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relatifs à l'astronomie et aux mathématiques. Dès lors, il n'interrompit plus ce genre de publications. Je ne saurais en donner ici la liste. Qu'on me permette cependant de rappeler que j'ai analysé plusieurs d'entre elles dans mes Bulletins d'Histoire des Mathématiques. Au surplus, la Bibliographie complète des travaux de Suter a été publiée dans les ABHANDLUNGEN ZUR GESCHICHTE DER NATURWISSEN SCHAFTEN UND DER MEDIZIN (1).

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Extrait de la Biographie Nationale, publiée par l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, t. XXIII, col. 526-533. = 1921-24

JEAN STADE

PAR

HENRI BOSMANS, S. J.

STADE (Jean), mathématicien, astronome et érudit, né à Loenhout, le 1 mai 1527, mort à Paris, le 17 juin 1579. Nous savons assez peu de chose des années de sa jeunesse. Il nous apprend lui-même, en plusieurs endroits de ses ouvrages, qu'il voyagea beaucoup. C'est ainsi qu'en 1554, par exemple, époque où il commença à travailler à ses Tabulae Bergenses, il quitta Anvers le 18 août, par un jour de tempête, pour se rendre à Turin. Voici quelques dates qui permettent de le suivre un peu dans ses déplacements. En 1556, il dédie de Bruxelles, à Philippe II, la première édition de ses Ephémérides. Nous le retrouvons, dans la même ville, en mars 1558, et il y est encore le 12 mars de l'année suivante, jour où il y observe une conjonction de Mercure et de Vénus. En 1559, il visite Paris pour la première fois.

Dès lors, Stade commence à devenir célèbre. Sa réputation naissante lui vaut bientôt l'honneur d'attirer l'attention de Robert de Berghes, prince-évêque de Liége. Ce prélat, désireux de relever le niveau des études dans ses États, l'at

tache à son service et le décide à se fixer dans sa ville épiscopale. C'est du palais du prince-évêque que, le 29 janvier 1560, il signe la dédicace des Tabulae Bergenses. Vers la même époque, il fait plusieurs voyages à Cologne, probablement dans le but d'y surveiller la publication de ses ouvrages qui s'imprimaient chez les héritiers d'Arnould Birckman.

Combien de temps notre savant restat-il à Liége? Je ne saurais le dire; mais, des 1563, on le retrouve de nouveau à Bruxelles, en correspondance littéraire avec le chanoine Pighius, secrétaire de Granvelle. Trois ans plus tard, en 1566, paraît la première édition du Florus. Le titre de l'ouvrage nous apprend que l'auteur est alors professeur de mathématiques et d'histoire à l'Université de Louvain. La dédicace de la troisième édition des Ephémérides est datée d'Anvers, le 30 août 1570. Enfin, nous possédons une lettre de Stade à Auger de Boesbeke écrite de Bruges, le 19 janvier 1574; il travaillait alors dans cette ville pour le graveur Hubert Goltzius.

En 1576, la chaire fondée par Pierre

de la Ramée au Collège de France fut mise au concours. Deux candidats se présentèrent Stade et Maurice Bressieu. L'examen eut lieu à Paris, chez le premier président de Thou. Les concurrents subirent l'épreuve avec un tel succès que tous deux furent jugés dignes du prix; mais la place fut néanmoins donnée à Bressieu. Stade avait déployé en cette circonstance tant de talent et d'érudition, que l'Université résolut de ne pas se priver de ses services et le nomma à une autre chaire. Henri III confirma l'élection et accorda au nouveau titulaire les appointements des professeurs royaux.

On le voit, en son vivant, Stade jouit de la réputation d'un savant des plus distingués; mais, pour sa gloire, il se laissa trop souvent égarer par des rêveries astrologiques. Emule de Maurice Bressieu à Paris, successeur de Gemma Frisius dans la chaire de mathématiques de l'Université de Louvain, prédécesseur d'Adrien Romain dans la même chaire, les contemporains le tinrent pour l'égal de ces illustres maîtres. Comme professeur, il les valait peutêtre, mais ses écrits sont inférieurs aux leurs. Ils manquent d'originalité. Stade fut un érudit, ce ne fut pas un esprit créateur aux conceptions neuves et brillantes. Voici la bibliographie de ses œuvres. Les exemplaires étant souvent devenus rares, j'indique ceux dont je me suis servi; j'ai le regret de devoir ajouter que ceux de l'Université de Louvain ont péri dans l'incendie de la Bibliothèque.

1o Tabulae Bergenses aequabilis et adparentis motus orbium coelestium. Ad illustrissimum reverendissimumque principem D. Robertum De Bergis, Leodii episcopum.... quae decem canonibus ad omnium saeculorum memoriam planetarum et siderum vera loca, ante Christum et retro... suppeditant. Item de fixis stellis Commentarius, quo perpetua loca illarum demonstrantur, et ortus et occasus earundem ad quodlibet clima, tum ex eisdem calamitatis, sterilitatis, valetudinis anniversariæ, et geniturarum praenotiones minime aberrantes edocentur. Opus astronomis, astro

logis, medicis.... necessarium. (Petit portrait de Stade, à l'âge de trente-deux ans.) Coloniae Agrippinae. Apud haeredes Arnoldi Birckmanni.... 1560. (Bibl. royale de Belgique; Univ. de Louvain.) Les Tabulae Bergenses furent baptisées de ce nom, par Stade, en l'honneur de son protecteur Robert de Berghes, évêque de Liége. C'est de tous les ouvrages de l'auteur, celui qui a contribué, avec le plus de raison, à sa réputation. Delambre, en l'analysant dans son Histoire de l'Astronomie du Moyen-Age (Paris, Courcier, 1819, p. 447-449), porte cependant sur lui un jugement peu flatteur : Au total, dit-il, c'est encore un

ouvrage devenu tout à fait inutile. D'accord, pourvu bien entendu que l'on se place au point de vue de Delambre, c'est-à-dire à celui d'un astronome des premières années du XIXe siècle. En 1560, au contraire, quand les Tabulae Bergenses parurent, elles étaient loin d'être dénuées de mérite. Stade en gâte cependant les meilleurs passages par des considérations astrologiques; ridicule qu'il partageait, pour son excuse, avec les astronomes les plus en vue de son temps. A signaler notamment, comme présentant de l'intérêt pour la date où elles furent écrites, les vingtcinq pages d'introduction dans lesquelles l'auteur résume l'histoire de l'astronomie. Il faut remarquer aussi à l'honneur de Stade qu'il s'est rallié franchement an système de Copernic.

20 Ephemerides novae et exactæ Ioannis Stadii Leonnouthesii. Ab anno 1554, ad annum 1570. Ad divum Philippum Hispaniarum, Angliae, Franciae, Neapolis, Hierusalem et Siciliae Regem.... Ad longitudinem Andoverpiae emporii longe nobilissimi. Coloniae Agrippinae. Apud Haeredes Arnoldi Birckmanni. Anno M.D.LVI. (Musée Plantin.)

L'ouvrage a été plusieurs fois réédité avec des modifications, dont les principales sont annoncées au titre. Ephemerides nova et auctæ.... Ab anno 1554. ad annum 1576. Ad dirum Philippum Austrium, Regum maximum, invictissimumque D. Caroli Q. Cæs. filium, fidei defensorem.... Ad longitudinem Andover

piae emporii longe nobilissimi. Nunc omnia pleniora et emendatiora quam olim.... Coloniae Agrippinae, comme ci-dessus, M.D.LX. (Univ. de Louvain.)

Ephemerides novae, auctae et repurgatae Ioannis Stadii Leonout hensis... Secundum Antverpiae longitudinem. Ab anno 1554. usque ad annum 1600. Coloniae Agrippinae, comme ci-dessus, M.D.LXX. (Bibl. royale, Obs. d'Uccle.)

La comparaison des titres de ces trois éditions ne manque pas de piquant. Philippe II est pompeusement qualifié, dans la première, de roi d'Espagne, d'Angleterre, de France, de Naples, de Jérusalem et de Sicile. Dans la suivante, il n'est plus que Philippe d'Autriche, très grand roi, fils de César CharlesQuint, défenseur de la foi. Dans la troisième, son nom est omis. Stade n'était cependant pas encore professeur au collège de France.

Les dédicaces varient. Dans les deux premières éditions, elles sont à Philippe II, datées de Bruxelles et du 13 août 1556; celle de la troisième édition est à l'adresse de Lazare Schuendius, baron de Lantzberg, datée de nouveau de Bruxelles et du 29 septembre 1570.

Ephemerides Ioannis Stadii Leononthesii Mathematici, secundum Antwerpiae longitudinem, ab Anno 1554, ad annum 1606. Iam recens ab Auctore aucta : adiecto quoque Canone Sinuum, vel Semissium rectarum, in circulo subtensarum, eodem Auctore. Coloniae Agrippinae. Apud Haeredes Arnoldi Birckmanni. Anno M.D.LXXXI. Bibl. royale, Univ. de Louvain.) En 1581, Stade était mort. Cette édition est due aux soins de son fils Jérome, qui la dédia au landgrave astronome Guillaume IV de Hesse, et supprima les dédicaces mises par son père en tête des trois premières éditions. Entre autres additions intéressantes, on remarque d'abord une épitaphe de Jean Stade, donnant pour sa mort, faute étrange en pareille place, une date erronée; puis une table de Sinus, calculée au rayon 60 et en division sexagésimale de ce rayon. Dès 1581, le système retardait. A la décharge de Stade, n'oublions pas que le choix malheureux de ces

tables est le fait de son fils; Giuntini
fut heureusement inspiré en les omet-
tant dans l'édition de 1585.

Ephemerides Ioannis Stadii Leonouthen-
sis, Mathematici celeberrimi, secundum
Antverpiae longitudinem ex tabulis Pru-
tenicis supputatæ ab anno 1583. usque ad
annum 1606.... Quibus schemata et præ-
dictiones annorum mundi et eclipsium lu-
minarium accesserunt, auctore Francisco
Iunctino Florentino... Lugduni. In off.
Q. Philip. Tinghi, Florent. Apud Sym-
phoranium Beraud et Stephanum Mi-
chaelem. M.D.LXXXV. (Coll. de la
Comp. de Jésus à Louvain.) Si Giuntini
ne remanie pas beaucoup, il est vrai, le
texte même des éditions précédentes, il a
le tort d'y faire de nombreuses additions,
qui accentuent le défaut principal de
l'ouvrage, c'est-à-dire son caractère plus.
astrologique qu'astronomique. Ceci nous
dispense d'examiner si le reproche d'in-
exactitude, qu'au dire de Giuntini,
Magini adressait aux Ephémérides de
Stade, est fondé. Magini était lui-même
un fervent de l'astrologie. Qu'importe
l'exactitude des tables dont faisaient.
usage des astrologues?

Toutes les éditions des Ephémérides de Stade renferment une intéressante lettre à l'auteur, écrite de Louvain par le célèbre Gemma Frisius, professeur à l'Université de cette ville. Elle est datée du 20 février 1555.

D'après le Catalogue des ouvrages d'astronomie et de météorologie qui se trourent dans les principales bibliothèques de la Belgique, par Houzeau (Bruxelles, Hayez, 1878, p. 188), les Ephémérides auraient eu, en outre, une édition à Cologne en 1591, dont l'Université de Louvain posséderait un exemplaire. Ce dernier renseignement est inexact; l'exemplaire de Louvain, comme celui de la Bibliothèque royale, porte la date de 1581; nous venons de les mentionner ci-dessus. Au surplus, l'existence d'une ne me paraît pas édition de 1591 prouvée.

30 Petri Rami professoris regii Arithmeticae libri duo. A Jo. Stadio, Regio et Ramene professionis Mathematico, recogniti et illustrati. Parisiis. Apud Dyoni

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