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1567.

BIBLE (la) qui est tovte la Saincte Escriture: contenant le Vieil et le Nouveau Testament. (A Genève), de l'imprimerie de François Estienne, MD.LXVII, in-8°.

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Cette Bible est très-remarquable par son exécution typographique. Elle se compose ainsi: le titre, l'Espitre aux lecteurs, la somme de tout ce que nous enseigne l'Escriture, le nom de tous les Livres de la Bible., 4 ff; le texte de: 1° 370 ff. chiffrés d'un seul côté (dans cette partie, il doit se trouver entre les feuillets 1 et 2 une figure représentant la situation du jardin d'Eden, qui est non chiffrée et qui peut manquer; un tableau généalogique

entre les ff. 51 et 52, aussi non chiffré; entre les ff. 69 et 70. on voit une carte de la marche des Israélites; entre 97 et 98, un tableau du partage de la terre de Canaan).

2o Les Livres apocryphes qui recommencent le chiffrage de 1 à 90.

3o Le Nouveau Testament, avec un titre, de 162 ff. chiffrés. plus 11 ff. pour l'interprétation des mots et l'indice. (Cette partie contient entre les ff. 3 et 4 une carte de la terre sainte, elle se déploie; entre 55 et 56 une autre de la Carte des pays et autres lieux mentionnez dans le livre des Apôtres.)

4o Une partie composée de 82 ff. comprend un Avis à tovs Chrestiens, les Psaumes mis en rimes françoises, par Théod. de Bèze et Clément Marot, avec la musique notée; prières et table des Psaumes; la forme des prières ecclésiastiques, et le Cathéchisme.

5° Calendrier historial de 8 ff,, avec un titre. Nous ajouterons que le texte, imprimé en très-petits caractères, est orné de figures sur bois très-finement gravées, dont nous donnons un specimen d'après la planche originale, l'accoustrement du grand sacrificateur.

Il existe plusieurs éditions postérieures de cette Bible faites à Genève dans le même format ou dans un format plus petit, entr'autres celle de 1588 (avec la marque de Leymarie). En tête, se trouve un avertissement aux marchands libraires et imprimeurs, où on lit:

« Les frais de cet ouvrage, imprimé en trois différentes formes en même temps, ont été libéralement fournis par quelques gens de bien, qui n'ont cherché de gagner pour leur particulier, mais seulement de servir à Dieu et à son Église. Or, nous avons jugé nécessaire de notifier cela, afin qu'outre la louable coutume observée par gens d'honneur, maniant la librairie, de ne faire concurrence, ni pocher les labeurs d'autrui, la charité

qui commande à tous chrestiens d'avoir pitié d'une infinité de pauvres personnes, malades, impotents, vieux, orphelins, passants et autres recevant quelques subventions de la dite communauté, vous avertissent de ne faire tort à vous-même en moissonnant par tel sacrilege où vous n'auriez pas semé, ni aux susdits poures, en les privant de ce peu que notre Seigneur leur présente pour les soulager.

« L'intention des dits gens de bien est que, tout étant déduit et satisfait, s'il y avait quelque petit avantage par dessus, cela fut voué et dédié à la communauté des poures réfugiés de divers pays et nations de cette Eglise.

ETABLISSEMENT DES ESTIENNE A GENÈVE.

a) Robert ESTIENNE.

Les causes qui amenèrent à Genève une partie de la famille de ces illustres typographes Parisiens, dont la réputation égale celle des Alde de Venise, tiennent au mouvement général de la réformation. Robert Estienne, fils de Henri Estienne, premier de nom, imprimeur à Paris, de 1502 à 1520, fut plus savant et plus célèbre que son père. Protégé par François Ier, imprimeur du roi pour les lettres Hébraïques et Latines, connu par ses belles éditions grecques, imprimées avec les élégants caractères gravés par Garamond, à la fois auteur et éditeur du Trésor de la langue latine (Thesaurus linguæ latina), Robert fut l'un des hommes remarquables de ce seizième siècle qui en a tant produit. Le zèle qu'il mit à propager les éditions latines de la Bible dans les formats grands et petits, lui attira les censures de la

Sorbonne. Il y répondit par un pamphlet célèbre, adressé: « Aux lecteurs qui cherchent en vérité le sauveur Jésus-Christ. » (Voyez plus haut, à l'année 1552.)

Robert Estienne avait épousé la fille du savant imprimeur Josse Bade (Jodocus Badius). De ce mariage étaient nés plusieurs enfants. Après la mort de François Ier, en 1547, voyant qu'il ne pouvait compter sur son successeur, Henri II, Robert résolut de s'établir avec sa famille à Genève où la reforme florissait. Mais ce transport demandait des précautions et même du mystère. Il confia à son beau-père, Conrad Badius, qui partageait ses idées protestantes, un de ses jeunes fils, Robert, pour le conduire à Lausanne, sous prétexte de le mener à Troyes chez -un fabricant de papier qui fournissait sa maison. Les autres enfants suivirent peu après et furent placés à Lausanne chez un maître d'école. Enfin, en 1550, le chef de la famille, Robert, avec Henri, son fils aîné, âgé d'environ vingt ans, se transporta à Genève où il réunit tous les siens. Les frères de Robert, imprimeurs et éditeurs comme lui, restèrent à Paris où ils furent rejoints par une partie de la famille établie à Genève, qui quitta cette ville. Nous n'avons pas à nous occuper de cette branche qui continua à faire fleurir la typographie parisienne.

Robert, chef de la branche Genevoise, imprima à Genève, dès 1551, le Nouveau Testament en grec et en latin. Ces éditions sont très-rares. Il avait emporté les matrices des types grecs qui avaient été gravés par l'ordre de François Ier, et qu'on appelait les caractères royaux (typi regii). Lui appartenaient-ils où étaitce une propriété nationale? C'est une question qui a été bien souvent débattue et jamais résolue. Il est certain qu'au com

Robert Estienne imprimait aussi en placards, pour être affichés dans les écoles, des extraits de la Bible en latin (Summa totius scriptura), et les Dix Commandements. « Qui est-ce qui ne connoit les fascheries qu'on m'a faites pour cela?» dit-il dans sa réponse aux censeurs Sorbonistes.

mencement du dix-septième siècle, ces caractères furent rendus à la France, mais contre une somme d'argent, ainsi que nous le verrons plus tard.

Dès l'année 1552, Robert Estienne consacrait ses talents, son activité et ses presses à la reproduction de la Bible et des parties de la Bible, des psaumes et d'autres ouvrages protestants. Son édition de la Bible in-folio, de 1553, est célèbre. Il conserva à Genève la marque qui distinguait ses livres quand il était établi à Paris, un olivier avec cette devise: « Noli altum sapere, sed time», et quelquefois seulement: « Noli altum sapere. »

Ne t'élève point par orgueil, mais crains. (Saint Paul, Epitre aux Romains. XI, 20.)

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L'olivier de Robert Estienne, OLIVA ROBERTI STEPHANI, devenu si célèbre dans les annales typographiques, est une allusion figurée à ce passage de l'apôtre : « Que si quelques-unes << des branches ont été retranchées, et toi qui étois olivier << sauvage, a été enté en la place d'icelles, et as été fait partia cipant de la racine et de la graisse de l'olivier, ne te glorifies << point contre les branches. >>

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