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XXXI Adulatí nunc sumus imperatori et mentiti vota, quae dixımus, ad evadendam scilicet vim ? Plane proficit ista fallacia : admittitis nos enim probare quodcumque defendimus! Qui ergo putaveris nihil nos de salute Caesarum curare, inspice Dei voces, litteras nostras, quas neque ipsi supprimimus et plerique casus ad extraneos transferunt. 2 Scitote ex illis, praeceptum esse nobis ad redundantiam benignitatis, etiam pro inimicis Deum orare et persecutoribus nostris bona precari. Qui magis inimici et persecutores Christianorum quam de quorum maiestate convenimur in crimen ? 3 Sed etiam nominatim atque manifeste «< Orate, inquit, pro regibus et pro principibus et potestatibus, ut omnia tranquilla sint vobis ». Cum enim concutitur imperium, concussis etiam ceteris membris eius, utique et nos, licet extranei a turbis, in aliquo loco casus invenimur.

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XXXII Est et alia maior necessitas nobis orandi pro imperatoribus, etiam pro omni statu imperii rebusque Romanis, qui vim maximam universo orbi imminentem ipsamque clausulam saeculi acerbitates horrendas comminantem Romani imperii commeatu scimus retardari. Itaque nolumus experiri et, dum precamur differri, Romanae diuturnitati favemus.

2 Sed et iuramus, sicut non per Genios Caesarum, ita per salutem eorum, quae est augustior omnibus Geniis. Nescitis Genios daemonas dici et inde diminutiva voce daemonia? Nos iudicium Dei suspicimus in imperatoribus, qui gentibus illos praefecit. 3 Id in eis scimus esse, quod Deus voluit, ideoque et salvum volumus quod Deus voluit, et pro magno id iuramento habemus. Ceterum daemonas, id est Genios, adiurare consuevimus, ut illos de hominibus expellamus, non deierare, ut eis honorem divinitatis conferamus.

XXXI, 1 XXXI. DE ORATIONE PRO INIMICIS P. plane P ; tamen F. admittitis nos enim P ; admittis (sic) enim nos *F. - qui ergo putas *F. - 3 omnia tranquilla P; tranquillae F (cf. Pauli I ad Tim., 2, 1-2 : ut quietam et tranquillam vitam agamus). a turbis F; a turbis aestimemur P.

XXXII, 1 XXXII. ITEM PRO IMPERIO ET POTESTATE IMPERATORIS P.

etiam pro

que des ongles de fer nous déchirent, qu'on nous suspende à des croix, que les flammes lèchent notre corps, que les glaives nous coupent la gorge, que les bêtes fauves bondissent sur nous: la seule attitude du chrétien qui prie le montre prêt à tous les supplices! Allons, excellents gouverneurs, arrachez de nos corps une âme qui prie Dieu pour l'empereur ! Le crime sera là, où est le vrai Dieu, où est la fidélité à Dieu !

XXXI En parlant ainsi, avons-nous flatté l'empereur, et les prières que nous venons de dire, ne sont-elles que mensonges, pour éviter vos rigueurs? Eh! oui, il nous réussit, cet artifice; vous admettez, en effet, que nous prouvions tout ce que nous pouvons avancer pour notre défense! Vous donc, qui croyez que nous n'avons nul souci du salut des Césars, examinez les paroles de Dieu, ouvrez nos Ecritures; nous ne les cachons pas et maints accidents les font tomber entre des mains étrangères. 2 Elles vous apprendront qu'il nous a été ordonné de prier pour nos ennemis, jusqu'à rendre notre charité excessive, et de demander des biens pour nos persécuteurs. Or, quels sont les plus grands ennemis et les plus cruels persécuteurs des chrétiens, sinon ceux envers qui on nous accuse du crime de lèse-majesté ? 3 Il y a plus : il est dit d'une manière précise et claire : « Priez pour les rois et pour les princes et pour les autorités, afin que tout soit tranquille pour vous. » En effet, quand l'empire est ébranlé, tous ses membres le sont aussi, et nous, bien que nous nous tenions à l'écart des troubles, nous nous trouvons naturellement enveloppés en quelque manière dans la catastrophe.

XXXII Nous avons un autre motif, plus pressant encore, de prier pour les empereurs, même pour la prospérité de l'empire tout entier et pour la puissance romaine : nous savons, en effet, que la terrible catastrophe suspendue au-dessus de la terre entière et la clôture du temps elle-même, qui nous menace d'horribles calamités, n'est retardée que par le répit accordé à l'empire romain. Nous ne tenons nullement à faire cette expérience et, en demandant qu'elle soit différée, nous contribuons à la longue durée de l'empire romain.

2 Au surplus, nous jurons, sinon par le Génie des Césars, du moins par leur salut, plus auguste que tous les Génies. Ne savez-vous pas que les Génies sont appelés démons ou, pour employer le diminutif, daemonia? Nous respectons dans les empereurs le jugement de Dieu, qui les a mis à la tête des nations. 3 Nous savons qu'il y a en eux ce que Dieu a voulu, et, par conséquent, ce que nous voulons sain et sauf,

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omni statu imperii P; et ita universo orbe et statu imperii F (vel glossema est, vel ex sequentibus irrepsit Hav.). itaque nolumus experiri, et *FP ; ita, quae nolumus experiri, ea LATINIUS (v. HAV.). 2 sed et iuramus, sicut non P ; sed et sic iuramus, non F. suspicimus *FM; suscipimus P. 3 volumus F; volumus esse P. id iuramento P ; adiuramento F. expellamus F; exigamus P. illis honorem *F.

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- ut

XXXIII Sed quid ego amplius de religione atque pietate Christiana in imperatorem, quem necesse est suspiciamus ut eum, quem Dominus noster elegit, ut merito dixerim : Noster est magis Caesar, a nostro Deo constitutus ? 2 Itaque, ut meo, plus ego illi operor in salutem, si quidem non solum ab eo postulo eam, qui potest praestare, aut quod talis postulo, qui merear impetrare, sed etiam quod, temperans maiestatem Caesaris infra Deum, magis illum commendo Deo, cui soli eum subicio ; subicio autem cui non adaequo. 3 Non enim deum imperatorem dicam, vel quia mentiri nescio, vel quia illum deridere non audeo, vel quia nec ipse se deum volet dici. Si homo sit, interest homini Deo cedere. Satis habet appellari imperator: grande et hoc nomen est, quod a Deo traditur. Negat illum imperatorem, qui deum dicit: nisi homo sit, non est imperator. 4 Hominem se esse etiam triumphans in illo sublimissimo curru admonetur; suggeritur enim ei a tergo: «Respice post te! hominem te memento! » Et utique hoc magis gaudet, tanta se gloria coruscare, ut illi monitio condicionis suae sit necessaria. Minor erat, si tunc deus diceretur, quia non vere diceretur. Maior est qui revocatur, ne se deum existimet.

XXXIV Augustus, imperii formator, ne dominum quidem dici se volebat. Et hoc enim Dei est cognomen. Dicam plane imperatorem dominum, sed more communi, sed quando non cogor, ut dominum Dei vice dicam. Ceterum liber sum illi; dominus enim meus unus est Deus omnipotens, aeternus, idem qui et ipsius. 2 Quomodo, qui pater patriae est, dominus est? Sed et gratius est nomen pietatis quam potestatis ; etiam familiae magis patres quam domini vocantur.

3 Tanto abest, ut imperator deus debeat dici, quod non potest

XXXIII, 1 PRO IMPERATORE. XXXIII P. - in imperatorem *F; in imperatore P. elegerit *F. ut a nostro Deo *F. 2 siquidem non solum ab eo postulo eam, qui potest P; non solum quod eam ab eo postulo, qui potest F. soli eum F; soli P. 3 satis habet F; satis habeat P. 4 te memento P ; te esse memento F. monitio F; admonitio P.

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XXXIV XXIXIII. DE AUGUSTO IMPERATORE P. 1 sed more communi P ; om. F. — omnipotens aeternus *FP (om. et). — 2 quomodo qui p. p. est, dominus est ? F ; qui p. p. est, quomodo dominus est ? P. nomen est *F. 3 quod non potest

c'est ce que Dieu a voulu, et c'est là, à nos yeux, un solennel serment. Quant aux démons, c'est-à-dire aux Génies, nous avons l'habitude de les conjurer pour les chasser des corps, et non de jurer par eux et de leur rendre ainsi un honneur qui revient à la divinité.

XXXIII Mais pourquoi parler plus longuement des sentiments de religion et de la piété des chrétiens envers l'empereur ? Nous sommes obligés de le respecter, attendu qu'il est celui que notre Seigneur a élu, et je pourrais dire avec raison : « César est plutôt à nous, puisque c'est notre Dieu qui l'a établi. »2 Aussi, puisqu'il est à moi, je contribue plus qu'un autre à son salut : car non seulement je le demande à Celui qui peut l'accorder, et je le demande étant tel qu'il faut être pour mériter de l'obtenir; mais encore, abaissant la majesté de César au-dessous de Dieu, je le recommande plus efficacement à Dieu, à qui seul je le soumets, et je le soumets à Dieu parce que je n'en fais pas son égal. 3 En effet, je n'appellerai pas l'empereur « dieu », ou parce que je ne sais pas mentir, ou parce que je ne voudrais pas me moquer de lui, ou parce qu'il ne voudrait pas lui-même être appelé dieu. S'il est homme, il est de son intérêt de le céder à Dieu. Il lui suffit d'être appelé empereur; c'est aussi un grand nom que celui-là, car il est donné par Dieu. Dire qu'il est dieu, c'est lui refuser le titre d'empereur sans être homme, il ne peut être empereur. 4 On lui rappelle sa condition humaine le jour même du triomphe, quand il est assis sur le plus sublime des chars ; car on crie derrière lui : « Regarde derrière toi! Souviens-toi que tu es homme ! » Et naturellement sa joie augmente, quand il songe qu'il brille d'une gloire si éclatante, qu'il est nécessaire de lui rappeler sa condition. Il serait moins grand, si on l'appelait dieu en cette circonstance, parce que ce serait un mensonge. Il est plus grand, quand on l'avertit qu'il ne doit pas se croire dieu.

XXXIV Auguste, le fondateur de l'empire, ne voulait pas même qu'on l'appelât « maître ». Car c'est là encore un surnom de Dieu. A la vérité, je donnerai à l'empereur le nom de « maître »,mais dans le sens reçu, et lorsque je ne suis pas forcé de le lui donner dans le même sens que je le donne à Dieu. Au reste, je suis libre vis-à-vis de lui; je n'ai qu'un « maître », le Dieu tout-puissant et éternel, qui est aussi le maître de l'empereur lui-même. 2 Celui qui est le « père de la patrie », comment en serait-il le maître ? Au surplus, un nom tiré de la piété filiale est bien plus doux que celui qui désigne le pouvoir; aussi disonsnous « pères » de famille plutôt que « maîtres » de la famille.

3 A plus forte raison ne doit-on pas donner aux empereurs le nom de « dieu » c'est une chose qui ne peut pas être, même par la plus honteuse, disons mieux, la plus pernicieuse des flatteries. Si, ayant un empereur, vous donnez ce nom à un autre qu'à lui, ne vous attirez-vous

credi P (legendum videtur: quod non potest, sc. esse (cf. 13, adulatione collocat F. - si habens F ; tamquam si habens P.

2); haec verba post cui deo opus est P ;

non modo turpissima sed et perniciosa adulatione. Si habens imperatorem alterum appelles, nonne maximam et inexorabilem offensam contrahes eius, quem habuisti, etiam ipsi timendam, quem appellasti? Esto religiosus in Deum, qui vis illum propitium imperatori. Desine alium deum credere atque ita et hunc deum dicere, cui Deo opus est. 4 Si non de mendacio erubescit adulatio eiusmodi, hominem deum appellans, timeat saltem de infausto. Maledictum est ante apotheosin deum Caesarem nuncupare. Scito te isto nomine male velle et male abominari, ut, vivente adhuc imperatore, deum appelles, quod nomen illi mortuo accedit.

XXXV Proptera igitur publici hostes Christiani, quia imperatoribus neque vanos neque mentientes neque temerarios honores dicant, quia verae religionis homines etiam solemnia eorum conscientia potius quam lascivia celebrant.

2 Grande videlicet officium focos et toros in publicum deducere, vicatim epulari, civitatem tabernae habitu abolefacere, vino lutum cogere, catervatim cursitare ad iniurias, ad impudicitias, ad libidinum ludibria ! Siccine exprimitur publicum gaudium per dedecus publicum! Haecine solemnes dies principum decent, quae alios dies non decent ? 3 Qui observant disciplinam de Caesaris respectu, hi eam propter Caesarem deserunt, et malorum morum licentia pietas erit, occasio luxuriae religio deputabitur ! 4 O nos merito damnandos! Cur enim vota et gaudia Caesarum casti et sobrii et probi expungimus ? Cur die laeto non laureis postes obumbramus nec lucernis diem infringimus ? Honesta res est, solemnitate publica exigente, induere domui tuae habitum alicuius novi lupanaris !

5 Velim tamen in hac quoque religione secundae maiestatis, de qua in secundum sacrilegium convenimur Christiani non celebrando vobiscum solemnia Caesarum, quo modo celebranda occasio voluptatis magis quam digna ratio persuasit, si nec modestia nec verecundia nec pudicitia permittunt, fidem et veritatem vestram demonstrare, ne forte et istic deteriores Christianis deprehendantur qui nos nolunt Romanos haberi, sed ut hostes principum Romanorum. 6 Ipsos Quirites is mque vernaculam septem collium plebem convenio, an alicui

cui dei opus est F. - 4 maledictum est ante P ; male traditum ante F. nuncupare F ; nuncupari P. Reliqua in solo F leguntur, nisi quod habet scio pro scito et mortuum accidit pro mortuo accedit.

XXXV. DE SOLLEMNIBUS CAESARUM. XXXV P. - 1 quia P ; an quia F. — 2 deducere F; educere P. tabernae habitu abolefacere, vino lutum cogere P ; in tabernae habitum demu.tare, vinulentiam facere F. - ad impudicitias F ; ad impudentias P. — ad libidinum ludibria F ; ad libidinis illecebras P. — sicine P ; sic enim F. haecine solemnes usque ad non decent P; haec in solemnes dixi principum, decernuntque alios dies non decet F. 3 qui observant P ; quae observant F. 4 infringimus P ; effringimus F. 5 quo modo usque ad veritatem vestram F (nisi quod voluntatis habet pro voluptatis et nostram pro vestram); quo more

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