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COMMISSION CENTRALE.

COMPOSITION

DU BUREAU

Président.

(Élection du 17 décembre 1841.)

M. le contre-amiral DUMONT D'URVILLE,

Vice-Présidents. MM. JOMARD, DE LAROQUETTE.
Secrétaire-général. M. BERTHELOT.

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M. Chapellier, notaire honoraire, trésorier de la Société, rue de Seine. M. Noirot, agent-général et bibliothécaire de la Société, rue de l'Université, no 23.

DE LA

SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE.

JANVIER 1842.

PREMIÈRE SECTION.

MÉMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS.

NOTICE sur la République de Centre- érique, par M. MAUSSION DE CANDE, capitaine de

vette.

La république de Centre-Amérique est composée de cinq États, savoir: Guatemala, San Salvador, Nicaragua, Costa-Rica et Honduras.

Borné au nord et au nord est par le Mexique et le Yucatan, l'État de Guatemala est le seul qui traverse cette partie de l'Amérique dans toute sa largeur, et qui ait ses rivages baignés par les deux mers. Il ne possède en fait de port que la mauvaise rade foraine d'Istapa sur la mer du Sud, le port d'Izabal dans le golfe Dulce, accessible seulement au cabotage, et le port de Saint-Thomas situé dans l'est du goulet, par lequel le golfe Dulce communique avec la mer ce dernier port est excellent, mais sans habitants, et sans route de communication avec l'intérieur.

L'État de San-Salvador, petit, mais comparativement bien peuplé et bien cultivé, et qui possède sur la mer du Sud plusieurs bons ports, tels que la Union, Acajutla, etc., est limitrophe à une partie de l'État de Guatemala, tandis que l'autre partie est bornée par l'État de Honduras, qui, s'appuyant au sud sur les États de San-Salvador et de Nicaragua, est borné au nord par le golfe même auquel il a donné son nom, et sur lequel il possède les deux ports de Omoa et Truxillo.

Au sud-est, l'État de San-Salvador est contigu à celui de Nicaragua, dans lequel est situé le lac de ce nom, et qui possède l'excellent port de Realejo sur la mer du Sud; et enfin l'État de Costa Rica, sur l'isthme même de Panama, forme la frontière sud de la république.

Le côté est de cette partie du continent, dont la configuration géographique semblait destinée à composer un autre État, est formé par la province des Mosquitos, qui s'étend depuis les environs du cap Camaron jusqu'à l'embouchure du Rio San-Juan, comprenant ainsi une étendue de plus de 120 lieues de côtes, et dont les frontières sont fort mal délimitées avec les États contigus de Honduras et de Nicaragua.

Toute cette étendue forme une vaste province habitée par diverses peuplades reconnaissant des chefs différents les Anglais l'ont achetée il y a environ deux ans pour le prix de 7,000 piastres au chef d'une des peuplades de la côte, après avoir eu préa lablement la précaution de le faire couronner roi du pays par le superintendant de Belise.

Honduras réclame comme sa propriété une partie du terrain ainsi vendu, el conteste en outre au vendeur le droit de propriété nécessaire pour valider la vente. Mais dans l'état d'anarchie qui divise actuel

lement la république de Centre-Amérique, il n'est pas probable que ces réclamations soient écoutées; ce sera donc, suivant toutes les apparences, une question où le droit cédera à la force, et une nouvelle conquête à ajouter aux nombreuses possessions anglaises dans la mer des Antilles.

Les villes de Cartago et de Léon, capitales des États de Costarica et de Nicaragua, et celle de San-Salvador, capitale de l'État de ce nom, sont, dit-on, de jolies villes; Comayagua, capitale de l'État de Honduras, est au contraire peu de chose; Guatemala mérite une mention particulière.

Fondée en 1524, dès l'origine de la conquête de la province, à laquelle elle devait servir de capitale, la ville de Santiago de Guatemala reçut le titre de cité le 12 août 1525. Elle était alors bâtie à un lieu appelé Almolonga, à 11 lieues environ de l'emplacement de la ville actuelle.

La beauté du site et la fertilité de la vallée engagèrent la plupart des habitants à construire leurs domiciles à une lieue plus au nord; et ce fut là que l'on établit définitivement un peu plus tard la ville de Guatemala, qui fut bientôt ornée de magnifiques églises et d'autres édifices somptueux.

Traversée par la petite rivière d'Amatislan, qui en fertilise le sol, cette vallée est encore aujourd'hui admirable de culture et de végétation. Elle est en ce moment couverte de nopaleries, dont l'œil n'embrasse pas toute l'étendue, et fournit à elle seule les trois cinquièmes de la cochenille que produit l'État tout

entier.

Guatemala prospéra ainsi jusqu'en l'année 1775, et fut en partie détruite par le tremblement de terre de

cette année (1). Située entre les deux volcans qui la dominaient au sud-est et au nord-ouest, elle fut violeminent ébranlée par leurs secousses, et le lac qui couronnait la cime du premier ayant rompu ses digues précisément du côté de la ville, l'eau se précipita dans les rues avec une telle violence, que beaucoup d'habitants furent emportés et noyés par le torrent.

Cette catastrophe fut amplifiée par les rapports des autorités espagnoles, non dans le but de faire de la poésie, mais, suivant la version du pays, dans des vues d'intérêt privé. L'exagération des rédacteurs des rapports atteignit son but, et le capitaine-général reçut l'ordre d'abandonner la ville pour aller en établir une autre un peu plus loin.

Le lieu choisi fut l'extrémité d'un plateau au nord de la chaîne des montagnes dans laquelle sont situés les volcans, en sorte que la nouvelle Guatemala, fondée en 1774, à 9 lieues environ de l'ancienne ville, ne compte aujourd'hui que 66 ans d'existence.

La Géographie de Malte-Brun nous fait un récit effrayant de la catastrophe qui engloutit l'ancienne Guatelama; d'après cet ouvrage, des torrents de boue et de soufre se croisèrent par-dessus, et cachèrent jusqu'à la place où cette ville avait existé.

Il est d'autant moins étonnant que le savant auteur de cet ouvrage ait été trompé par des rapports exagérés, qu'ils trompèrent la cour d'Espagne elle-même. Mais le fait est que l'ancienne Guatemala, connue dans le pays sous la simple dénomination de la Antiest encore une belle ville, et la seconde de l'État de Guatemala.

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(1) C'est par erreur que la date de cet événement est donnée par Malte-Brun, le 7 juin 1777

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