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Reed. Dec. 15, 1873,

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AVERTISSEMENT

DE LA SECONDE EDITION

Il eût sans doute été préférable de ne donner cours à rette seconde édition qu'au moment prochain, j'espère, ой je pourrai joindre au tableau du règne de Constantin l'histoire aussi instructive, quoique moins brillante, de ses successeurs; mais l'accueil bienveillant fait par le public à cette première partie de la tâche que je me suis proposée, ne me permet pas d'attendre que les études indispensables pour l'achèvement de la seconde soient entièrement terminées.

Bien que le peu de temps qui s'est écoulé ne m'ait pas permis de faire à mon travail des changements très-considérables, j'ai cependant essayé, comme je m'y étais engagé dans l'avertissement précédent, de faire droit aux critiques qui m'ont paru fondées. C'est dans cette pensée que j'ai éclairci avec soin certains passages qui avaient pu donner lieu soit à de justes observations, soit à des méprises auxquelles j'étais loin de m'attendre.

Ce n'est point mon intention de répondre ici aux polémiques si diverses, faites au nom de tant de principes différents que ce livre a suscitées; un livre doit se défendre luimême, et les apologies d'auteur fatiguent le lecteur sans l'instruire. Parmi les reproches de toute nature qui m'ont été adressés, il en est, d'ailleurs, dont je m'honore, bien loin d'être tenté de les repousser. Je ne me défendrai point, par exemple, d'avoir raconté les débuts du christianisme sous l'empire d'un profond dévouement pour la cause de l'Église. Contre d'autres critiques, je ne me défendrai pas davantage d'avoir essayé de porter dans des études d'histoire religieuse, les habitudes et les procédés propres à l'esprit des temps modernes, et d'avoir parlé, le plus qu'il m'a été possible, la langue commune de mes contemporains. Je pense, au contraire, que c'est là l'utilité même du livre, s'il en a quelqu'une, comme ont bien voulu me l'assurer des juges très-compétents et très-orthodoxes. Si l'histoire, en effet, est toujours à recommencer, c'est que les mêmes faits sont aperçus et doivent être racontés différemment, suivant les connaissances et les lumières du temps, et des auditeurs auxquels on s'adresse. L'histoire ecclésiastique, malgré l'inviolable autorité qui la consacre, n'échappe point complétement à cette condition commune. Elle est, comme l'Église elle-même, divine et humaine tout ensemble, descendant du ciel et passant sur la terre, c'est-à-dire que le fonds en est inaltérable, mais que la forme des récits peut changer. Il n'y a pas deux manières, assurément, d'exposer les dogmes et d'adorer les miracles: mais on peut envisager sous un nouveau jour le caractère des hommes qui

ont combattu ou servi la cause du christianisme et les événements politiques auxquels ils se sont trouvés mêlés. Un fidèle d'aujourd'hui peut donc raconter l'histoire de l'Église avec une piété aussi soumise, mais avec des vues plus étendues et sur un autre ton qu'un chroniqueur du moyen âge, écrivant au fond du couvent. Invariable dans sa doctrine, la vérité chrétienne a des paroles pour tous les temps comme pour toutes les âmes. Dieu nous a fait naître aujourd'hui et non il y a des siècles: il nous a faits français et chrétiens, je ne vois rien d'incompatible entre les divers biens qu'il nous donne et les divers devoirs qu'il nous impose, et rien ne me ravira l'espérance de servir, dans mes écrits, par un même et trop faible effort, ma foi, mon temps et mon pays.

Juillet 1857.

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