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en âge ne savent point assez), les dispositions qu'on doit y apporter, et l'obligation où l'on est de se confesser auparavant.

Si les curés dont les paroisses ne sont pas assez instruites, se plaignent que leurs paroissiens négligent d'assister aux instructions et aux catéchismes, nous voulons leur procurer un moyen certain de les rendre plus assidus, en leur recommandant de refuser des billets à ceux qui n'auroient qu'une capacité douteuse, et dont ils ne pourroient nous répondre. Cette capacité toutefois doit être appréciée différemment, et selon les circonstances. Ainsi, parmi ceux qui n'ont point reçu le sacrement de Confirmation, quelques-uns sont si jeunes encore, qu'ils ne peuvent rendre compte de leur religion avec le même détail et en reproduisant les termes du catéchisme. Il suffit, pour leur donner des billets, qu'ils sachent ce qu'il y a d'essentiel dans la doctrine chrétienne. Mais il faut se servir de cette occasion pour le leur apprendre le plus parfaitement qu'il sera possible, en tenant compte de l'étendue et de la portée de leur esprit.

Non-seulement ceux qui se présenteront à la Confirmation doivent être en état de répondre sur le catéchisme, mais généralement tous ceux de leur paroisse; puisque St. Pierre nous apprend que tout chrétien doit être prêt à rendre raison de sa foi. Nous interrogerons aussi sur les pratiques qui sont à la fin du catéchisme; car il y a assez longtemps qu'il est entre les mains de tout le monde, pour être récité dans toute son étendue. Les curés qui ne peuvent instruire par eux-mêmes, ce que nous supposons devoir être très rare, ne manqueront point de le faire par leurs maîtres d'école. Ceux-ci doivent connoitre leur catéchisme assez sûrement pour n'avoir pas besoin de tenir leur livre à la main. C'est aussi de quoi nous prendrons connoissance par Nous-même dans la visite.

Vous nous avertirez: 1°. s'il y a des malades dans votre paroisse qui n'aient pas recu la Confirmation, et qui ne puissent venir à l'église, afin que nous allions la leur administrer dans leurs maisons. Vous aurez soin de les y préparer.

20. S'il y a d'autres personnes qui soient dangereusement malades, et auxquelles notre visite puisse procurer quelque consolation temporelle ou spirituelle.

3. S'il y a quelques pécheurs scandaleux, ou quelqu'un qui n'ait point satisfait au devoir pascal, et vous ferez votre possible pour nous ménager la facilité de leur parler, non point en les menaçant

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de notre visite, mais en les assurant qu'ils trouveront en nous tous les moyens désirables pour rentrer dans leur devoir.

40. S'il y a quelque procès, et vous disposerez les parties à se trouver à notre visite avec un esprit qui réponde au désir que nous avons d'en procurer l'accommodement.

Vous avertirez enfin les marguilliers de mettre en ordre tous les papiers concernant les biens de l'église, pour nous les présenter avec les comptes de la Fabrique. Vous aurez soin de les faire rendre, s'ils ne le sont déjà, conformément au dernier édit de Sa Majesté, du mois d'avril 1695.

Dans plusieurs diocèses, la visite des évêques est chômée comme un jour de fête. Elle doit au moins dans celui-ci exciter les fidèles à renouveler leurs exercices de piété, et surtout à recevoir le sacrement de Pénitence, pour profiter des indulgences que nous accordons à ceux qui assistent à ladite visite. Les curés devront ranimer la piété de leurs paroissiens sur ce point, en les instruisant plus exactement et plus souvent des grâces que les fidèles reçoivent le jour où nous exerçons cette fonction pastorale. Dans une des paroisses que nous visiterons avant midi, nous dirons la sainte messe, et nous donnerons la Communion à ceux qui seront disposés pour la recevoir.

Dans toutes celles que nous aurons visitées, aussi bien que dans celles dont les paroissiens seront venus recevoir la Confirmation, on s'assemblera le soir à l'église, pour chanter quelques prières en forme de salut. Vous exhorterez ceux qui auront été confirmés à remercier Dieu de la grâce qu'ils ont reçue, et vous leur ferez connoître l'obligation qu'ils ont de la conserver avec beaucoup de fidélité; ce qui leur est représenté par le bandeau qu'on a coutume de leur mettre, et qu'il faudroit leur ôter à ce moment, si nous n'avions pas fait essuyer leur front le matin avant de sortir de l'église.

Les curés et les autres ecclésiastiques qui désireront se trouver à notre visite, sont avertis qu'ils ne doivent y paroître qu'en soutane et en surplis, même dans une paroisse qui ne seroit pas la leur.

Pour que vos paroissiens soient pleinement informés de nos intentions, vous aurez soin de leur lire distinctement, dans un ou plusieurs de vos prônes, notre présent Mandement, et de le leur expliquer de manière qu'ils puissent suivre les avis qui y sont contenus. Donné à Amiens, en notre palais épiscopal, le 16 avril 1735.

LOUIS FRANÇOIS GABRIEL, Év. d'Amiens.

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Obligation d'instruire. — Réfutation des prétextes dont on se sert pour s'en dispenSuspense encourue par ceux qui passeraient trois dimanches sans faire

ser.

le prône.

Nous nous plaignons, nos très chers frères, avec autant d'amertume que de justice, de plusieurs curés qui font rarement ou trop négligemment des instructions à la sainte messe, les dimanches et les fêtes solennelles, et de quelques-uns qui n'en font point du tout. Cette omission est d'autant moins supportable que la religion, la charité et la justice concourent également à leur imposer ce devoir: devoir qu'ils ne peuvent ignorer, puisque les saints Canons et en conséquence les Ordonnances synodales leur en rappellent le souvenir de la manière la plus forte.

Si nous avions cru que dans un diocèse aussi excellent, il y eût des pasteurs coupables d'une si criminelle négligence, nous n'aurions pas manqué d'en parler dans notre premier synode. Ce n'a pas été sans douleur et sans surprise que, nous informant soigneusement et en détail de ce qui s'y passe de plus digne d'attention, nous avons su que plusieurs de nos curés manquoient à une obligation aussi essentielle. Quoiqu'en même temps nous ayons eu la consolation d'apprendre que le plus grand nombre s'en acquittoit dignement, nous ne saurions être tranquille si tous n'y sont fidèles, et nous déclarons que nous avons résolu d'employer toute notre autorité pour remédier à ce mal, qui n'aboutit à rien moins qu'à la perte des ouailles et à celle des pasteurs eux-mêmes.

L'obligation d'instruire aux messes de paroisse est d'une telle importance pour les pasteurs, que nous ne connoissons aucune raison

solide qui puisse les en dispenser. Ce ne sera pas le défaut de talent, car celui qui n'en a point pour la chaire manque absolument de vocation pour la charge des âmes; et comme il n'auroit jamais dû l'accepter, et moins encore la rechercher, il vit dans un état de péché tout le temps qu'il la continue. Ce n'est pas non plus le défaut de temps pour s'y préparer, puisque l'expérience nous apprend que les curés les plus occupés, tels que ceux des villes, y sont ordinairement les plus exacts. Nous savons d'ailleurs combien peu ont à faire dans le cours de la semaine, plusieurs des curés de campagne, et combien il leur seroit avantageux d'être occupés. Ce n'est pas le défaut de santé, car il faudroit en avoir bien peu pour ne pouvoir prôner une demi-heure par semaine. Si l'infirmité est considérable, on en est dispensé, mais alors elle n'est pas de durée. Si elle devenoit habituelle, on seroit obligé d'y suppléer par autrui; car il ne seroit pas juste que le peuple souffrit continuellement du soin que le pasteur donne à sa santé, puisque le prix de la vie même n'égale pas celui des âmes que Notre-Seigneur lui a confiées.

Nous savons ce que disent plusieurs de ces ministres paresseux, qu'un bon catéchisme vaut mieux que la plupart des sermons; mais nous ne prendrons pas le change, et nous leur répondrons qu'il faut faire l'un, sans omettre l'autre. Quoiqu'il soit nécessaire de faire le catéchisme, tout le monde ne se croit pas obligé d'y assister; au lieu que personne ne se dispensant de la messe, on assiste généralement à l'instruction, lorsqu'elle a lieu après l'évangile. D'ailleurs, autre chose est d'éclairer les esprits, autre chose de toucher les cœurs. Il est vrai que les catéchismes éclairent; mais comme ils sont principalement destinés à la jeunesse, on y fait de fréquentes répétitions, qui bien que nécessaires aux enfants, deviennent ennuyeuses aux personnes déjà instruites. On y trouve rarement le pathétique, si nécessaire à la conversion des pécheurs et au soutien des justes: il ne se produit guère que dans la chaire. Aussi dans tous les siècles on a lu l'Évangile à la messe, et on ne l'y lisoit que pour l'expliquer; ce qui est devenu plus nécessaire encore depuis que le peuple n'entend plus la langue du service divin. Cette explication est même si essentielle pour plusieurs, qu'il leur seroit peut-être moins désavantageux de manquer à tout ce qui peut d'ailleurs contribuer à la sanctification des fêtes. Combien en effet de pécheurs qui croupissent dans le désordre? Combien

de tièdes qui vivent sans crainte dans le plus grand des dangers? Combien de justes qui n'avancent pas dans la vertu? Et tout cela parce qu'ils ne sont pas exhortés assez fréquemment avec force et onction, ainsi qu'il nous est recommandé par un prophète : clama, ne cesses, et par l'Apôtre: argue, obsecra, increpa. Ajoutons, ce que l'expérience nous démontre, qu'on est rarement capable de faire un bon catéchisme, quand on ne peut donner une exhortation salutaire. On se retranche sur le catéchisme, parce qu'il semble que le public n'y exige ni raisonnements ni preuves, et que les gens instruits ne s'y trouvent pas ordinairement. On n'y parle qu'à des enfants ou au plus petit peuple, et parce qu'on ne redoute pas la censure de tels auditeurs, on s'épargne la peine de travailler à des discours plus solides et plus remplis.

Comment d'ailleurs fait-on dans les paroisses les catéchismes par lesquels on voudroit remplacer toute autre instruction? On les fait si sèchement et si brièvement que les plus assidus en tirent peu de profit. Nous connoissons plusieurs paroisses, en petit nombre à la vérité, où les maîtres d'école font le catéchisme, sans que les curés daignent s'y montrer, comme s'ils ne répondoient pas à Dieu de tout ce qui se fait en leur nom. Ils doivent savoir aussi que le dessein de PÉglise est que ses enfants n'ignorent rien de ce qu'elle enseigne, autant qu'ils sont capables de le comprendre. Or, ce n'est pas par des laïques qu'ils peuvent être instruits, puisque communément ils n'en savent pas assez pour cela. Ce n'est pas même par les livres, parce que la plupart sont peu à la portée des simples, et souvent empoisonnés des erreurs nouvelles. Il leur faut le ministère des pasteurs qui préparent avec soin la parole de Dieu aux enfants, et la préservent, par leur explication, de toute équivoque dangereuse. L'Église veut même qu'on les instruise de ce qu'il y a de moins nécessaire dans ses pratiques, dès-lors qu'ils peuvent en être édifiés, comme par exemple, des cérémonies dont les peuples n'ont presque aucune connoissance. Il n'est pas rare de voir des chrétiens avancés en âge qui, depuis leur tendre enfance, mangent le pain bénit, prennent de l'eau bénite, reçoivent les cendres, assistent à des processions, sans avoir jamais ouï dire ce que l'Église se propose dans ces usages. D'où viennent aussi tant de superstitions dans lesquelles les peuples donnent aveuglément? Si ce n'est de ce que les pasteurs négligent de les instruire, ou ne leur en inspirent

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