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d'Amérique avec la Chèvre supposée de Cachemire, telle qu'il en a vu un mauvais dessin, et seulement un échantillon de laine, il est évident qu'il est peut-être un peu trop prématuré; en effet, quoiqu'il ne dise rien des cornes de ce dernier animal, ce qui seroit important pour se déterminer, il paroit cependant par l'existence d'une barbe, et la manière dont il porte sa queue que c'est une véritable Chèvre, ce qui se trouve exact d'après un dessin que je possède de cet animal et que je publierai incessamment, tandis que le Rupicapra americana n'a pas de barbe, ne paroît pas porter sa queue relevée, et surtout a ses cornes très-différentes de celles des Chèvres. Ce ne peut-être, ce me semble, non plus un Mouton, puisqu'il n'en a ni les cornes ni la queue. Il faut donc le regarder comme un de ces animaux qui doivent nous montrer que la série des Cornifères est tellement nuancée, que nos divisions doivent seulement être pour faciliter la connoissance des nombreuses espèces que ce groupe contient.

LETTRE DE M. DELORME, D. M. P.,
A M. GIRARD,

SUR LE VER DE GUINÉE, FILARIA MEDINENSIS.

Je vous envoie, par une occasion sûre, un Ver de Guinée, sorti de la malléole externe d'un de mes petits nègres. Je l'ai extrait en entier avec précaution, le dixième jour de son apparition, ayant eu le soin d'en rouler chaque jour une portion autour d'un petit cylindre de toile. L'extrémité la plus fine est la tête du Ver, qui est fixée à un fil, et c'est celle qui a paru la première. Ce Ver a un peu noirci dans le tafia où je l'ai mis; il étoit d'un blanc mat. Lorsque la tête s'est présentée, il y avoit environ un pouce au dehors. Ce Ver avoit des mouvemens d'ondulation très-prononcés, et le malade ressentoit les mouvemens du reste du corps dans l'intérieur de sa jambe.

Vous savez que l'existence de ce Ver a été niée par MM. Larrey, Richerand et plusieurs autres. Vous vous rappelez sûrement que notre collègue Baud a fait le reproche aux savans médecins de Paris, dans un Journal de Médecine, de douter de tout ce qu'ils n'ont pas vu, quoique les faits soient attestés par des

Y a

personnes dignes de foi. Je vous avoue que moi-même j'ai cru, d'après l'assertion de ces célèbres professeurs, que le Ver de Guinée et le Dragoneau, n'étoient que du tissu cellulaire frappé de mort à la suite des anthrax, et formés en filière par un trou de la peau; mais le tissu cellulaire auroit-il le mouvement d'un Ver, mouvement qui est si fort et si sensible, que si vous abandonnez la portion que vous avez saisie, elle rentre en totalité? La marche de la maladie ne ressemble nullement à un anthrax; il n'y a presque pas de gonflement; il y a plutôt de la démangeaison que de la douleur et au bout de huit ou dix jours, et quelquefois davantage, il se forme une petite ouverture à la peau, par laquelle paroît la tête du Ver. Les Africains du Sénégal, qui y sont fort sujets, n'y appliquent aucune espèce de remèdes dans la crainte d'irriter le Ver qui se casseroit, se retireroit et entretiendroit un ulcère de mauvaise nature. Ils se contentent de saisir la portion sortie, de faire chaque jour de légères fractions, et de le rouler autour d'un cylindre de bois, de toile ou de papier. Dès que la totalité du Ver est sortie, l'ulcère guérit promptement. Il y a des individus qui en out plusieurs à la fois, et cette maladie est sujette à récidive. Faites actuellement vos réflexions sur la manière dont s'engendre ce Ver; je vous fais grâce des miennes; car quoique nous soyons dans un siècle où l'on explique tout, il y a des choses qui sont pour moi inexplicables. Je voudrois seulement que nos savans incrédules voulussent bien s'en rapporter à nous, ou bien se donner la peine de se transporter sur les lieux pour vérifier le fait. M. Larrey a été en Egypte, et il dit avoir reconnu que l'existence de ce Ver étoit une chimère. J'ai certainement beau

coup de vénération pour M. Larrey, mais sans admettre les Vers d'Egypte, je ne puis m'empêcher de reconnoître ceux que j'ai vus ici sur plusieurs nègres.

Note du Rédacteur. Nous avons examiné avec soin ce Ver, ou mieux, cette portion de Ver, car l'animal n'est pas tout entier. La portion que nous possédons, et que nous devons à la complaisance de M. Girard, a dix-huit pouces de long sur une ligne de diamètre; l'extrémité antérieure est terminée en pointe, assez alongée comme dans les autres Filaires, et la bouche est simple et terminale. Je n'ai trouvé à l'intérieur, rien autre chose qu'un canal intestinal, étendu d'une extrémité à l'autre. Quoi qu'il soit assez difficile de dire pourquoi cet animal sort presque constamment vers la partie inférieure des jambes, il n'offre du reste dans cette habitude de sortir du canal intes

tinal (dans lequel il est très-probable qu'il est né ou a été introduit, pour pénétrer dans le tissu cellulaire, et même traverser ensuite la peau), rien que l'on ne retrouve aussi dans les autres espèces de ce genre.

NOUVELLES SCIENTIFIQUES.

CHIMIE.

Sur un nouvel Alcali végétal.

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EN faisant l'analyse de la Fève Saint-Ignace et de la Noix vomique, MM. Pelletier et Caventou viennent de trouver le principe actif de ces deux graines. Le 1 août ils ont donné communication de leur découverte à la Société Philomathique, et le 10 du courant ils l'ont annoncée à l'Académie des Sciences. Voici quelles sont les principales propriétés de la nouvelle substance.

Elle est blanche, inodore, d'une amertume très-forte, cristallisable en prismes à quatre pans, terminés par des pyramides à quatre faces un peu surbaissées, soluble dans l'alcool, trèspeu soluble dans l'eau et dans l'éther. Distillée dans des vaisseaux fermés, elle se fond, noircit, se décompose et donne tous les produits des matières végétales non azotées; l'analyse en a été faite par le deutoxide de cuivre, et l'on n'a obtenu que de l'eau et de l'acide carbonique, ce qui confirme les résultats précédens.

Elle est sans action sur le curcuma, verdit les couleurs bleues végétales, et fait revenir au bleu le papier de tournesol rougi par un acide. Elle se dissout très-bien dans les acides, les sature et forme avec eux des sels plus ou moins facilement cristallisables. L'acide nitrique foible la dissout sans l'altérer; mais lorsqu'il est concentré, cet acide fait prendre à la substance une couleur rouge de sang; lorsque l'action est continuée, la dissolution jaunit et laisse de l'acide oxalique pour résultat. L'acide acétique forme avec elle un sel plus soluble que celui obtenu avec l'acide sulfurique, mais le sulfate cristallise très-facilement en belles lames rhomboidales. Il est à remarquer que ces combinaisons salines sont moins amères que la substance elle-même, et que la dissolution nitrique a une saveur d'abord sucrée, et qui laisse en dernier lieu un goût âpre et un peu amer.

- Elle a une action très-énergique sur l'économie animale. Cette action est la même que celle de la Noix vomique et de la Fève Saint-Ignace, c'est-à-dire qu'elle produit le tétanos, mais en bien moins de temps et à des doses bien inférieures. Un demi-grain suffit pour tuer dans l'espace de quelques minutes, les lapins, les chiens, les chats et les cochons d'Inde auxquels on l'administre, soit en l'insufflant dans la gueule de ces animaux, soit en l'introduisant dans une blessure pratiquée à dessein.

La classe des substances végétales acides est nombreuse; celle des substances végétales alcalines sembloit être au contraire hornée à la morphine. Cependant M. Vauquelin avoit reconnu des propriétés alcalines dans une substance trouvée par lui, en analysant le Daphné alpina; c'est pour rappeler ces faits, que MM. Pelletier et Caventou ont nommé leur alcali Vauqueline (1), en l'honneur du célèbre chimiste qui le premier a entrevu la nouvelle classe de corps dont la substance du Daphné, la Morphine et la Vauqueline formeront les trois premiers genres.

Sur deux nouveaux oxides de Strontiane et de Calcium.

M. Thenard a lu à l'Académie des Sciences, dans la séance du 19 août, la suite de ses recherches sur l'oxigénation, par le moyen du péroxide de barium; il a découvert deux nouveaux oxides, l'un de Calcium et l'autre de Strontium, qu'il obtint en versant de l'eau de chaux ou de strontiane dans l'acide hydro-chlorique oxigéné; ces oxides se précipitent à l'instant sous forme de belles paillettes très-brillantes; quand l'acide est très-concentré, ainsi que l'eau de Strontiane, les liqueurs se prennent en masses.

Oxide de Mercure.

Le 28 mai dernier, un Mémoire de M. Donovan, sur les oxides de Mercure, fut lu à la Société royale de Londres.

M. Donovan commence par donner un aperçu de ce qui a

(1) En donnant à la substance qu'ils ont découverte, le nom de l'auqueline, MM. Pelletier et Caventou ont sans doute oublié que d'après les principes de la nomenclature de Lavoisier, on a entièrement proscrit en Chimie les noms propres d'hommes, de villes, etc., et nous pensons qu'il n'y a pas de raison de changer ces principes; s'il devoit en être autrement, nous serions les premiers à applaudir à l'idée des auteurs; mais nous le répétons, il nous semble que les innovations en ce genre pourroient amener une confusion dont il n'y a déjà que trop d'élémens dans la nomenclature. (R.)

été fait sur cet objet par les chimistes qui l'ont précédé, et ensuite il rapporte ses propres expériences.

Il pense que le protoxide de Mercure consiste en 100 parties de Mercure et 4,12 parties d'oxigène, tandis que le peroxide contient 100 de Mercure et 7,82 parties d'oxigène; il suppose que ce sont les seuls oxides de Mercure, l'un répondant à l'oxide noir et l'autre à l'oxide rouge de Mercure. (Annals of Philosophy, juillet 1818.)

Sur le Platine fondu; par M. PREChtel.

M. Prechtel, directeur de l'Institut Polytechnique à Vienne, a réussi à fondre le Platine à l'aide d'un feu extrêmement violent et dans des creusets très-réfractaires. Le plus grand degré de chaleur qu'il ait produit, peut être estimé à environ 180° W. Le platine ainsi fondu, perd beaucoup de sa pesanteur spéci fique qui n'est plus que de 173. On peut le rayer avec le couteau, il cède aisément aux coups de marteau et peut être divisé avec la scie comme le cuivre. Rougi au feu et ensuite battu avec le marteau, il s'écaille et présente une fracture granuleuse, semblable à celle de pareilles pièces de fer cru. Ce qui le conduit à croire que le Platine en se refroidissant, descendant rapidement d'un très-haut degré de température, se réunit sous forme cristalline. La mine de Platine ne se fond pas au même degré que le Platine pur. (Ann. de Phy's. de Gilbert, janv. 1818.)

MINERALOGIE.

Annonces de deux nouvelles espèces minérales et de gissemens nouveaux de deux espèces connues.

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D'après une Lettre de M. Heuland à M. Léman, en date du 8 juillet 1818, on lui annonce de Freyberg en Saxe, deux nouvelles espèces minérales, le Scorrodite et le Tungstate de plomb; la première vient de Baierfeld, près de Schneeberg en Saxe, et la seconde de Zinnwalde en Bohême. On apprend par la même Lettre, que la Fiorite vient d'être trouvée dans le Mittel-Gebirge en Bohême, et l'Alun natif dans le Phytanthrace subschisteux (Gemeine Braun Kohle), entre Kaden et Saatz sur l'Eger en Bohême.

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