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IMPRIMERIE DE A. BELIN,

RUE DES MATHURINS, HÔTEL DE CLUNY.

GÉNÉRAL

DE MÉDECINE,

DE CHIRURGIE, DE PHARMACIE, etc.,

OU

RECUEIL PÉRIODIQUE

DE LA SOCIÉTÉ DE MÉDECINE DE PARIS.

Essai sur l'éducation physique des enfans; par F. S. RATIER, D. M. P.

(Suite).

CHAPITRE IV.

1. Des alimens et des boissons.

POUR un enfant qui vient de naître, manger et dormir, constituent la principale, l'unique occupation; et même lorsqu'il est plus avancé en âge, l'accroissement très-rapide que prend le corps, doit faire considérer la digestion comme la plus importante de toutes

Education physique.

les fonctions. Mais cette vérité, quoique Education généralement reconnue, n'en est pas mieux

physique.

mise en pratique, ou plutôt la malheureuse habitude de se soustraire aux lois de la nature, fait que, pour nourrir les enfans, on prend à tâche de les étouffer. C'est là que les préjugés, les pratiques absurdes et pernicieuses se présentent en foule, et sont accueillies avec empressement, tandis qu'on repousse les conseils de l'hygiène et les lumières de la physiologie.

Pour procéder avec méthode, il faut considérer dans les alimens leur qualité, leur quantité et leur mode d'administration: ce qu'il est convenable de faire, serait décrit dans quelques lignes; mais il est bien autrement long de signaler les fautes qu'on doit éviter.

Le lait maternel est l'aliment par excellence; tel est le principe immuable que les femmes ne doivent jamais perdre de vue, et qui condamne toutes celles, qui, sous des prétextes frivoles, se soustraient à un devoir sacré. On les voit saisir avidement tous les motifs qui peuvent excuser leur abandon, les occupations, une santé délicate, et trop souvent elles sont secondées par leurs familles et par la complaisance coupable de quelques médecins. Quand les mères n'au

Education

pour physique.

pro

raient en vue que l'intérêt de leurs enfans,
ce seul mobile ne devrait-il pas suffire
les décider? Mais c'est au nom de leur
pre conservation qu'on doit les engager à
les nourrir elles-mêmes ; et les accidens qu'on
voit survenir chez celles qui n'ont point al-
laité, les leucorrhées, les squirrhes des ma-
melles, les affections organiques de l'utérus
l'aliénation mentale, la mort prématurée,
comparés avec la santé parfaite et la longue
carrière de celles qui ont accompli le vœu
de la nature, devraient enfin leur ouvrir les
yeux. La génération est une fonction d'une
si haute importance, que la nature, pour la
favoriser, semble quelquefois s'écarter de la
route ordinaire. Ainsi nous voyons les ma-
ladies chroniques ralentir leur marche pen-
dant la gestation, et les maladies aiguës res-
pecter les femmes qui allaitent. MORTON a
observé plusieurs fois qué des personnes
soupçonnées de phthisie pulmonaire, à cause
de leur extrême faiblesse, ont vu leur santé
se rétablir, et leur constitution s'affermir
pendant l'allaitement; et l'on s'explique fa-
cilement cette amélioration inespérée par le
régime auquel elles ont dû s'assujétir.

L'ordre de la nature est que toutes les mères nourrissent leurs enfans; il est également dans cet ordre qu'elles leur donnent

physique.

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à téter dès qu'ils sont nés. Le premier lait Education colostrum), séreux et peu chargé de parties butireuses et caseuses, est ce qui convient le mieux pour favoriser l'expulsion du méconium. Il existe d'ailleurs entre le lait de la mère et les humeurs de l'enfant une merveilleuse harmonie de composition, d'où il résulte que rien ne peut remplacer cette liqueur bienfaisante. Peu consistante dans les premiers jours de la vie, on le voit peu à peu acquérir plus de densité, à mesure que l'enfant se développe, et jusqu'à l'époque où l'apparition des dents vient annoncer que son estomac peut supporter des alimens d'un autre genre. Mais quels que soient les avantages du lait maternel, il faut bien se garder d'en gorger les enfans outre mesure, vertu de ce proverbe ridicule autant que mal fondé : Enfant bien rendant, enfant bien venant. En effet, dès qu'un enfant crie, on se hâte de lui présenter le mamelon; s'il le refuse, on le lui met dans la bouche en même temps qu'on lui applique le nez contre le sein, de sorte qu'il est forcé de téter, sous peine d'être étouffé. Qu'arrive-t-il alors? Ou bien la nature, sans cesse occupée à réparer nos fautes, provoque des vomissemens qui expulsent l'excédent du lait, ou bien c'est une diarrhée qui en débarrasse l'enfant ; mais

en

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