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LITTÉRAIRE

DE

GENEVE.

PAR

JEAN SENEBIER,

Miniftre du St. Évangile & Bibliothécaire
de la République.

TOME

PREMIER.

A GENEVE,

Chez BARDE, MANGET & COMPAGNIE,
Imprimeurs Libraires.

M. DC C. LXXXV I.

Henryson

3 Vols.

Ref. - Stacks Grafton 8-13.36 32341

PREFACE.

POURQUOI

OURQUOI cet ouvrage eft-il fait de cette façon ? Pourquoi certaines idées y font-elles fi fréquentes ? Pourquoi cette maniere de préfenter les objets? Pourquoi....? Sans-doute le Public eft en droit de faire toutes ces queftions un ouvrage qu'on lui donne devient une propriété qu'il peut traiter à fa fantaisie; mais l'Auteur qui ne peut répondre à ces critiques, parce qu'il n'eft pas toujours à portée de les entendre, est obligé de les prévenir par une expofition naïve de fes vues

&

par la peinture vraie des motifs qui l'ont engagé à travailler.

Une Hiftoire littéraire peut fe borner à quelques détails fur les opinions des

Savans qu'elle peint, ou à quelques notes particulieres fur les Livres qu'elle fait connoître, fur leurs éditions, leur mérite & leur rareté ; tantôt elle s'occupera des controverfes qui ont agité la République des Lettres, quelquefois elle fixera l'influence des Ecrivains fur leur fiecle & la fcience qu'ils ont cultivée. En général, l'Histoire littéraire semble détacher plus particuliérement l'homme de la fociété ; elle l'ifole dans fon cabinet, & ne le montre que dans fes rapports avec le systême de nos idées & la perfection de l'efprit-humain. Je me fuis bien propofé toutes ces vues mais je n'ai pas voulu qu'elles fuffent uniquement l'objet de mon travail. Non, je n'ai pas feulement écrit pour ceux qui n'aiment que l'Hiftoire littéraire, j'ai voulu que ce Livre fortifiât le goût de mes Concitoyens pour les fciences & qu'il produisît dans

GENEVE beaucoup de Savans pareils à ceux dont j'ai parlé.

Je fais bien que, quoique GENEVE ait une existence plus réelle dans la République des Lettres que dans le fyftême politique de l'Europe, fon Hiftoire littéraire eft cependant fi bornée intéreffer qu'elle ne peut gueres que les plus avides des Littérateurs ou les Genevois pour qui je l'ai faite.

Je fuis encore très-convaincu que je n'ai ni l'éloquence ni l'originalité propres à fixer les regards des étrangers fur des faits particuliers à notre République. Je fuis, par conféquent, bien perfuadé que je ne puis prétendre à des fuffrages qui pourroient flatter mon amour-propre, ni à la célébrité dont l'espoir amuse fi fort l'imagination. Je ne me fuis pas même caché les petites tracafferies que cette Hiftoire pourroit m'occafionner, quoique j'aie

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