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Telle est, résumée en peu de pages, l'histoire du monastère fondé par saint Honorat, et devenu, depuis 1871, comme nous l'avons dit, le siège de la communauté des Cisterciens de Sénanque. Puissent-ils y être définitivement établis et rendre à cette illustre demeure la gloire des anciens jours!

PRIVILÈGES

ACCORDES A L'ABBAYE

PAR LES PAPES ET LES PRINCES

PRIVILÈGES ACCORDÉS PAR LES PAPES

La haute bienveillance des papes envers l'abbaye de Lérins se manifeste de diverses manières: Ils la soumettent directement au Saint-Siège; ils confirment ses privilèges; ils la défendent contre ses ennemis du dehors ou du dedans et la placent sous la protection des puissants de ce monde; ils autorisent les fidèles à élire sépulture dans l'île; enfin ils accordent de nombreuses indulgences à ceux qui la visitent 1.

1 L'inventaire des archives des Alpes-Maritimes, que nous complétons au moyen du Cartulaire et d'un catalogue spécial (H. 11), rédigé au XVIIe siècle, fait mention d'un grand nombre de bulles des papes Urbain II, Calixte II, Innocent II, Adrien IV, Alexandre III, Lucius III, Clément III, Célestin III, Innocent III, Honorius III, Innocent IV, Alexandre IV, Urbain IV, Innocent V, Nicolas III, Urbain V, Grégoire XI, Clément VII, Martin V, Eugène IV, Nicolas V, Jules II, Léon X, Clément VII, Grégoire XIII, Sixte-Quint, Clément VIII, Paul V. Les bulles cotées dans ledit catalogue sous les désignations suivantes, n'existent ni en original, ni en copie, dans l'inventaire des archives: C, I, K, L, M, N, O, Q, R, T, V, X, Y, C1, E', H', R1, V1, X, B, C, D, G1, H', K', M'O', X'.

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L'abbaye est soumise directement au Saint-Siège. - Urbain II déclare que le monastère relève directement du Saint-Siège (8 janv. 1093). Pascal II (1102) et Alexandre III (1171 et 1174) 3, le prennent sous leur protection. Lucius III (1184) 4, confirme les bulles d'Urbain II, de Pascal II et d'Alexandre III. Innocent III (31 mars 1210) suit son exemple 5.

Innocent IV (1252) défend de recevoir des bénéficiers aucun pourvoi en cour de Rome, au préjudice de l'abbaye de Lérins, immédiatement soumise au Saint-Siège » .

Urbain V (2 janv. 1363) 7 l'exempte de la visite de l'ordinaire. Mais, en 1368, il l'unit au monastère de Saint-Victor de Marseille, qu'il avait dirigé . Les religieux font opposition et demandent à l'abbé de Montmajour de plaider leur cause. Celui-ci expose que Lérins, dépendant directement de la Cour pontificale, ne peut pas honorablement être rattaché à Saint-Victor et obtient la révocation de la bulle d'union (24 mai), révocation confirmée le 14 juin 1372, par Grégoire XI 10. Le 9 octobre 1376, ce pape renouvelle sa confirmation" et, déclarant que le monastère Saint-Honorat est exempt de la juridiction de l'évêque de Grasse et du métropolitain, le rattache au Saint-Siège. Le 5 juin 1377, il lui accorde tous les privilèges octroyés par ses prédécesseurs au monastère de Saint-Victor 12.

▲ Cart., I, pag. 294.

Arch. des Alp.-Marit., H. 11.

Arch. des Alp.-Marit., H. 11, et Inv. de Mme la Ctesse de Saint-Seine, fol. 131et suiv.

Arch. des Alp.-Marit., H. 11, et H. I, fol. 204.

Arch. des Alp.-Marit., H. 1, fol. 210; H. 1I.

Arch. des Alp.-Marit., H. 13.

▾ Arch. des Alp.-Marit., H. 11, et Inv. de Mme la Ctesse de Saint-Seine. fol. 131 et

suiv.

Inv. de Mme la Ctesse de Saint-Seine, fol. 131 et suiv.

• Arch. des Alp.-Marit., H. 11.

1 Inv. de Mme la Ctesse de Saint-Seine, fol. 131 et suiv.

11 Arch. des Alp.-Marit., H. 16.

11 Arch. des Alp.-Marit., H. 11, 16. Voir le texte de cette bulle, pag. 8.

En 1434, c'est le tour d'Eugène IV de déclarer que l'abbaye dé. pend uniquement de Rome 1.

En 1515, par suite de son union à la congrégation du MontCassin, elle profite de tous les privilèges de cet établissement et son exemption de la juridiction de l'ordinaire en est encore, si possible, plus formelle.

Aussi, en 1597, quand Mgr Le Blanc, évêque de Grasse, au cours d'une retraite qu'il fait dans l'île, confère, à l'insu des religieux, les ordres mineurs à quelques jeunes clercs, s'élèvent-ils avec violence contre cet acte et ordonnent-ils au prélat de sortir du monastère, bien que celui-ci proteste de son intention de ne vouloir en aucune façon préjudicier à leurs franchises. Des « lettres citatoires et inhibitoires, laxées par Alexandre Lita, auditeur du Palais apostolique »; leur sont délivrées contre lui 3.

En 1604 (2 décembre), nouvelle défense est faite à l'évêque << d'entreprendre aucune visite et juridiction sur les églises dépendant de l'abbaye, sous peine de suspension. »

Des lettres de 1617 (2 juin) ajoutent à la menace de suspension celle d'excommunication 5. Les visites de Mgr Boucicault qui avaient motivé l'opposition des moines produisirent produisirent de véritables scandales, dont nous trouvons l'écho dans les registres de l'évêché 6.

1 Inv. de Mme la Ctesse de Saint-Seine, fol. 25.
Inv. de Mme la Ctesse de Saint-Seine, fol. 17.

Arch. des Alp.-Marit., H. 1, fol. 224.
Arch. des Alp.-Marit., H. 1, fol. 227.

Arch. des Alp.-Marit. H. 1. fol. 227.

Arch. des Alp.-Marit., G. 19 : « Après avoir donné la bénédiction au peuple, on chantoit le Te Deum, et là seroit venu don Benoist, religieux dudict monastère, lequel se tient audict Mougins, par vertu d'un arrest de la cour de Parlement du pays de Provence, n'ayant su tenir dans son monastère pour les rébellions scandaleuses et désobéissances que par-devant a commises contre tout son ordre et principallement contre son abbé; lequel don Benoist seroit venu, pendant qu'on chantoit ledict Te Deum laudamus, et auroit enlevé deux chandeliers de lotton qu'estoient sur l'autel

En 1634 et en 1658, les droits des religieux sont de nouveau proclamés 1.

Nous connaissons la longue lutte qui s'éleva entre eux et Mgr d'Anthelmy, au siècle suivant, lutte qui se termina par leur union

devant duquel nous estions à genoux, et peu après, par grande force et violence, auroyt prins la chère et le tapis qu'estoit sur icelle et les aurait vollu enlever come lesdits chandelliers. Mais le peuple estant là assistant l'auroit reprins de son insollance et scandalle public. Au contraire, luy auroit par force et viollance arraché ledict tappis des mains de nostre prestre, lequel l'ayant remis sur ladicte chère pour la seconde fois, et nous y estant appuyé sur icelluy, ledict don Benoist nous l'auroit arraché de dessoulz le coude par la force, et les assistants, estans scandallisés de son acte scandalleux, auroient repris ledict tappis et l'auroient remis sur la chère. Ledict don Benoist lors auroit tellement tempesté par paroles aigres avec les assistants qu'il auroit interrompu le Te Deum laudamus et vouloit nous empescher de donner la bénédiction pontificalle: mais nous l'aurions donnée, acisté comme d'une barrière par ceux de notre compaignie, pour empescher l'insollance dudict don Benoist, lequel nous vouloit pousser et oster de devant dudict autel, ce que ne pouvant faire, se seroit mis à tumultuer et auroit faict certaines protestations, verballes, disant qu'ils ont des privillèges, immunités, franchises, que nous n'avons poinct pouvoir de visiter leurs églises, Cannes, Mougins, Le Cannet, Vallauris, Valbonne, desquels protestations nous leur avons concédé acte... » (1617). — Visite de l'église de Cannes: « Nous estant appresté pour aller à l'église parrochiale..., seroit venu notre hostesse nous dire qu'elle ne pouvoit poinct préparer nostre diner. Ayant envoyé nos domestiques à la ville, aux autres logis, nous auroyent rapporté que nul ne nous vouloit loger, pour ne desplaire à leur abbé de Sainct-Honoré, qui est seigneur temporel dudict Cannes, qu'a esté la cause qu'avons envoyé quérir les consuls dudict lieu, avec lesquels avons employé toute la matinée, pour pourvoir à nostre nourriture et de ceux qui sont de nostre suitte... » (1617). — Visite de l'église de Vallauris : « Ayant envoyé nostre aumosnier pour faire sonner les cloches pour assembler le peuple, nostre dict prestre nous auroit rapporté que quelques habitants, pat commandement dudict abbé de Lérins, l'auroient empesché de sonner ny faire sonner lesdictes cloches.... (1617).

1 Arch. des Alp.-Marit., H. 1, fol. 227 et 229. 1634 (30 octobre): Lettres de Marc-Antoine Franciolus, auditeur des causes de la Chambre apostolique, portant inhibition et défense à l'évêque de Grasse de molester et d'inquiéter les religieux du monastère de Lérins en leurs droits et privilèges et en la possession d'établir les prêtres et prédicateurs des églises dépendant du monastère, sous peine de 500 ducats, de l'excommunication et d'autres censures » (H. 1, fol. 227). - 1658 (8 juin): « Lettres citatoires d'Odoard Vecchiarelly contre Mgr de Bernage, pour le même objet » (H. 1, fol. 229).

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