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ordinaires; leurs réimpressions qui alimentaient les presses des départemens n'eurent plus lieu, et l'état d'un grand nombre de pères de famille fut presque anéanti. On crut un moment que les imprimeries des départemens touchaient à leur dernier terme, lorsqu'après beaucoup de soustractions qui leur avaient été précédemment faites, ils se virent enlever la réimpression du catéchisme de France, qui venait d'être attribuée exclusivement à une compagnie stéréotype. Ayant eu la faculté de réimprimer le Code de ToUS LES FRANÇAIS, les imprimeurs ordinaires ne pouvaient pas expliquer l'interdiction de cette même faculté pour un ouvrage destiné à la majorité, mais non, à la totalité de la jeunesse française, pour un livre dont la plus grande consommation se fait par le pauvre, et que la concurrence seule peut réduire au plus bas prix. Grâces en soient rendues à l'illustre prélat de l'église de Lyon, qui fit, nonobstant tout privilége, réimprimer et donner à 20 centimes le catéchisme que les exclusifs vendaient 75 centimes,et cependant, leur catéchisme était stéréotypé, et les éditions stéréotypes peuvent se donner, nous assuret-on, à meilleur marché que les éditions ordinaires. Si le privilége sur le catéchisme eût été maintenu, on ne devait pas s'en tenir là, et déjà l'on répandait à l'avance le bruit d'une refonte générale des ouvrages lithurgiques, ou de ce que l'on appelle livres d'usage, tels que Paroissien, Eucologe, etc., qui devaient être uniformes pour toute la France, et conséquemment stéréotypés, afin que tous les catholiques pussent jouir de l'avantage de cette découverte comme ils en avaient joui pour le catéchisme, c'est-à-dire, que le volume que les imprimeurs des départemens donnent à 1 fr. leur aurait coûté 3 fr. en édition stéréotype. Si la compagnie eût obtenu ce second privilége, c'en était fait des imprimeries des départemens, qui ne s'entretenaient que par les réimpressions des livres

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d'usage et des catéchismes de leur diocèse. Si cela n'a pas eu lieu, si cette dernière ressource ne leur a pas été enlevée, nous ne saurions trop leur répéter, rendez-en grâces à son Eminence Monseigneur le Cardinal Archevêque de Lyon.

Au reste, on assure que MM. Didot, convaincus qu'ils laisseraient beaucoup plus d'or à leurs successeurs en fondant moins de plomb, ont renoncé depuis longtems au stéréotypage; que s'ils annoncent de tems en tems des éditions stéréotypes, c'est -parce qu'ils pensent pouvoir innocemment user de la magie du mot. S'il en est ainsi, ils ont agi sagement, en faisant un peu plus tôt ce que M. Herhan fera un peu plus tard, s'il ne veut pas éprouver le même sort qu'Hoffman (1). Si MM. Didot, dont le procédé n'entraîne pas de grands frais et qui connaissent parfaitement l'art de l'imprimerie, ont abandonné le stéréotypage, que de raisons d'en faire autant n'a pas M. Herhan, dont le procédé est beaucoup plus dispendieux, et qui n'a jamais eu et n'aura jamais les connaissances-pratiques suffisantes pour être imprimeur très-ordinaire. Ces réflexions sont affligeantes, sans doute, mais surtout parce qu'elles sont trop tardives; faites plus tôt, peutêtre auraient-elles prévenu une catastrophe que nous croyons inévitable; peut-être aussi n'auraient-elles pas été écoutées; l'enthousiasme est si aveugle, et tant d'illusions concourent dès sa naissance à l'accroître et à le fortifier (2)! Nous regrettons sincère

(1) Cette prétendue invention, abandonnée par l'anteur même QUI S'Y RUINA, fut mise dans la classe qui lui convenoit. ( Réflexions d'un ancien prote d'imprimerie, page 5.)

(2) Ce que nous avions prévu arrivait au moment où nous écrivions ces réflexions. M. Herhan n'est plus aujourd'hui propriétaire, mais seulement directeur de l'attelier stéréotype; et ce qu'il y a de bizarre dans sa position, c'est qu'au même instant qu'il suc

ment que M. Herhan, habile mécanicien, et estimable sous plus d'un rapport, ait dirigé ses talens vers un art dont il n'avait pas la plus lénnaissance, et qu'il ne pouvait conséquemment faire avancer d'un pas. Ses essais dans ce genre, tout infructueux qu'ils seront pour lui, prouvent de quoi il aurait été capable si son esprit inventif eût embrassé toute autre entreprise.

Nous en avons assez dit pour faire connaître et apprécier cette prétendue invention, qui n'offre aucun avantage que l'on ne trouve dans l'imprimerie ordinaire, et dont les résultats sont une vaste complication de procédés inutiles à celle-ci, et une consom mation de plomb que l'on pourrait mieux employer.

combe, malgré les prestiges nombreux dont il était environné, et les moyens mis en usage pour le soutenir, la direction d'une imprimerie en caractères mobiles lui est confiée. Il peut donc faire aujourd'hui des éditions stéréotypes et d'autres en caractères mobiles: les distinguera qui pourra; mais, hélas! dans cette double direction, qui le dirigera? Il n'existe pour lui qu'un moyen de salut; P'embrassera-t-il ? non.

mains de ces dernières à celles de leurs enfans, de lá, à l'antichambre, et enfin à la cuisine; il met à l'unisson diverses classes de la société qui devraient être distinctes, en laissant germer dans tous les cœurs qu'il a séduits sur son passage les mêmes principes de faiblesse ou d'exaltation.

La conscription est venue fort à propos, sinon arrêter, au moins diminuer le torrent de cette dépravation, en saisissant, au sortir de leurs études, ces jeunes gens dont l'imagination ardente se passionne aussi aisément pour la gloire qu'elle se laisse égarer par l'appas séducteur du plaisir. Sous ce rapport, elle doit être regardée comme la plus utile des institutions actuelles, puisqu'elle arrache à la dégradation nos plus brillantes espérances pour l'avenir.

Ainsi, la suppression des cabinets de lecture est sollicitée par le plus pressant des intérêts, la conservation des générations présentes et futures, par celui du Gouvernement dont les bonnes mœurs sont le plus ferme appui, et enfin par celui de l'imprimerie et du commerce de la librairie qui reprendront un accroissement salutaire du moment où l'on achetera de bons livres au lieu d'en louer de mauvais.

DES SALLES DE VENTES PUBLIQUES

ET DES ÉTAL AGES.

Les salles de ventes publiques fixeront sans doute aussi l'attention des personnes qui seront préposées à la rédaction d'un nouveau réglement de librairiė. Les libraires en boutique répètent sans cesse :

Nous ne pouvons lutter contre le besoin ou la nécessité, peut-être même contre la friponnerie; nous savons qu'il est plus d'un libraire obligé, pour remplir ses engagemens, de recourir au moyen violent d'une vente publique; d'autres l'emploient sans nécessité, mais seulement par goût pour les manipulations, et dans l'espérance de placer plus avantageusement, dans de nouvelles acquisitions, les fonds provenant de la vente qu'ils ont faite, et dont ils n'ont pas calculé les pertes. Il en résulte, pour nous, que particulier, instruit depuis longtems de l'existence de ces salles, s'y rend d'abord par désœuvrement, puis finit par faire ses petits calculs, et ne fréquente plus nos magasins.

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Souvent il voit vendre des ouvrages au dessous des prix de fabrique, et les croit portés à leur véritable valeur; il vient ensuite s'informer dans nos magasins du prix de ces mêmes ouvrages, et quoique nous nous contentions d'un modique bénéfice, il trouve une si grande différence entre nos prix et ceux des salles, qu'il a recours à celles-ci pour ses besoins et ceux de ses amis sur lesquels il s'accoutume à bénéficier, tout en leur disant qu'il leur cède les ouvrages au prix coûtant, et pour leur faire plaisir. Alléché par le gain, il étend le cercle de ses connaissances, et tout en n'agissant que pour obliger ses amis et les amis de ses amis, il finit par nous enlever peu à peu

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