qui en était le héros. Nommé sousinspecteur aux revues, il conserva cette place jusqu'en 1808, et passa alors à l'administration générale de la guerre, où il devint chef de bureau de la troisième section. Vers 1810, il se rendit dans le royau me d'Italie, comme inspecteur de cavalerie, s'arrêta à Milan, y fit réimprimer son Emploi du temps, et y publia, pour première fois, son Agenda général, ou Memorial portatif, etc. S'étant introduit à la cour de la vice-reine, parlant comme un moraliste pur et instruit en matière d'édu cation, affectant beaucoup de douceur et des sentimens vertueux,il capta la confiancede cette princesse, qui le consultait pour l'éducation de ses enfans; mais le vice-roi ayant été instruit du rôle odieux qu'il avait joué dans les premières années de la révolution, les portes du palais lui fu rent aussitôt fermées. Il prit alors le parti de se rendre à Brescia, lieu fixé pour sa station d'inspecteur, et y pu blia deux gros vol. in 4, consacres à l'éloge de la méthode d'enseignement de Pestalozzi. M. Jullien a fait imprimer un grand nombre d'écrits sur diverses matières; en voici la liste: Essai sur une méthode qui a pour objet de bien régler l'emploi du temps, premier moyen d'être heureux, 1808, 1810, in-8.-Essai general d'éducation physique, morale et intellectuelle, 1808, in-4.- Esprit de la méthode d'éducation de Pestalozzi,

la

1813, 2 vol. in-8. - Mémorial horaire, ou Thermomètre de l'emploi du temps, 1813, in-8. Agenda général, ou Mémorial portatif universel, livret-pratique d'emploi du temps, composé de tablettes utiles et commodes, troisième édition, 1815, in-12. Sur les prochaines élections des membres de la chambre des députés au 1er août 1815. M. Jullien a été l'un des rédacteurs de la feuille qui, pendant les centsjours de 1815, a paru sous le titre d'Indépendant, puis sous celui de Courrier, ensuite sous celui de Constitutionnel, et qui, après sa suppression, en 1817,s'est réunie auJournal du Commerce, Il voyageait en Suisse dans ces derniers temps, et il a etudié avec soin et succès, les diverses méthodes d'instruction qu'on y suit. Il a publié, sur cette matière les écrits suivans: Esquisse d'un ouvrage sur l'éducation europeenne comparée 1817, in-8.- - Précis sur les instituts d'éducation et d'agriculture de M. de Fellenberg, 1817, in-8.-Il a donné, en 1817, un Manuel électoral, in-8. L'idée et l'exé cution de ce dernier ouvrage ont surtout droit à de justes éloges.

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JUNOT (ANDOCHE), duc d'Abrantès, né à Bussi-le-Grand, en Bourgogne, le 25 octobre 1771, était étudiant en droit au moment de la révolution. Parti,en 1792, comme grenadier dans un des bataillons de volontaires du département de la Côted'Or, ́il se fit connaître par un courage qui tenait souvent de la témérité, et de vint en 1796, aide-de-camp de Bonaparte. Il fit, auprès de ce général, cette brillante campagne d'Italie,à laquelle les temps modernes n'ont rien à comparer, et se fit remarquer constamment par une intrépidité peu commune. Il accompagna ensuite Bonaparte en Égypte, et ne s'y distingua pas moins, surtout dans l'expédition de Syrie, où il livra, avec environ 3oo Français, à la fin de juillet 1800, le fameux combat de Nazareth, à des forces très-supérieurcs. Revenu en France à la suite du général Bonaparte, avec le grade de geBéral de division, Junot concourut à la révoluion du 18 brumaire, continua long temps son service de premier aide-decamp auprès du premier consul et de l'empereur, obtint ensuite le commandement de la place de Paris, puis le titre de gouverneur de cette ville, et passa, en février 1804, au commandement d'une division de l'armée d'Angleterre. Nommé

au mois d'août de la même année, colonelgénéral des hussards, il fut décoré, le 1 février 1805, du grand-aigle de la légion. p'honneur, et ensuite de l'ordre du Christ de Portugal, qui lui fut conféré par le prince régent, auprès duquel il remplissait alors les fonctions d'ambassadeur. Il quitta Lisbonne lors de la reprise des hostilités en 1805, et s'étant rendu à l'armée d'Allemagne, il y combattit toujours aux côtés de Napoleon, et se distingua particulièrement à la bataille d'Austerlitz. Il retourna peu de temps après à Lisbonne ; et quittant bientôt le rôle d'ambassadeur pour devenir commandant en chef de l'armée qui marchait contre le Portugal, il s'empara de ce pays sans éprouver une grande résistance, et fut récompensé de cette conquête par le titre de duc d'Abrantes. Attaque bientôt et assiégé par les Anglais dans Lisbonne, le duc d'Abrantes se vit dans la nécessité de capituler le 30 août 1808, et le fit d'une manière honorable pour lui et pour son armée,qui ne fut pas prisonnière de guerre. Cependant l'empereur Napoléon ne fut pas satisfait d'un traitement aussi distingué ; et le duc, qui se trouvait à son retour dans une disgrâce complète, demeura sans commandement jusqu'à l'époque où les projets de Napoléon contre la Russie déciderent ce prince à rappeler autour de lui, en 1812, tous ceux d'entre les braves dont les services, long-temps oubliés, lui redevenaient necessaires. Le duc d'Abrantes fut chargé du commandement du 8 corps de la grande armée. Une seule fois,ileut occasionde se signaler, le 19 août, au combat de Valentina. Rentré en France après les désastres de cette campagne, il retourna dans les provinces Illyriennes, dont il était gouverneur-général. Il ytomba malade,fut ramené en France en 1813,dans un état d'aliénation complète,et remis entre les mains de sa famille. C'est là que, dans l'accès d'une fièvre ardente qui avait résisté à tous les remèdes, il se jeta, dans un moment de délire, par la fenêtre de son appartement,et mourut le 29 juillet 1813. Sa bibliothèque était composée des livres les plus rares et les plus curieux.

JUSSIEU (ANToine-Laurent de), médecin, membre de l'ancienne académie des sciences et de la société royale de mé. decine, à présent membre de l'institut, est neveu du célèbre Bernard de Jussieu. Il fit, en 1804, à l'institut, un rapport

sur les résultats de l'expédition du capitaine Baudin à la Nouvelle-Hollande. Il fut nommé, le 16 septembre 1808, conseiller à vie de l'université impériale. Le 6 avril 1814, il adhéra à la déchéance de l'empereur, et exprima son vœu en faveur des Bourbons. Dans les découvertes récentes relatives à l'anatomie végétale, M. de Jussieu s'est distingué par l'anatomie particulière de la graine, et a fixé l'attention des savans sur un corps auquel il donne le nom de périsperme, et qui se trouve, dans beaucoup de graines, indépendant des enveloppes ordinaires et des parties connues du germe. M. de Jussieu a été décoré de l'ordre de St-Michel, le 8 janvier 1817. Il a publié : Rapport de l'un des commissaires chargés par le roi de l'examen du magnétisme animal, 1784, in-4. La conclusion de ce rapport est que

l'homme produit sur son semblable une action sensible par le contact, et quelquefois par un simple rapprochement à distance; mais l'auteur attribue cet effet à l'émanation de la chaleur animale, plu tôt qu'à un fluide magnétique, non encore! démontré. L'auteur n'avait pas voulu signer le rapport des trois autres commissaires.-Genera plantarum secundùm ordines naturales disposita, juxtà methodum in Horto regio Parisiensi exaratum anno 1774, Paris, 1789, in-8; 1791. in-8. (M. Usteri en a donné une édition à Zurich, qui a été réimprimée à Leipzig en 1792). Tableau synoptique de la méthode botanique de B. et A. L. de Jussieu, 1796.-Tableau de l'école de botanique du Jardin des Plantes, de Paris. ou Catalogue général des plantes quiz sont cultivées, 1800, in-8.

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