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cation destiné pour ceux qui font des Champignons un usage plus substantiel, mais qui aussi leur devient souvent funeste, s'ils n'ont pas assez de connoissance pour distinguer les espèces alimentaires d'avec celles qui sont délétères; et sous ce point de vue, les livres des naturalistes sont évidemment plus méritoires, s'ils parviennent, en répandant l'instruction, à conserver la santé et la vie de leurs concitoyens.

Dans ce Traité sont décrites avec exactitude, 95 espèces de Champignons, plus ou moins comestibles, dont quelquesunes sont tout-à-fait nouvelles, appartenant à 12 genres. A la fin de chaque description, et sous une rubrique particulière, sont aussi signalées comparativement, les espèces nuisibles que l'on pourroit confondre avec les bonnes, soit par la couleur, soit par la forme. Les meilleures figures de tous ces Champignons, leurs noms botaniques et les noms vulgaires, qui paroissent extrêmement variés suivant les localités, sont aussi indiqués. Les moyens de conserver les Champignons et de les préparer pour la cuisine n'ont pas même été oubliés, et avec raison, puisque l'expérience nous apprend qu'une espèce assaisonnée d'une certaine manière, perd une qualité un peu nuisible qu'elle auroit eu apprêtée d'une autre façon; ainsi, en général, une légère macération dans le vinaigre, paroit enlever la qualité nuisible des espèces les plus délétères. On trouvera également indiqués dans cet ouvrage, les remèdes à opposer aux accidens occasionnés par les espèces vénéneuses, si l'on ne peut avoir de suite les secours des médecins, lesquels, au reste, on ne doit point négliger de consulter. Le plus efficace est, d'après les observations à ce sujet, l'emploi d'un éméto-cathartique même huit ou dix heures après l'ingestion des Champignons délétères, leur action étant très-lente, ainsi que leur digestion.

La première partie, ou l'introduction de cet ouvrage, est purement théorique, et contient une analyse concise, mais bien suffisante, de l'histoire naturelle des Champignons; un excellent aperçu de leur classification, contenant, à ce qu'il nous a semblé, un grand nombre de remarques nouvelles, fruits des recherches de l'auteur, qui, comme le savent sans doute nos lecteurs, s'est spécialement attaché à cette partie de la Botanique, sur laquelle il a publié un ouvrage classique il y a quelques années, et qui, étant allemand, est bien au courant de tout ce qui s'est fait de plus récent sur cette matière en Allemagne où l'on s'en occupe beaucoup; en sorte que comme les espèces vulgaires ou curieuses, et même nouvelles, de presque tous les genres de

ce singulier groupe de corps organisés, dans lequel il nous paroît qu'on réunit des choses bien disparates, y sont aussi traitées, il est vrai d'une manière succincte; ce livre, sous un petit volume, peut en même temps servir comme un manuel extrêmement utile, à ceux qui ne regardent ces productions que sous les rapports scientifiques, en les mettant au courant de l'état de la science, ainsi qu'à ceux qui les envisagent d'une manière évidemment plus utile, mais aussi souvent plus dangereuse, et cela en leur indiquant avec soin, non-seulement les caractères des espèces bonnes, innocentes, ou plus ou moins délétères, mais encore les différences qu'elles offrent suivent leur âge, ce qui étoit fort important; les lieux où elles se trouvent, et enfin l'accom modement ou le remède qui leur convient. D'après cela, il nous sembleroit fort utile, pour tirer tout le parti possible de cet ouvrage, dont le peuple ne peut immédiatement faire usage, comme le fait justement observer l'auteur, que les autorités locales, les maires, les curés, etc., en fissent une application aux espèces de leur canton, en employant les noms vulgaires ou mieux, locaux, dans une très-courte instruction affichée à la porte des églises et dans les marchés. Les accidens qui arrivent chaque année dans les campagnes, en deviendroient sans doute moins nombreux.

SUR LES RÉSULTATS

DE L'EXPÉDITION ANGLOISE AU NORD.

Le principal but de cette expédition, dont nous avons déjà eu l'occasion de parler, et qui consistoit à chercher de nouveau un passage au nord-ouest de l'Océan atlantique dans l'Océan pacifique du nord, et par conséquent d'aller aux Indes sans doubler le cap de Bonne-Espérance, est entièrement manqué. Les deux vaisseaux commandés par le capitaine Buchan, qui devoient s'élever plus au nord à l'est, n'ont pas dépassé le 80° de latitude, et sont revenus les premiers dans les ports d'Angleterre, et les deux autres, sous le commandement du capitaine Ross, qui étoient chargés d'explorer la baie de Baffin, sont également de retour depuis le mois de novembre, sans avoir perdu un seul homme. Mais cette expédition est bien loin d'avoir été perdue pour les Sciences; en effet, outre les dé

terminations géographiques des points principaux de toute cette grande baie de Baflin, faites avec le plus grand soin par le capitaine Ross, qui lui permettent d'assurer qu'il n'existe pas de passage entre l'Océan atlantique et l'Océan pacifique, parle détroit de Davis, ou la baie de Baffin, qui est toute entourée de terres élevées, la Physique et l'Histoire naturelle auront à recueillir plusieurs faits intéressans. Ainsi le capitaine Ross a déjà publié quelquesunes des observations qu'il a faites sur l'inclinaison et la déclinaison boréales de l'aiguille aimantée, où l'on trouve une inclinaison de 84° 25', c'est-à-dire de 2° 16′ plus forte que la plus grande observée par le capitaine Phips, et une déclinaison boréale de 87° à 75° 5' de latitude et 62° 12' de longitude occidentale, tandis que la plus forte connue n'avoit pas dépassé 45°. Le même capitaine a découvert au fond de la baie de Baffin, entre le 76° et le 77° de latitude, une nation tout-à-fait sans relations avec le reste de l'espèce humaine; d'après les renseignemens qu'il a pu prendre à l'aide d'eskimaux qu'il avoit à bord, et qui n'entendoient, il est vrai, que fort difficilement sa langue, ce peuple n'a jamais goûté des fruits de la terre, et son unique nourriture consiste en poissons et en huile de baleine. Il n'a, dit-on, aucune idée de l'Etre suprême ni d'un état à venir, et n'a jamais vu d'ennemis; il se regarde comme le maître de la terre, dans la persuasion, il est vrai, où il est, qu'au-delà de sou pays il n'y a que des glaces. La figure, le langage et les mœurs mêmes de ce peuple, paroissent se rapprocher des Kamtschatkádales de l'extrémité de l'Asie. Ils se servent en effet de traîneaux tirés par des chiens, ils se vêtissent de peaux; il paroît cependant qu'ils connoissent le fer, car on leur a trouvé des couteaux; les harpons dont ils se servent pour atteindre les petites baleines, sont faits de dents de narwhal; ils n'avoient aucune idée du bois, au point qu'un de ces naturels monté sur le pont du vaisseau, voulut soulever un mat comme s'il avoit été sans pesanteur. A l'arrivée des vaisseaux anglois, leur curiosité fut considérablement stimulée; ils regardoient, disent les relations, les vaisseaux comme de grands oiseaux de proie, venant de la lune pour les dévorer. Lorsqu'on leur fit entendre que les anglois venoient du sud, ils répondirent que cela étoit impossible, parce que de ce côté tout était couvert de glace, etc. Mais, outre ces observations sur cette nouvelle peuplade, M. le Dr Leach vient de publier un aperçu des richesses zoologiques déposées au Muséum britannique.

Parmi les mammifères, nous citerons, 1°. une nouvelle va

riété de chien que M. Leach dit approcher du loup sous certains caractères extérieurs et par la voix, et qui manque de pouce aux pieds de derrière (1); 2°. le renard arctique qui n'exhale point la mauvaise odeur du renard commun, et vit sur la côte du Spitzberg; 3. une espèce de lièvre qui, suivant M. Leach paroît former une espèce probablement distincte du Lepus variabilis de Pallas, et certainement du lièvre blanc de Brisson. Elle est de la taille du lièvre commun, et de couleur blanche. Le dos et le sommet de la tête sont saupoudrés de poils d'un brun noirâtre, annelés de blanc; les côtés du cou sont couverts de poils de la même couleur, entremêlés de blanc. L'extrémité des oreilles est noire, avec quelques poils blancs, et sur les côtés, ceux-ci sont beaucoup plus nombreux. Elle a été tuée sur la côte ouest de la baie de Baffin au 74° de latitude; 4°. enfin le renne venant de la côte du Spitzberg; et comme l'individu tué avoit ses bois à l'état de refait, on a fait l'observation que les poils qui les recouvrent sont beaucoup plus longs que sur les individus domestiques.

Parmi les oiseaux déposés au Muséum britannique, nous citerons 1. Falco smirillus, 2°. Vitiflora ænante, 3°. Emberiza nivalis, 4. Haematopus ostralegus, 5°. Pelidna alpina, 6°. Tringa islandica, 7. Lobipes hyperboreus, 8°. Rallus sericeus, 9°. Uria francsii, nouvelle espèce de Guillemot dont M. Leach a lu la description à la Société linnéenne; 10°. Grylle scapularis, 11°. Mer gulus melanoleucos, 12°. Fratercula glacialis, nouvelle espèce dont la description a été également communiquée à la Société

(1) Voici ce que nous avons observé sur l'individu femelle envoyé vivant par M. le Dr Leach au Muséum d'Histoire naturelle. L'aspect général et surtout celui du poil et des dents, indiquent un individu âgé; sa taille et sa physionomie générale sont celles de la variété de chien que nous nommons chien-loup; en effet, le museau est tout-à-fait semblable, en ce que la mâchoire inférieure semble se terminer obliquement par la longueur de la symphyse; la tête a la même forme; les yeux, médiocres, ont la pupille ronde; les oreilles sont droites, médiocres et ovales; la queue est forte, un peu excavée en dessus, trèschargée de poils, surtout inférieurement; l'animal la tient presque horizontalement, cependant un peu de côté. Les membres sont assez grêles; il n'y a en effet aux pieds postérieurs, aucune trace de l'ergot ou du pouce que l'on trouve dans beaucoup de chiens domestiques. Tout le poil est long, presque vertical et de couleur d'un blanc sale, avec de grandes taches d'un brun noir, assez irrégulières. Il n'aboie nullement, il se laisse approcher, et même caresser aisément, mais ne donne aucun signe de joie par le mouvement de sa queue, même aux personnes chargées de le nourrir.

Cette variété me semble évidemment être la souche de notre chien loup.

linnéenne par M. Leach; 13°. Procellaria glacialis, 14. Larus eburneus, 15°. L. rissa, 16°. L. canus, 17°. et 18°. deux grandes espèces de Larus nón déterminées, 19. L. sabini, nouvelle espèce sur laquelle M. Sabine a lu un Mémoire à la Société linnéenne, et qui doit, suivant M. Leach, former un genre intermédiaire aux genres Larus et Sterna; 20°. Sterna hirundo, 21°. Stercorarius cepphus, 22°. Catarracta fusca, 23°. Somateria mol

lissima.

NOUVELLES SCIENTIFIQUES.

GÉOLOGIE.

Sur la Ville pétrifiée d'Afrique.

Plusieurs ouvrages de compilation, et même sur les pétrifications, parlent encore d'après le Triumvirat de Barbarie, par le père Pascal Canto, Paris, 1657, et surtout d'après le Voyage de Paul Lucas, fait en 1714, dans la Turquie, l'Asie, la Syrie, la Palestine et l'Egypte, 3 vol. in-12, d'une prétendue ville pétrifiée avec ses habitans, qui existe dans l'intérieur de l'Afrique septentrionale. M. le capitaine W. H. Smith, au servie de l'Angleterre, s'étant trouvé à Leptis Magna, occupé à faire des fouilles, en prit l'occasion de pénétrer plus avant et de faire des recherches sur cette fameuse merveille, dont les Arabes et les Turcs parlent comme d'une chose certaine. Après être arrivé à Ghirrza, lieu où l'on disoit qu'elle existoit, il n'aperçut que quelques misérables maisons de construction fort moderne. Il vit cependant dans un ravin sur la pente d'une colline, quelques tombeaux du plus mauvais goût, des ornemens avec des colonnes sans proportion, avec des chapiteaux extrêmement lourds, construits sans aucune règle d'architecture, aucune division d'architraves, de frises, de corniches; l'entablement surchargé de figures grossières et grotesques, représentant en bas-reliefs des guerriers, des chasseurs, des chameaux, des chevaux et d'autres animaux, plutôt érailles que sculptés dans la pierre. Les piédestaux étoient sans socles; l'espace entre la base et la corniche étoit rempli d'arabesques les plus baroques. L'oubli de toute pudeur étoit remarquable dans plusieurs figures.

Vers le sud-est, au milieu d'un vallon inculte et désert, re

paire

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