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M. Gottholf Fischer pense que ce Psautier n'est pas le premier livre en caractères mobiles avec date, mais que c'est un calendrier commencé en 1456, et terminé au commencement de l'année suivante, avant la veille de l'assomption époque de la publication du Psautier. Ce calendrier n'est imprimé que d'un côté, et M. Fischer en a déposé un exemplaire à la bibliothèque du roi, en 1804, après avoir fait imprimer à Mayence une savante notice qui le décrit.

Après ce Calendrier et ce Psautier, on peut regarder comme touchant au berceau de l'imprimerie le Rationale divinorum officiorum de Guillaume Durand. Ce livre fut publié à Mayence par Jean Faust et Pierre Schoeffer, son gendre, le 6 octobre 1459. Il paraît être le premier ouvrage où celui-ci ait employé les nouveaux caractères fondus au moyen des poinçons qu'on venait de découvrir. C'est un grand in-fol. à deux colonnes de 63 lignes, et qui comprend 160 feuillets. L'édition est remarquable par la beauté de son exécution, et surtout par la parfaite égalité du tirage. La bibliothèque du roi en possède plusieurs exemplaires. Faust et Schoeffer publièrent, en 1459, une seconde édition du Psautier. C'est un grand in-fol. à longues lignes, au nombre de 23 à chaque page, et composé de 156 feuillets. On n'en retrouve plus que huit exemplaires, et la bibliothèque du roi en possède deux. Le Vocabulaire latin du Gênois Jean de Balbi parut l'année suivante; il est intitulé: Summa quæ vocatur catholicon, a Joanne de Janua; Moguntiæ, 1469, grand in-fol. Cet ouvrage est imprimé sur deux colonnes de 66 lignes, et il contient 373 feuillets. Il ne porte point de nom d'imprimeur; et comme ses caractères sont différens de ceux employés ordinairement par Schoeffer, on l'a regardé comme sorti des presses de Guttemberg après sa séparation de Faust. Quelques bibliographes ont placé ce Vocabulaire avant le Rationale, en prétendant que son impression était antérieure à celle de ce dernier ouvrage, bien qu'il n'ait été mis en vente qu'en 1460. Il en existe des exemplaires impri

més sur vélin, et la bibliothèque du roi en possède plusieurs de cette espèce. L'année 1460 vit encore sortir des presses de Faust et Schoeffer les Constitutiones Clementis papæ V, grand in-fol. composé de 51 feuillets imprimés sur deux colonnes, avec les sommaires en rouge. Ce recueil des Clémentines, ou des Constitutions du pape Clément, est rare et précieux, et la bibliothèque du roi en possède un exemplaire. Enfin on vit publier par les mêmes imprimeurs la fameuse Bible de 1462, si recherchée des amateurs. Elle est en 2 volumes grand in-fol.; chaque page a deux colonnes de 48 lignes, avec les sommaires des livres et des psaumes en rouge. Le premier volume renferme 242 feuillets; le second 239. C'est la première Bible qui porte une date. L'exécution en est très-élégante pour le temps. La bibliothèque du roi en possède plusieurs exemplaires sur vélin. Nous ne donnerons pas une nomenclature plus étendue des premiers livres imprimés, parce que l'on peut trouver des renseignemens trèsexacts et très-curieux sur cet objet chez les bibliographes qui, tels que Maittaire, Parzer, Audiffredi, Laire, La Serna-Santander, etc., ont donné l'histoire des éditions du 15e siècle. Ce qu'il y a de certain c'est que dans ce siècle où l'imprimerie fut inventée, elle fut aussi portée à un haut degré de perfection.

CHAPITRE XI.

De la propagation de l'imprimerie dans les principales villes de l'Europe.

L'imprimerie ne tarda pas à se propager après sa découverte. Le monument le plus ancien de sa propagation est un Recueil de fables en allemand, accompagné de gravures en bois, et imprimé à Bamberg en 1461. Ce livre, décrit par Heinecke, se trouve à la bibliothèque du duc de Wolfenbuttel. Le livre des Quatre histoires, dont l'estimable Camus

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a donné une notice en l'an VII, a été imprimé dans la même ville, par Pfister, en 1462. Le savant M. Van Praet attribue encore au même imprimeur un fragment de calendrier qui est d'une date antérieure. Mentel et Eggestein s'établirent à Strasbourg vers 1466. Ulric Zel, de Hanau, porta le premier l'imprimerie de Mayence à Cologne vers 1465, et, bientôt après, plusieurs autres imprimeries s'établirent dans la même ville. C'est dans la même année que Conrard Sweynheim, Arnold Pannartz et Ulric Han, de Vienne en Autriche, appelé en latin Ulricus Gallus, tous trois ouvriers sortis des ateliers de Mayence, transportèrent leur art en Italie, sous le pontificat de Paul II. Ils établirent d'abord leurs presses dans le monastère de Sublac, dans la campagne de Rome, où des religieux allemands leur avaient donné l'hospitalité. Ils y formèrent des élèves, et imprimèrent le Donat sans date, et les OEuvres de Lactance en caractères romains, avec souscription et date du 30 octobre 1465. Ils y publièrent encore d'autres ouvrages, tels que la Cité de Dieu de saint Augustin, etc.

Pierre et François de Maximis, deux frères amis et protecteurs des arts, attirèrent à Rome Sweynheim et Pannartz, les logèrent dans leur maison, où ils imprimèrent, en 1467, les Epttres familières de Cicéron. Ils avaient déja été devancés dans cette ville par Uldaricus Han, que le cardinal de Turrecremata avait fait venir de Sublac. Celui-ci imprima, le 31 décembre 1467, les Méditations de son bienfaiteur. C'est un volume in-fol. avec figures, lequel est de la plus grande rareté il imprima aussi, en 1470, les Commentaires du même cardinal sur le Psautier. Il associa à ses entreprises Simon Nicolas, de Lucques, son élève, et ils imprimèrent ensemble une foule de bons ouvrages, dans la maison de Jean-Philippe de Lignamine, de Messine, homme érudit qui revoyait et corrigeait les éditions de ces deux artistes.

Le cardinal Caraffa appela à Rome, vers 1469, Georges Laver, de Wurtzbourg, qui établit son atelier dans le mo

nastère de Saint-Eusèbe, ordre des Célestins. Adam Rot, clerc du diocèse de Metz, exerça dans la même ville son art, depuis 1471 jusqu'à 1475, et on prétend qu'il introduisit dans l'imprimerie l'usage des diphtongues. A cette époque on comptait encore à Rome une vingtaine d'autres imprimeurs,

Cette quantité d'imprimeries, établies à Rome en si peu d'années, prouve combien les arts y étaient favorisés à l'époque de la renaissance des lettres, et fait le plus bel éloge des papes de ce temps-là, qui n'avaient pas pour système, ainsi que certains obscurans, prétendus hommes d'état de nos jours, de regarder les lumières comme dangereuses et ennemics du bonheur des peuples. Aussi la faveur accordée aux imprimeurs par le gouvernement pontifical les piquait tous d'une noble émulation pour se surpasser les uns les autres, soit par la beauté, la rondeur de leurs types, soit par la bonté, la blancheur, la force et le carré de leur papier, soit enfin par le choix, le savoir et le mérite des correcteurs et des éditeurs. La même émulation régnait parmi les gens de lettres leurs contemporains, leurs amis, leurs protes, qui revoyaient, collationnaient, épuraient, interprétaient les manuscrits des auteurs grecs et latins, et leur rendaient en quelque sorte la vie. Aussi on est étonné de la quantité d'auteurs anciens. imprimés à Rome dans le quinzième siècle, et exhumés de la poussière des bibliothèques pour reparaître au grand jour, et faire l'admiration des temps modernes, comme ils l'avaient faite de l'antiquité. Ces premières impressions font encore l'ornement des bibliothèques de Rome, et celle du Vatican en est remplie. Le minime Laire en a donné l'histoire dans son Specimen historicum typographic romance XV sæculi, ouvrage imprimé à Rome en 1778.

Venise, ville que son commerce rendait alors très-florissante, ne tarda pas non plus à voir cette belle découverte se propager dans ses murs, et, en 1469, Jean de Spire y imprimait Pline le naturaliste, in-fol. à longues lignes, de 750 pages; édition magnifique par la netteté, la rondeur, mi pichodor? ×

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l'égalité des types et par la beauté du papier; très-rare, puisqu'il n'en a été tiré que cent exemplaires. Plusieurs bibliothèques royales de Paris possèdent cette précieuse édition. Il publia aussi dans la même année les Epitres familières de Cicéron, en mêmes caractères et en même nombre d'exemplaires. Il avait commencé à imprimer la Cité de Dieu de saint Augustin lorsque la mort le surprit. Vindelin, son frère, l'acheva en 1470, et il publià la même année les OEuvres de Virgile.

Nicolas Jenson, Français d'origine, instruit à l'école de Faust et de Schoeffer, enrichit également Venise de ses talens typographiques. Il y imprimait, en 1470, les Épitres de Cicéron, d'après l'édition de Jean de Spire, et, en 1471, le Decor puellarum. Peu d'hommes ont acquis et mérité autant de réputation que Jenson dans toutes les parties de la typographie. x

En 1476, Aldus Pius Manutius, chef de l'illustre famille des Manuce, qui s'est tant distinguée par ses belles éditions, florissait également à Venise et y publiait le Doctrinale puerorum, ouvrage de grammaire d'un franciscain du treizième siècle. Une société d'imprimeurs allemands y publiait aussi l'histoire d'Appius d'Alexandrie, édition à longues lignes, en lettres rondes de la plus grande beauté.

Bientôt Rome et Venise eurent pour émules la plupart des autres villes de l'Italie, telles que Bologne, Milan, Mantoue, Florence, Vicence, Parme, Padoue, Sienne, Udine, etc. Et peu de temps après ce bel art se répandit à Tolède, à Séville, à Barcelone, à Grenade, à Madrid, à Ausbourg et dans plusieurs autres grandes villes d'Allemagne, de France, d'Angleterre, des Pays-Bas, etc.

Ce fut un archevêque de Cantorbéry, chef de l'université d'Oxford, qui conçut, dit-on, en 1459, le projet de l'établir dans la Grande-Bretagne; et, pour l'exécution de ce généreux dessein, il consacra 300 marcs d'argent pris sur ses propres

* Probably 14gs: for he only emoved to Denice în 1488.

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