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DE LA

SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE, HISTORIQUE

ET SCIENTIFIQUE

DE

SOISSONS.

PREMIÈRE SÉANCE.

Lundi 5 Janvier 1857.

Présidence de M. de Laprairie.

M. le Président rappelle à la Société qu'aux termes du réglement il va être procédé au renouvellement du bureau pour l'année 1857.

Deux scrutins ont lieu l'un pour la nomination du président, du secrétaire et du trésorier, l'autre pour la nomination du vice-président et du vice secrétaire.

Sont nommés:

MM. de Laprairie, président;

Williot, vice-président;

l'abbé Pécheur, secrétaire;

Decamp, vice-secrétaire;

Suin, trésorier.

M. Suin présente son rapport annuel sur les recettes

et les dépenses de la Société.

M. le Président prend ensuite la parole pour rendre

compte des travaux de la Société pendant l'année qui vient de s'écouler :

Messieurs,

Tous les ans à pareille époque, nous nous faisons. une loi de jeter un coup d'oeil rétrospectif sur l'année qui vient de finir. Nous voulons vérifier si nous avons à nous applaudir de ce que nous avons publié, ou si, au contraire, nous avons à nous reprocher d'avoir peu fait pour l'histoire et les monuments du pays. Toutefois, lorsqu'une Société comme la nôtre a laissé écouler un temps même assez long, sans produire de travaux importants, ce n'est pas là un motif de découragement. Les Sociétés de petites villes ne sont pas, comme à Paris, composées seulement d'hommes de lettres et d'hommes de science, elles en possèdent souvent, il est vrai; mais, ce que l'on peut dire et ce qui est exact, c'est qu'elles sont surtout la réunion d'hommes du monde ayant leurs occupations et leurs professions particulières. Chacun de nous travaille donc à son heure et à sa convenance; et si une année n'a pas été heureuse, celle qui suivra vaudra peut-être mieux.

On nous a quelquefois reproché de donner une trop large place, dans notre Bulletin, à l'archéologie proprement dite. Je ne pense pas que nous devions accepter ce reproche. La science est une belle chose, mais les monuments qui couvrent le pays présentent un intérêt plus réel et surtout plus pressant encore.

Jetons un regard autour de nous et il nous sera facile de constater que, si des églises ont été construites dans un style véritablement religieux, si d'autres ont été réparées et ornées avec beaucoup de goût, ces heureux résultats sont dûs en grande partie à l'influence de la Société archéologique. Par nos publications, par nos.

excursions, par nos relations avec un grand nombre de membres du clergé, nous avons répandu des idées plus justes sur la valeur et sur le mérite des monuments du Moyen-Age, si longtemps méconnus. En les faisant admirer et aimer plus qu'ils ne l'étaient, nous les avons fait respecter davantage; aussi, de prétendus embellissements, en dehors du style des édifices, deviennent de jour en jour plus rares. Mgr l'Evêque de Soissons, en faisant entrer deux membres de la Société dans le conseil qu'il a institué pour l'examen de tous les projets de constructions et de réparations des églises de son diocèse, a montré, par cet acte bienveillant, qu'il appré ciait les services que nous avions rendus.

L'utilité des Sociétés archéologiques est donc incontestable à ce point de vue; mais les dix volumes de notre Bulletin, tout entiers consacrés au pays, et la publication du Rituel de Nivelon sont encore des titres à l'estime des hommes, aujourd'hui nombreux, qui accordent une véritable importance à tous les faits se rattachant à l'histoire de chaque partie de la France. L'aperçu que je vais vous donner, du contenu de notre dernier volume, vous montrera que l'année 1856 n'a pas été plus stérile que les autres, et que la Société continue à marcher dans la voie qu'elle s'est tracée dès sa création.

Les cartulaires des cathédrales et des abbayes étaient enfouis, depuis plusieurs siècles, dans les bibliothèques où personne n'allait plus les consulter, lorsqu'il y a quelques années on s'est remis à les étudier avec beaucoup de soin; le gouvernement lui-même, qui en a compris l'importance, a fait imprimer ceux de NotreDame de Paris, de Saint-Bertin, de Savigny, de SaintPère de Chartres et de Saint-Victor de Marseille, comme présentant un intérêt général. C'est, en effet, une mine où l'on rencontre une foule d'indications et de faits

qui ne se trouvent pas ailleurs. M. l'abbé Daras, qui nous avait déjà parlé des cartulaires du diocèse, nous a donné de nouvelles notes sur celui de Prémontré et nous a appris qu'il existait à Rome dans la bibliothèque du Vatican, et, en Angleterre, des titres nombreux appartenant aux anciens diocèses de Laon et de Soissons; et il nous a donné un aperçu de toutes les richesses de ce genre que contiennent les diverses bibliothèques de Paris, en y joignant une analyse des manuscrits de Dom Grenier. Toutes les indications de sources où l'on peut puiser se complèteront avec le temps et, dans quelques années, en parcourant les volumes de notre Bulletin, on saura où l'on doit aller chercher des documents qu'aujourd'hui on ne sait où trouver.

M. l'abbé Daras n'a pas borné là sa part dans les travaux de l'année qui vient de finir: d'abord il a donné une description intéressante des salles capitulaires de l'ancienne abbaye de Prémontré; ensuite il a rendu compte d'une excursion archéologique qu'il a faite dans les environs de Vailly, où il a visité plusieurs églises remarquables; celles de Soupir, de Moussy et de Verneuil. Enfin, il a fourni la description d'un grand nombre de monnaies, découvertes récemment à Verneuil-Courtonne.

Notre département est si riche en monuments du Moyen-Age que l'on ne peut faire la plus petite course sans qu'une église remarquable se présente aux regards. M. Clouet a eu l'occasion de voir celle de Chaudardes, et ce qu'il nous en a dit a fait désirer à ceux qui ne la connaissent pas de pouvoir l'admirer à leur tour.

La Société se rappelle la brochure que M. Peigné Delacourt a publiée sur la position depuis longtemps discutée du Noviodunum Suessionum. Il faut bien le dire, cette question, toute importante qu'elle soit, est un peu usée. Peut-elle recevoir une solution qui empêche

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