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Tout obstacle apporté volontairement au libre écoulement des eaux, est puni des peines portées à l'art. 457 du même code. »

L'ordre du jour appelle la section à renouveler son bureau pour deux ans. Sont élus: MM. James Fazy, président; Massé, vice-président; Gaullieur, secrétaire; et Grivel, vice-secrétaire.

La section discute le choix de deux questions à mettre au concours comme sujets de composition, pour le 1er mai 1856. Elle s'arrête à ceux-ci :

1o De la participation du peuple à l'élection des anciens évêques de Genève;

2o De l'établissement des péages fédéraux au point de vue de la liberté commerciale en Suisse.

Chaque prix sera de la valeur de 250 francs, (voir le précédent bulletin pour les conditions du concours.

M. Massé, annonce pour la prochaine séance, un mémoire sur le mode à suivre, par le président des Assises, pour la position des questions au Jury, et M. Dameth, la première partie d'un travail intitulé le Juste et l'Utile, ou rapport de la morale et de la politique.

Parmi les publications récentes qui intéressent la Section, nous citerons les nouvelles livraisons de la Savoie historique, par M. Joseph Dessaix. Dans la livraison quatorzième, qui est la dernière parue, l'auteur expose les controverses qui se sont élevées sur les origines de la maison royale de Savoie. Il fait aussi l'énumération des acquisitions du comte Pierre, dit le PetitCharlemagne. A mesure qu'il avance dans son œuvre, M. Dessaix perfectionne sa méthode d'exposition.

Bien que les deux volumes que vient de publier M. N. Châtelain, de Rolle, (du Goût et Pastiches ou Imitations libres du style de quelques grands écrivains) soient plutôt du ressort de la Section de littérature que de la nôtre, nous enregistrons ces nouveaux ouvrages de l'auteur de l'histoire du synode de Dordrecht. Les Pastiches, dans lesquelles le style de Montaigue, d'Amyot, de Pascal, de Balzac, de d'Alembert, de Rousseau, de Voltaire, de Mme de Staël, de Mme de Sévigné surtout, sont imités si heureusement, nous intéressent particulièrement en raison du procédé de composition adopté par l'auteur, et qui atteste une rare aptitude d'érudition et de reproduction du style des grands écrivains des deux derniers siècles.

Enfin la Section s'est occupée de l'opportunité qu'il y aurait à donner à Genève une édition des écrits les plus remarquables de Bonivard. Une telle publication aurait déjà dû être faite il y a longtemps. La Section a appris avec plaisir que deux Genevois avantageusement connus dans l'histoire et dans les lettres, MM. J.-J. Chaponnière, docteur en médecine, et Gustave Revilliod, l'éditeur consciencieux et patient de Jeanne de Jussie et de Froment, s'occupaient de l'illustre prieur de Saint-Victor, et songeaient à publier ses ouvrages. Une telle entreprise doit être encouragée et soutenue par tout le monde.

Section de Littérature.

I.

SÉANCES.

Du 16 mars 1855, jusqu'à la séance générale du 18 juin, la Section de Littérature s'est réunie cinq fois. La première fois avec ses honoraires, les quatre autres pour s'occuper des concours de 1855 et de 1856.

Après diverses communications administratives, dans la séance du 20 avril, M. le professeur A. Cherbuliez, lit l'introduction à un travail d'histoire littéraire sur l'Eloquence grecque aux deuxième et troisième siècles de notre ère, à propos du rhéteur Aristide de Smyrne. Dans cette introduction, l'auteur esquisse le tableau de la vie intérieure de Smyrne sous la dynastie romaine des Antonins, c'est-à-dire mille ans après cet Homère, dont Smyrne, entre les autres villes de l'Ionie, se glorifiait d'être le berceau. Le début de ce travail, aussi attrayant par le sujet choisi que par la manière dont l'érudition s'y marie à la grâce, en fait demander la continuation. Même on émet le vœu que l'auteur essaie la monographie historique de Sinyrne ou de telle autre de ces cités illustres de l'Asie Mineure, au nom célèbre et harmonieux, mais dont les destinées particulières sont trop souvent enveloppées d'obscurité.

M. Vuy, président, lit ensuite l'analyse détaillée d'un petit ouvrage de 40 pages in-4°, intitulé l'Italie et l'art moderne, publié par un bénédictin schwytzois, le père Gall Morel, qui joint à des goûts poétiques les inclinations de l'érudit et du biblio

graphe. Cette notice, adressée aux élèves du séminaire d'Einsiedlen, résume en un style concis les impressions et les conclusions esthétiques d'un voyage fait par l'auteur dans la patrie des beaux-arts et du catholicisme. La conclusion est, que l'art italien est en décadence, et que la cause de ce déclin, c'est l'affaissement général des âmes.

Le secrétaire lit ensuite une pièce de M. Petit-Senn, qui a pour titre Vieillesse, où le poète, remontant involontairement le cours de la vie, revient à regret, mais pour le peindre avec charme,

« Au frais enchantement de ses jeunes années. »

(VICTOR HUGO.)

On s'entretient aussi de la Couronne de Bluets, volume de poésies nouvelles, écrit, illustré et autographié de la main de l'auteur qui, à plusieurs pièces, a encore ajouté la musique de sa composition. Cet essai original et intéressant est dû à un Genevois, M. Catalan, qui exerce avec succès dans un de nos villages le double métier du spirituel Jasmin, le joyeux poète d'Agen.

Dans la séance du 4 mai, le secrétaire annonce que sept pièces ont été déposées chez lui avant le 30 avril, pour le double concours littéraire de 1855. Les membres effectifs se forment en deux jurys. L'ordre de circulation des pièces à juger est arrêté. Jour est pris pour les conclusions.

Sur la présentation de deux de ses membres effectifs, la section nomme correspondant M. HEGUIN DE GUERLE, ancien professeur du collège de Louis-le-Grand, inspecteur de l'académie de Lyon, traducteur (dans la collection Pankoucke) de Catulle, de Pétrone et d'Ovide, auteur de Veillées russes, et de quelques ouvrages scolaires. M. Héguin, s'est fait aussi connaître avanta

geusement à Genève par un cours de littérature anglaise, donné cet hiver même.

Dix-sept jours plus tard, le 21 mai, les deux jurys rassemblés délibérent et décident sur les deux prix, (voir la séance générale pour le résultat), et nomment rapporteurs, M. Vuy, pour le concours de poésie, M. Viridet, pour le concours d'histoire littéraire.

Le 12 juin, lecture des deux rapports, qui, sauf un certain nombre de modifications à faire, sont approuvés.

Le 16 juin, la Section arrête définitivement le programme des concours qu'elle ouvre pour 1856 (voir la page 5 du Bulletin, No 7).

II.

PARTIE LITTÉRAIRE.

Nous transcrirons ici trois fragments du poème de Divicon, par M. de Bons, le champion heureux et deux fois couronné des tournois pacifiques, ouverts ces deux dernières années par la section de littérature, joûtes courtoises où, si la palme est modeste, la victoire est pourtant noble et pure, car la Muse aussi demande du courage, et la poésie aime les chevaleresques amants. Le Divicon de M. de Bons contient 1148 vers.

Le Léman primitif.

O Léman, ô beau lac! magnifiques rivages!
Miroir où des grands monts se bercent les images,
Vaste fragment d'azur tombé du haut des cieux,
Sonore et doux berceau de flots mélodieux !
La vague, qui sans fin se brise sur ta rive,
Jamais te parle-t-elle, avec sa voix plaintive,
De cet antique jour où ta grève et tes bords

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