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du vrai dans cette cenfure, il eft certain qu'elle ne peut tomber avec juftice, que fur la première des X Lettres que renferme cet Ouvrage.

Cette Lettre n'eft qu'une espèce d'Introduction aux fuivantes. Notre illuftre Auteur y fait fentir en général, le mauvais tour d'efprit qui règne dans cette Ebauche Hiftorique de l'Etat de l Europe depuis l'année 1688 jufques à la conclufion de la Paix d'Utrecht, qu'a donné le Lord Bolingbroke dans fes Lettres fur l'Hiftoire ; & la fcène d'iniquité qu'offrent les quatre dernières années du Gouvernement de la Reine Anne. Il parle enfuite de la raifon qui l'a engagé à prendre la plume. Le Seigneur à qui ces Lettres font adreffées, craignant l'illufion que feroient à plufieurs le ton affirmatif, & le ftyle féduifant de Bolingbroke, avoit fouhaité que quelque perfonne intelligente, qui ayant vu de près les négociations de cette fameufe conjoncture, fe feroit inftruite de la vérité des chofes aux fources mêmes, prit la plume pour démasquer ce Sophifte.. Notre Auteur remarque que cette tâche eft déjà remplie, & qu'il fuffit de voir le Recueil nommé le Medley, les divers Ecrits politiques du Dr. Hare, le Traité de Barrière défendu, l'Hiftoire de Burnet, & les Mémoires de Lamberti, en y ajoutant les Négociations pour les Préliminaires de la Paix, à la Haye en 1709 & à Gertruydenberg

en 1710 avec le Rapport du Comité en 1715, fondé fur les Mémoires de Milord Bolingbroke lui même, pour être persuadé que l'Ebauche en queftion n'eft qu'un Roman. Cependant pour répondre aux defirs réitérés de fon ami, & pour inftruire un grand nombre de perfonnes, qui aimeroient à voir les vérités répandues dans ces différentes productions raffemblées fous leurs yeux; enfin pour défendre les Miniftres qui pendant les huit premières années du gouvernement de la Reine Anne, rétablirent l'équilibre de l'Europe, & portèrent au plus haut point la gloire & le crédit de la Nation Britannique, notre eftimable Auteur a entrepris l'Ouvrage que nous avons fous les yeux.

Le plan de cet Ouvrage eft tracé dans la Ide. Lettre. Il commence par un tableau raccourci des progrès étonnans, que le pou. voir de la France avoit faits par la plume & par l'épée, depuis le Traité de Munfter en 1648, jufqu'à la Révolution arrivée en Angleterre & aux premiers commencemens de la Grande Alliance en 1689. Delà notre Auteur doit paffer à la confideration des divers engagemens que les Puiffances Maritimes prirent avec d'autres Souverains, relativement à la Succeffion d'Espagne, & pour leur fûreté commune contre la Maifon de Bourbon, depuis l'année 1689 jusqu'à l'année 1703.

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Arrivé à cette Epoque, il est question de rappeller les principales opérations de la Guerre, & leurs conféquences depuis 1703. jusques à la fin de 1706, & en marquant les progrés qu'on fit vers la Paix pendant ce temps là, de faire observer le tour malin que Bolingbroke a donné aux Articles de la grande Alliance de 1701, & la fauffe conclufion qu'il en tire, qu'en 1706. la France offrit aux Alliés une Paix fûre & honorable, conformément à l'efprit de ces Articles. Ce Point éclairci, il s'agit de reprendre le fil des évenemens de la Guerre depuis 1706. jufques en 1709 & 1710, de mettre dans leur vrai jour les négociations qu'on fit pour la Paix, pendant ces deux dernières années, & de montrer que fi les rênes du gouvernement de la Grande Bretagne, n'avoient pas été arrachées en 1710 d'entre les mains de ceux qui les tenoient alors, rien n'auroit pu empêcher les Alliés de conquérir l'Espagne & l'Amérique fur la Maifon de Bourbon, pour en mettre la Maifon d'Autriche en poffeffion. Il refte enfin à examiner la conduite du nouveau Miniftere Britannique, depuis l'année 1710. jufqu'à la conclufion de la Paix, arrêtée de concert avec la France, par le Traité d'Utrecht en 1713. Nous ne ferons pas une Analyse fuivie de ces Lettres. Les faits qu'elles renferment font pour la plupart bien connus, & les

raifonnemens de notre illuftre Auteur, font folides & juftes fans avoir le mérite de la nouveauté. Les trois grands points qu'il veut établir font 10. Que les ouvertures de pacification faites par la France en 1706, & communiquées dans les Lettres de PElecteur de Bavière au Duc de Marlborough & aux Députés des Etats Generaux, ne contenoient aucune propofition qui pût fervir de base à des conférences, ni d'ebauche même d'un Traité de Paix, & que quand même elles auroient renfermé les propofitions éblouiffantes dont quelques Auteurs parlent fans fondement, il n'auroit été ni jufte, ni fûr, ni honorable pour la Grande Bretagne de fe prêter à une Paix faite fur ce plan. 2°. Que dans les Conférences de l'année 1709. à la Haye, qui aboutirent à un Traité Préliminaire, auquel les Mini-· ftres de France confentirent, qui fut ratifié par la Reine d'Angleterre, & rejetté après par Louis XIV., la France n'agit ni férieufement ni de bonne foi, & n'eut d'autre objet que de femer la difcorde entre les Alliés. 3°. Que la rupture des Conférences à Gertruydenberg dans l'année 1710, ne vint abfolument que des tergiverfations des Plénipotentiaires François. Sur tout cela l'Auteur juftifie pleinement le Ministère Anglois contre les imputations de Bolingbroke, & le Ministère. Hollandois des reproches outrés, qui lui ont été faits par des

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Auteurs intéreffés à groffir les objets. I répand auffi beaucoup de jour fur ce qui s'eft paffé aux Conférences de Gertruydenberg. C'eft à ces Conférences & au changement du Ministère en Angleterre que ces Lettres finiffent, la mort ayant empêché le respectable Auteur d'achever fon plan.

ARTICLE HUITIEME.

OEUVRES Diverfes de Mr. de JONCOURT, Docteur & Profeffeur en Philofophie. La Haye, chez M. HufJon. 1764. petit in-12. Deux Vol. dont le I. eft de 166. pp. & le IId. de 151.

E premier Volume de ces Oeuvres diverfes de M. le Profeffeur de JoNCOURT, ne renferme que des morceaux des Oeuvres de plufieurs Auteurs Anglois, traduits en François. On y voit d'abord le Bonbeur, Dialogue de M. Harris, réduit à moins d'un tiers dans la traduction de notre Auteur. Car l'Original qui occupe 139 pages grand 8°. eft ici refferré en 62, de petit in-12. Enforte que M. de JONCOURT, s'eft fait illufion quand il a dit

dans

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